Enki Bilal : "Le XXe siècle s'est achevé en 1989"
Chaque dimanche, un invité présente l'événement d'actualité qui a changé son regard sur le monde. Aujourd'hui, le dessinateur Enki Bilal se rappelle la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989.
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L'histoire et ses soubresauts traversent toute l'oeuvre d'Enki Bilal . Mais cet événement a particulièrement marqué le dessinateur, qui est aussi scénariste et réalisateur. Le 9 novembre 1989, l'artiste a vu le Mur "partir en morceaux, ces morceaux peints, graffités, comme un puzzle qui part en lambeaux ". Il connaissait bien le Mur, pour l'avoir souvent longé, à l'est et à l'ouest : "Je le fréquentais régulièrement. J'allais souvent à Berlin. Je traversais Checkpoint Charlie pour aller ensuite à l'est ".
Très vite, à l'époque, Enki Bilal saisit l'importance de l'événement, d'autant plus qu'il est né, lui-même, dans l'ancienne Yougoslavie. Pourtant, en ce mois de novembre 1989, ses sentiments sont mêlés : "Quand j'ai vu Rostropovitch jouer du violoncelle au pied du mur effondré, j'ai partagé la liesse. Mais en même temps j'ai eu l'impression que ce monde qui s'effondrait allait laisser place à un autre monde, autrement dangereux. J'ai immédiatement pensé aux excès de celui qui avait gagné, c'est-à-dire le capitalisme (...) Tout ça a amené le siècle à finir plus tôt que prévu. C'est comme si le siècle s'était arrêté en 1989. Les dix années qui ont suivi ont préparé le 11 septembre 2001 ".
Car c'est là l'événement majeur, selon Enki Bilal. La chute du Mur n'a pas seulement fait triompher le libéralisme, elle a aussi réveillé les fondamentalismes religieux : "L'apparition du talibanisme en Afghanistan m'a fait très peur ". Le dessinateur le traduit dans son travail : "J'ai pris les intégrismes des trois monothéismes, car ils s'entendent très bien quand ils sont dans les extrêmes et ça a donné cette oeuvre un peu prémonitoire , Le Sommeil du monstre".
La Chute du Mur reste-t-elle un événement heureux ? Oui, "c'est un événement historique extraordinaire ", souligne le dessinateur qui n'oublie pas "le communisme et ses crimes ", tout en déplorant "l'inconscience, la naïveté " qui lui ont succédé.
Les albums d'Enki Bilal sont publiés chez Casterman.
Rediffusion de l'entretien du 15/12/2013
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