Quel avenir pour nos données personnelles, dans un monde avide d’informations numérisées ?

Les commissaires français à la protection des données de la CNIL publient leur Plan stratégique 2025-2028, alors que les géants mondiaux de la tech cherchent à exploiter le maximum d'informations personnelles.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Commission nationale informatique et liberté est chargée de s'assurer de la conformité des usages numériques à la réglementation sur la protection des données personnelles. (TIMON SCHNEIDER / MAXPPP)
La Commission nationale informatique et liberté est chargée de s'assurer de la conformité des usages numériques à la réglementation sur la protection des données personnelles. (TIMON SCHNEIDER / MAXPPP)

Les conglomérats de la tech annoncent des investissements en milliards de dollars dans l’intelligence artificielle. Au-delà de l’argent, il y a un autre matériau très recherché dans ce domaine, ce sont les données.

Ce terme de "données" revêt des réalités très différentes. Ce sont des connaissances ordonnées et numérisées qui constituent les bases documentaires utilisées pour éduquer les modèles d’intelligence artificielle. Afin que les algorithmes formulent des réponses pertinentes sous forme de textes, d’images ou de vidéos.

Ainsi, ces dernières semaines, des médias comme l’Agence France Presse avec Mistral AI ou Le Monde avec OpenAI ont signé des accords afin que leurs publications participent à l’entraînement de ces grands modèles de langage (LLM).

Les particuliers sont également concernés

Nous sommes tous des producteurs de données. Il s’agit par exemple des traces numériques que laisse chacune de nos consultations en ligne, les messages que nous échangeons, la géolocalisation de nos déplacements, nos achats sur Internet, les captations de nos objets connectés, nos interactions sur les réseaux sociaux, etc.

L’ensemble de ces informations, si elles sont compilées et associées à un individu, est de nature à caractériser ses goûts, ses opinions, son état d’esprit et même son état de santé. Cela peut donc se révéler particulièrement intrusif au regard de notre vie privée.

Des commissaires chargés d'encadrer la protection des données

Depuis 1978, la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) est chargée de s'assurer de la conformité des usages numériques à la réglementation sur la protection des données personnelles. Elle veille à l’équilibre entre le respect des droits fondamentaux et la prise en compte de l’innovation technologique, qui n’est pas problématique par nature.

La CNIL vient de publier son plan stratégique pour les années 2025-2028. C’est une lecture intéressante car cette Commission est composée d’un collège de 18 personnes issues d’expertises diverses : universitaires, parlementaires, magistrats, informaticiens, professionnels du secteur privé.

Des priorités pour les trois ans à venir

Avec la multitude de questions que posent les évolutions technologiques, la CNIL et ses 300 agents ont fait des choix. Ses axes prioritaires sont :

  • la protection des mineurs dans l’univers numérique,
  • le renforcement du rôle de chacun dans la cybersécurité collective en formant et responsabilisant les utilisateurs,
  • l’élaboration de systèmes d’identité numérique respectant la vie privée,
  • la promotion d’une intelligence artificielle éthique et respectueuse des droits.

Face à une Amérique et une Asie qui dérégulent volontiers, la France et l’Europe devront désormais arbitrer entre un cadre juridique suffisamment protecteur des droits des individus mais qui ne doit pas empêcher l’émergence et le développement d’activités innovantes.

C’est un équilibre difficile à atteindre, et qui nous concerne tous, en tant que consommateur ou producteur de ces solutions technologiques.

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