Rencontre entre les deux Chypre : "On est dans une impasse", estime le président de la communauté chypriote en Europe
Le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a réuni mi-mars, les parties chypriote grecque et chypriote turque à Genève pour une rencontre informelle. Evagoras Mavromatis, le président de la communauté chypriote en Europe, revient sur cette réunion.
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Le 18 mars, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a réuni à Genève les deux parties : la République de Chypre, la partie chypriote grecque, reconnue à l'international, et la République turque de Chypre Nord, la partie chypriote turque, que seule Ankara reconnaît. L'île est divisée depuis 1974, après un coup d’État de la junte des colonels grecs qui a entraîné l’intervention militaire de la Turquie qui occupe depuis la partie nord de l’île. Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas réunies, mais aujourd'hui, les choses continuent à stagner, estime Evagoras Mavromatis, le président de la communauté chypriote en Europe.
franceinfo : Quid de Chypre, les dirigeants des deux parties se sont réunis, mais pour quels résultats, il n’y avait rien ?
Evagoras Mavromatis : Comme d'habitude, et en plus, je vais dire qu'on a facilité la tâche de la Turquie avec cette réunion, parce qu’on a donné un visage de la Turquie diplomatiquement et humainement positif et ce n'est pas le cas. On a décidé de rouvrir quelques passages, de passer d’une partie à l'autre, pour que la Turquie quand elle aura décidé d’avancer, elle aura le terrain tout prêt, les ouvertures et le déminage. Il n’y avait rien d'autre, mais il faut savoir quand même que la Turquie, depuis cinq-six ans maintenant, demande deux États.
Mais elle l’a toujours demandé…
Oui, donc on est dans une impasse. Alors pourquoi se réunit-on ?
Et l'Europe dans tout ça ?
Vous savez, l’Union européenne n’a rien fait en 50 ans. Réfléchissons un petit peu, quelles sont les pressions que l’Union européenne a exercées sur la Turquie jusqu’à maintenant ? Au contraire, ils ont exercé des pressions sur nous pour accepter l'inacceptable, pour que la Turquie soit blanchie de l'occupation de Chypre. Dites-moi, est-ce que l’Europe a pris des mesures contre la Turquie ? Jamais, jamais…
Est-ce que cela veut dire que le seul allié de la République de Chypre, c'est la Grèce ?
C'est la Grèce, et dans une certaine mesure, je dirai la France.
Comment vit-on aujourd'hui quand on est chypriote, grec, de la République de Chypre, dans un pays coupé en deux où l’on ne trouve jamais de solution pour s'en sortir ?
Vous savez, il ne faut pas le cacher quand même, depuis 50 ans, on se sent menacé. On sait qu'il y a en face la Turquie, il y a 45 000 soldats, il y a 300 chars, il y a des avions, il y a tout ce qu'il faut dans la partie occupée, et en plus la Turquie est en face. On sait que la Turquie peut trouver n’importe quel jour, un prétexte pour occuper Chypre. Nous, on le sait, que la Turquie peut le faire un jour.
Qui plus est sur le territoire de la République de Chypre, on va dire le territoire grec, il y a deux bases militaires souveraines, britanniques.
Bien sûr, et vous savez, c'était quand même le paradoxe, quand l'Angleterre faisait partie de l'Union européenne, ces territoires-là, avaient un statut spécial. Les bases devaient faire partie de l'Union européenne, mais non, elles n’en faisaient pas partie, elles étaient exclues de l'Union européenne. Elles avaient un statut à part et ça, le 1er avril, c'est la fête nationale de Chypre, à l’occasion des soulèvements contre l'Empire britannique, et les bases britanniques, c'est le résultat des accords de Zurich et de Londres après l'indépendance, après le 16 août 1960. Pour moi, c'était une indépendance convoitée, à partir du moment que les Anglais possèdent des bases, ils font tout ce qu'ils veulent dans les bases. Je ne sais pas s'il y a du nucléaire, ou pas, dans ces bases, on ne le sait pas, on ne le saura jamais, on a des soupçons, bien sûr. Et l'Angleterre, depuis ces bases contrôle le Moyen-Orient.
Est-ce toujours la stagnation ?
C'est la stagnation. Je ne vois pas la Turquie accepter une solution viable. Nous, on veut un État comme l'a dit Guterres, on veut déclarer un État normal. Pour qu'il puisse exister, il faut des conditions démocratiques. Pas des conditions d'apartheid comme la Turquie le veut.
Un état pour tout Chypre ?
Mais, bien sûr, pour l'île... Comme on a vécu avant 74. Vous savez, les Chypriotes turcs, si vous leur posez la question actuellement, ils se sentent plus proches des Grecs, pas les Anatoliens.
Pourquoi ?
Ils sont 300 000, et la semaine dernière, ils ont imposé le voile dans les écoles, mais pour les Chypriotes turcs, pas question de ce genre de pratique. Ils mangeaient, ils buvaient comme nous, on vivait côte à côte, il n’y avait pas problème. Et si on discute avec les Chypriotes turcs, ils vous disent que oui, on est des victimes comme vous, nous ne sommes pas chez nous.
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