Le rapport des jeunes au travail
Les derniers chiffres l'ont montré : les jeunes sont l'une des premières victimes du chômage. Désormais, 25,7 % des actifs de moins de 25 ans sont au chômage. Quant aux autres, ceux qui ont la chance de travailler, comment vivent-ils leurs premiers pas dans la vie professionnelle ?
La journaliste Cécile Guéret a réuni plusieurs jeunes aux
parcours très divers, autour d'un psychiatre et d'un coach en entreprise,
Jacques-Antoine Malarewicz, qui les a interrogés, explique Anne-Laure Gannac,
de Psychologies Magazine. Une rencontre pour tenter de voir au delà des clichés
très répandus au sujet des jeunes et du travail. Clichés selon lesquels ils
seraient désinvestis, impatients, particulièrement attentifs à leurs RTT...
Un bouleversement des valeurs
Le travail n'est plus la valeur numéro un. Elle passe après
la famille, voire, pour certains, après les amis et le temps pour soi. Fin
2012, une enquête menée à l'échelle européenne montrait que la vie de famille arrivait
largement en tête des préoccupations des jeunes interrogés dans ces pays, à (86
%), contre 59 % pour le travail. Mais ce n'est pas pour autant un
signe de désinvestissement ou de désintérêt pour la vie professionnelle.
On
sent, au contraire, un réel souci de travailler, d'apprendre, d'évoluer dans
son travail. Simplement, la crise, le chômage, l'instabilité du monde du
travail, cette réalité actuelle qui, au fond, est la seule qu'ils aient jamais
connu, fait d'eux des travailleurs plus lucides, moins aveuglés par le désir de
réussite, comme on a pu l'être dans les années plus prospères...
Ces
clichés sont avant tout le fruit d'une interprétation portée par la génération
précédente pour qui cette inversion des valeurs est forcément douteuse.
L'influence de la crise sur les choix professionnels
Il y a deux façons d'envisager la crise: soit comme
une source de peur, soit comme une opportunité. Donc, la posture des jeunes
dépend avant tout de leur personnalité, de leur histoire personnelle et
familiale. Mais ce que tous semblent partager, c'est la conscience de devoir
s'adapter. Il y a une telle pression, qu'ils ont dû apprendre à s'adapter, et
ont développé une souplesse qui tranche sérieusement avec leurs aînés, plus
rigides et inadaptés au changement. Mais cette souplesse et cette instabilité
permanente ne peuvent être supportées que si, par ailleurs, la stabilité
existe, donc dans la vie familiale, amicale, etc. D'où cette inversion des
valeurs.
Une frontière mince entre vie privée et professionnelle
En même temps, on sait que la frontière entre vie privée et
vie professionnelle est tenue ; et encore plus pour cette génération qui
vit avec tous les outils technologiques propices à cet envahissement permanent
du travail dans la sphère intime.
C'est le grand piège qui menace la génération Y :
rester devant l'ordinateur, accroché à son smartphone en permanence. Cependant,
tous en sont très conscients, bien plus que leurs aînés, sans doute, qui se
laissent happés facilement par des outils qu'ils maîtrisent moins bien ou moins
naturellement. Et ces aînés là, qui peuvent-être leurs parents, les jeunes les
voient faire, ils les ont vu se laisser dévorer par le travail, y compris les
week-ends. Cela les rend d'autant plus prudents. Mais ceci dit, il ne faut pas
idéaliser: les plus connectés le sont bien plus que ceux de la génération
précédente.
La hiérarchie
L'autorité n'est pas la donnée la mieux acquise et intégrée
par la jeune génération, parce que ce n'est plus une valeur évidente dans notre
société et dans l'éducation. On sent, globalement, que même s'ils ne sont pas
dans la rébellion ou le refus de la hiérarchie, cette relation au supérieur
n'est plus si claire; certains préfèrent quand les chefs les tutoient,
d'autres surtout pas et en même temps ne supportent pas la critique...
Sans leur être insupportable du tout, la hiérarchie, l'autorité, sont des
enjeux très flous, qui méritent d'être éclaircis et définis, cadrés au cas par
cas par leurs employeurs, voire si possible en collaboration avec eux ! Ce
n'est plus une évidence qui va de soi.
Le chômage
Le chômage est une menace permanente avec laquelle ils ont
appris à composer. Cela ne rend pas forcément plus figé, plus raide. D'ailleurs,
toutes les études sur le sujet révèlent que les jeunes préfèrent travailler
dans des entreprises privées plutôt que dans le public.
Ce désir d'épanouissement personnel l'emporte, malgré tout, chez des jeunes
nés à l'ère de l'individualisme. L'un des bienfaits sans doute de cette
caractéristique de notre époque c'est celui là : de ne pas vouloir faire
un métier que par sécurité, mais vouloir que cet investissement ait du sens
pour soi. Sinon, à quoi bon s'investir sachant que demain, peut-être, on
n'aura plus rien ? C'est cela, la logique qui domine. Non pas moins
investie, mais moins bercée d'illusions.
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