Cours "oasis" : comment repenser les cours de récréation face aux fortes chaleurs ?

Il a fait anormalement chaud pour la saison ces derniers jours partout en France et nos enfants passent beaucoup de temps en récréation, dans des cours parfois inadaptées au réchauffement climatique. Amélia Matar s'intéresse aux cours dites "oasis".

Article rédigé par Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Aménagement d'une cour "oasis", à Toulouse. (MATTHIEU RONDEL / AFP)
Aménagement d'une cour "oasis", à Toulouse. (MATTHIEU RONDEL / AFP)

Les cours "oasis" sont des nouvelles cours de récréation qui cherchent à répondre aux problématiques environnementales actuelles, et en partiuclier au réchauffement climatique. Elles existent déjà à Paris et dans plusieurs villes en régions.

D’ici la fin du siècle, Météo France prévoit 10 à 25 jours de canicule par an, et une hausse des températures moyennes de 1 à 4 C°. Or à Paris, par exemple, les cours d’école représentent plus de 70 hectares de surfaces minérales, souvent bitumées, imperméables, sans ombre. De véritables radiateurs à ciel ouvert.

Espaces importants dans la vie des enfants

La cour, c’est un terrain de jeux, un lieu d’expérimentation, de socialisation, d’observation du monde. Et c’est aussi parfois un terrain d’inégalités : les conflits se concentrent là, tout comme certaines formes d’exclusion. C’est pour cette raison que la Ville de Paris a lancé en 2017 un projet ambitieux : les cours "oasis". L’idée est de transformer ces espaces asphaltés en îlots de fraîcheur urbains, pensés pour le bien-être des enfants et pour la résilience climatique.

Il s'agit de repenser entièrement ces espaces, en commençant par retirer le bitume au profit de la terre, des copeaux végétaux et du bois. Ensuite, on végétalise : plantations d’arbres, de vivaces, création de potagers, murs végétalisés, etc. Le mobilier est aussi repensé pour favoriser le jeu collectif et l’inclusion, avec des cabanes, des gradins, des coins calmes, des parcours sensoriels. On introduit de l’eau, de l’ombre et, surtout, on implique les enfants.

Dès la conception, ces derniers sont consultés, et certains participent ensuite aux chantiers pour planter un arbre, poser des copeaux, ou peindre un banc. Les coûts d’un tel projet sont très variables : de 60 € à 250 € du mètre carré, selon le lieu et le type de travaux à prévoir.

Des effets mesurés et des projets mobilisateurs

Un rapport d’évaluation mené par Sciences Po a observé les effets dans une trentaine d’écoles. On assiste à une baisse des conflits, une augmentation de la mixité de genre dans les jeux, un usage plus varié des espaces, et un retour au vivant : les enfants observent les insectes, plantent des graines, arrosent, prennent soin. Sans y paraître, ces cours sont aussi des espaces politiques. Une dimension que connaît bien Pauline Szwed, paysagiste conceptrice de l’agence Cittanova-Sinopia, spécialiste des cours oasis. Elle explique que de tels projets requièrent la mobilisation d'un grand nombre d'acteurs, notamment institutionnels.

Toulouse compte déjà 64 cours oasis, et en prévoit 70 de plus d’ici 2026. À Tours, Bordeaux, dans des villages aussi… Partout, on assiste à une sorte de révolution silencieuse dans les cours d’école. Et ce n’est que le début : à Paris, l’objectif est d’en créer 360 nouvelles d’ici 2030. Certaines de ces cours sont accessibles hors temps scolaire, et c’est l’une des forces du dispositif. Elles deviennent de véritables refuges climatiques, en ouvrant le samedi, parfois en lien avec le Plan canicule, pour accueillir les personnes vulnérables. D’autres servent à organiser des activités associatives ou familiales.

Si nous voulons bâtir des villes plus justes, plus résilientes, plus douces, il faut peut-être commencer par là : quelques plantes, un peu d’eau, des copeaux de bois et des enfants qui courent, librement, dans un coin de nature.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.