Classes dehors : qu'apportent les cours au grand air ?

Une démarche pédagogique simple… et en plein essor

La "classe dehors" est un concept qui se développe de plus en plus en France, notamment suite à la crise sanitaire du covid, et qui consiste, à faire classe à l’extérieur.

Il s’agit d’une véritable démarche pédagogique, pensée comme telle. Et le principe est on ne peut plus simple : l’enseignant qui s’engage dans la démarche sort régulièrement ses élèves, petits ou grands, dans un environnement extérieur, urbain ou naturel, pour proposer un enseignement directement en lien avec le milieu exploré par les élèves.

Toutes les matières y sont abordées : mathématiques, français, sciences, etc., mais d’une manière moins formelle, plus libre, très différente de l’expérience vécue assis sur un banc d’école face au tableau noir.

Une idée… qui ne date pas d’hier

Tous les enseignants du monde ressentent depuis toujours ce besoin naturel de l’enfant de sortir quand il fait beau. 

Dans les années 1920 déjà, le célèbre pédagogue français Célestin Freinet défendait l’apprentissage hors de la classe. Il instaure ce qu’il appelle la “classe promenade” : un après-midi par semaine, il emmène ses élèves en balade autour de l’école et les invite à observer la nature mais aussi les métiers locaux, et à faire le lien avec les apprentissages vus en classe.

En Allemagne aussi, ces apprentissages ont le vent en poupe depuis de nombreuses années déjà. Le pays dénombre de très nombreux Waldkindergarten (jardins d’enfants forestiers) qui inspirent de nombreuses initiatives similaires un peu partout en Europe… En France également.

Pas seulement pour les petits

C’est vrai que la plupart des initiatives concernent des élèves de l’élémentaire, mais on relève aussi des expériences avec des élèves plus grands.
Des profs de géographie, par exemple, amènent leurs élèves pratiquer la géo in situ, matière qui s’y prête particulièrement bien.

Autre exemple : cette professeur de français au lycée qui a instauré des cours d’écriture en plein air. Elle observe que ce cadre non conventionnel est plus propice à la créativité, notamment pour les élèves les plus réservés.

Quels bénéfices ?

La classe dehors permet d’abord d’aborder les apprentissages de manière plus ludique.
Un exemple en maths, au CP : par binômes, les élèves font 100 pas en ramassant un élément du sol à chaque dizaine, puis comparent la distance parcourue pour discuter de la taille de leurs pas. Ensuite, ils relèvent le défi, en petits groupes, de parcourir ensemble la même distance de 100 pas, travaillant ainsi la coopération et la suite numérique.

Sur ces aspects purement académiques, il s’avère que les élèves apprennent mieux. Une vaste étude menée en 2019 confirme que les expériences éducatives en plein air aident à ancrer les apprentissages.

Dehors, les élèves semblent aussi plus attentifs, plus concentrés. Visiblement, écouter le chant des oiseaux, le vent dans les feuilles, ou observer la vie des insectes repose le cerveau des enfants, plus disponibles ensuite pour apprendre efficacement.

Roseline, enseignante de grande section dans l'Essonne, ne regrette pas une seule seconde d’avoir franchi le pas. Elle témoigne de la grande motivation de ses élèves pour cette modalité éducative.

Des freins encore présents… mais des ressources existent

La classe dehors n’est pas toujours simple à mettre en place. Beaucoup d’enseignants hésitent par manque de formation : ils ne savent pas comment adapter leurs leçons à l’extérieur, entre apprentissage et gestion d’un groupe en terrain ouvert.

Pour les accompagner, des réseaux comme classe-dehors.org ou l’association FRENE mettent à disposition des fiches d’activités, des retours d’expérience, des formations pour réussir ce projet éducatif de plus en plus plébiscité.

En mai 2025, une proposition de loi a même été déposée pour inscrire la classe dehors dans le Code de l’Éducation, avec la création d’un réseau national de formateurs.

Il y a donc une volonté institutionnelle de faire entrer cet enseignement en plein air dans notre système scolaire.

Comme le dit très justement l’écrivain Anatole France :

“Nous vivons trop dans les livres et pas assez dans la nature.”

Anatole France

Et c’est probablement tout aussi vrai pour les enfants !