29 octobre 2023, le centenaire de la République turque, un virage pour Erdogan ?
Où va la Turquie, qui fête le centenaire de sa République ? Le journaliste et universitaire turc Armet Insel est l'invité de "Micro européen".
Focus sur la Turquie dans Micro européen, à la veille de la célébration du centenaire de la République turque, demain dimanche 29 octobre, avec Ahmet Insel, journaliste et universitaire turc.
franceinfo : Ahmet Insel, le 1er octobre dernier, au Parlement turc à Ankara, Recep Tayyip Erdogan fustigeait dans son discours l'Union européenne. Cette semaine, il prenait position en faveur du Hamas et demain, il présidera la célébration du centenaire de la République, quelle couleur donnera-t-il à cet événement ?
Ahmet Insel : La position par rapport à l'Europe était une position qui est traditionnelle désormais, mais avec la guerre avec le Hamas, effectivement, il y a eu un nouveau phénomène. Tayyip Erdogan, dans un premier temps était pris entre deux feux, parce que depuis quelques mois, il y avait un rapprochement avec Israël, et dans un premier temps, il a voulu prendre position comme intermédiaire entre le Hamas et Israël. Et la dernière semaine, il a pris totalement position du côté du Hamas.
En revanche, l'engagement de la Turquie du côté du Hamas a fait qu'une partie des cérémonies qui étaient prévues cette semaine, ont été annulées parce que Tayyip Erdogan a décrété trois jours de deuil national après le bombardement attribué aux forces israéliennes, dans un premier temps à l’hôpital de Gaza. Donc aujourd'hui, les cérémonies du 29 octobre seront précédées, et ça, c'est un fait nouveau, par une manifestation organisée par le parti d’Erdogan, avec la présence de Tayyip Erdogan à Istanbul aujourd'hui, pour le soutien au Hamas et aux Palestiniens.
Donc les cérémonies demain seront un peu dans la suite des cérémonies de soutien au Hamas. Ce qui va changer encore plus le caractère du 100ᵉ anniversaire.
Ahmet Insel, à quelle déclaration peut-on s'attendre de Recep Tayyip Erdogan demain ?
Il est très difficile de prévoir ce que peut dire Tayyip Erdogan demain. C'est quelqu'un qui joue en permanence les rapports de force et essaye de trouver une position d'équilibre. Lundi dernier, quand il a pris position et faits et cause pour le Hamas, le même jour, Tayyip Erdogan a signé l'ordonnance pour envoyer devant le Parlement turc, l'autorisation de la Suède pour son adhésion à l'OTAN. Ça, c'est Erdogan.
Il n'est pas facile de prévoir ce qu'il va dire, mais par contre probablement, il va parler de son fameux slogan "La nouvelle Turquie" qui va ouvrir ce qu'il appelle le siècle de la Turquie. Et je pense que ça va être plutôt dans cette direction-là son discours.
Concernant l'Europe, Recep Tayyip Erdogan est-il toujours influent dans les Balkans ?
Pour les Balkans, il faut voir que la présence de la Turquie profite de l'absence de la politique européenne, dans les Balkans, jusqu'à récemment. Maintenant, il y a eu une accélération de la politique d'élargissement dans les Balkans, et donc, du coup, il y a une remobilisation dans les pays candidats pour une adhésion à l'Union européenne.
Mais jusqu'à récemment, il y avait un gel, et la Turquie a beaucoup profité de ce gel, et d'absence de politique de l'Union européenne dans les Balkans, pour pouvoir se placer, notamment au Kosovo, en Albanie, et depuis 20 ans en Bosnie-Herzégovine. Donc, il y a actuellement un tiraillement dans les Balkans entre le soutien particulièrement financier, et la présence culturelle conservatrice de la Turquie, très marquante en Bosnie et au Kosovo particulièrement, et l’attrait vers l'Union européenne.
La Turquie et son "soft power" dans les Balkans, dans le Moyen Orient va être probablement une monnaie d'échange, en contrepartie de ces négociations avec le futur de l’Union européenne.
Recep Tayyip Erdogan se veut-il comme pivot entre le Moyen-Orient et l'Asie centrale ?
Oui, il veut jouer aussi le pivot avec l'Asie centrale via l'Azerbaïdjan. La Turquie veut aussi s'ouvrir vers les pays turcophones. La Turquie a signé il y a quelques jours avec le Turkménistan, une série d'accords et le Turkménistan revient dans l'Union internationale des pays turcophones. Effectivement, la Turquie essaye d'utiliser sa position géographique comme une rente stratégique pour négocier son rôle, pas de pivot majeur, ce n'est pas une puissance mondiale, mais qui veut se donner les moyens d'une puissance régionale dans un monde multipolaire.
Quel sera l'après 29 octobre 2023 ?
La Turquie est un pays qui est divisé, la moitié de la Turquie déteste Erdogan et l'autre moitié de la Turquie adore Tayyip Erdogan. Aujourd'hui, Erdogan, tout ce qu'il fait, c’est dans la perspective des élections municipales à venir, en mars 2024, parce qu'il a besoin du soutien de l'extrême droite nationaliste, du soutien des petits partis ultrareligieux, très réactionnaires. Erdogan ne dispose plus à lui seul, sans le soutien de ces partis, de la majorité, comme ce fut le cas dans les années 2000.
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