Arrêt de la modération et primes financières pour les contenus les plus viraux : Facebook risque de favoriser la désinformation organisée
L'allègement par les grandes plateformes des mesures de supervision des publications en ligne facilitera la propagation automatisée de fausses nouvelles. Une activité qui, selon les analystes de Viginum, cible déjà la France.
"Cela va faire de la bonne télé". Ce sont les mots de Donald Trump face aux caméras après la mise en cause brutale du président ukrainien. Cette séquence outrancière, délibérément conduite en direct, semble avoir été mise en scène pour être diffusée et reprise sur les médias en ligne. Le cadre du Bureau ovale, les gestes, le ton et les propos : tout est réuni pour en faire un sujet de diffusion, de partage et de commentaires sur les réseaux sociaux. Elle contribue à attiser les tensions et les divisions au sein de l’opinion publique.
Une économie de l'attention
Ces crispations sont au cœur de l’économie de l’attention, qui fonde le modèle des plateformes gratuites, rémunérées par l’audience publicitaire. En adéquation avec leurs intérêts financiers, et pour se conformer aux vues du nouveau locataire de la Maison Blanche, les principaux réseaux sociaux renoncent donc largement à superviser leurs contenus.
Facebook choisit de fermer cette année ses programmes de vérification de l’information, et cesse d’interdire les publications ciblant des personnes (notamment) sur la base de leur race, de leur appartenance ethnique ou de leur identité sexuelle. Alors même que depuis 2019 ses conditions générales d’utilisation établissaient que les "discours haineux peuvent promouvoir la violence hors ligne", cet avertissement vient d’être retiré de la mise à jour de ses nouvelles règles.
Prime financière aux contenus les plus viraux
Facebook annonce la réactivation de son programme de monétisation qui favorise les contenus les plus partagés. Pour l’instant, il ne fonctionne que sur invitation mais il devrait prochainement s’ouvrir à grande échelle. On comprend l’incitation que cela représente, à produire et à faire circuler des publications qui suscitent de fortes réactions.
Le choix de Facebook d’opter seulement pour des notes rédigées par les utilisateurs pour relativiser des propos manifestement mensongers ou erronés est moins contraignant qu’une responsabilité directe de la plateforme.
Pour l’instant, l’Europe qui a adopté le Digital Services Act (DSA) a les moyens de riposter juridiquement aux campagnes de désinformation. Dès lors que les instances européennes jouent leur rôle en repérant et sanctionnant effectivement les opérations de fraude informationnelle. Situation au Moyen-Orient, guerre en Ukraine, élections en Europe : les sujets s’ajoutent et se multiplient. Viginum, le service français en charge de la protection contre les ingérences numériques étrangères a publié fin février un rapport qui documente les principaux modes opératoires informationnels qui ont ciblé notre pays au cours des 3 dernières années. Le Droit est nécessaire mais ne suffit donc pas. Il faut aussi éduquer nos concitoyens à la réalité très concrète de ce risque numérique.
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