Usages numériques des enfants : parents et gouvernements partagent leurs dilemmes

La question du temps consacré par les enfants aux écrans (tablettes, smartphones, ordinateurs mais aussi jeux vidéo) est devenue un sujet politique.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Plutôt qu'interdire l'usage des appareils numériques, il vaut mieux les accompagner dans l'apprentissage des bienfaits et des risques de ces outils. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)
Plutôt qu'interdire l'usage des appareils numériques, il vaut mieux les accompagner dans l'apprentissage des bienfaits et des risques de ces outils. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)

Longtemps considérée comme relevant de la seule éducation parentale, la consommation de services numériques par les enfants et adolescents est désormais un sujet inscrit à l’ordre du jour des réunions intergouvernementales. En France, depuis juillet 2023 une loi fixe la majorité numérique à 15 ans. Ce qui signifie qu’une personne de moins de 15 ans ne peut pas, en principe, s’inscrire sur un réseau social sans qu’au moins l’un de ses parents ait exprimé son accord.

Toutefois, l’application de cette loi attend que le règlement européen consacré aux services numériques, le Digital Services Act (DSA) impose aux plateformes le principe du contrôle de l’âge des personnes souhaitant ouvrir un compte. Dans son entretien télévisé du 13 mai 2025, le président Emmanuel Macron a rappelé qu’il faisait de cette limite d’âge une priorité.

C’est donc un sujet qu’il devra pousser au niveau de ses homologues européens.

Des vies enfantines hautement numériques

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rassemble une quarantaine de pays parmi les plus développés au monde. Elle vient de publier ce 15 mai 2025 une étude internationale consacrée à la vie des enfants à l’ère numérique. Il en résulte que dans les États membres de l’OCDE, 96% en moyenne des jeunes de 15 ans disposent chez eux d’un ordinateur ou d’une tablette. Et que 98% sont dotés d’un smartphone connecté à Internet.

La moitié au moins de ces jeunes passent chaque semaine 30 heures, sinon davantage, sur ces appareils. Une minorité, ils sont 10% au Japon et 43% en Lettonie, admettent y consacrer 60 heures ou plus.

Des effets bénéfiques mais pas seulement

Une organisation comme l’OCDE est connue pour valoriser l’économie de marché et les échanges commerciaux et ne peut être suspectée d’être technophobe.

Toutefois, son rapport établit une analyse lucide de la situation : si ces technologies peuvent certainement favoriser l’apprentissage, améliorer l’analyse des données médicales et ouvrir plus largement l’accès à la connaissance, il ne dissimule pas les effets de bord pouvant être causés par cette intensification de la présence des technologies de l’information dans le quotidien.

Il mentionne, par exemple avec l’emploi de la réalité virtuelle, des risques qui vont du mal des transports, à la sécheresse oculaire en passant par la confusion du réel et du virtuel pour les jeunes enfants.

Miser sur l'éducation des utilisateurs et des parents

L’interdiction pure et simple des appareils n’est pas l’option recommandée.

Il faut donner les moyens aux parents de comprendre leurs modalités de fonctionnement, les risques encourus et l’impact des technologies afin qu’ils puissent encadrer les usages et les accompagner au sein de la famille. Et ne pas laisser aux enfants le paramétrage de leurs équipements numériques.

Tandis qu’il revient aux gouvernements d’obtenir des multinationales la mise en place effective de dispositifs de protection des moins de 15 ans.

Une fois de plus, c’est par un renforcement des connaissances de chacun que l’on améliore la protection de tous.

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