Pourquoi y a-t-il autant d’effets spéciaux dans le cinéma américain?
Les grosses productions d'Hollywood les multiplient en frôlant parfois l'overdose... L'explication tient en deux mots : business et sociologie.
Les effets spéciaux sont constitutifs du cinéma américain moderne, en tout cas de ce qu’on appelle les « blockbusters » : ces superproductions qui coûtent très cher et dont le résultat se compte en millions... des millions de spectateurs, et des millions de dollars de recettes.
C’est aussi une industrie à risque car le ticket d’entrée pour un film est de 150 millions de dollars, et vous risquez de ne jamais revoir votre argent. C’est autre chose que de se planter avec un petit film français : l’histoire d’un écrivain qui sort avec une dentiste et qu’il quitte pour une avocate, le tout entre le cinquième et le sixième arrondissement de Paris, et où La plus grosse cascade, c’est quand il se coupe avec un couteau à huîtres. En général de toute façon, le film a déjà obtenu l’avance sur recettes, ou/et il a été pré-financé par une chaîne de télé, donc c’est sans risque.
Mais pas de ça à Hollywood : pour ne donner qu’un seul exemple : en 2013, les studios Disney ont perdu 200 millions de dollars rien qu'avec The Lone Ranger . Mais ils ont gagné 1,5 milliard avec Avengers.
Pourquoi faire des films aussi chers?
Cela tient au mode de financement du cinéma américain, et à sa sociologie. Aux États-Unis, le système de partage des recettes d’un film est différent du nôtre. Entre les studios, et les exploitants de salles, les studios sont toujours payés en premier car ce sont eux qui prennent la majeure partie du risque. En général, le barème est le suivant : ils touchent 90 % du prix des entrées la première semaine d’exploitation, 80 % la seconde, etc. peu à peu, ce pourcentage diminue, et les salles touchent une meilleure part.
Pour le producteur, il s'agit non pas d’avoir le plus de monde possible, mais le plus de monde possible dans les premières semaines de d’exploitation. Or le public qui se déplace le plus facilement en salle sont les jeunes, et spécialement les adolescents. En conséquence de quoi, il faut faire des films pour eux, d’où cette débauche d’effets spéciaux, d’explosions en tout genre, plutôt que de huis clos intimiste tournés vers l’introspection.
Voilà pourquoi à Hollywood, chaque week-end voit la sortie d’un film à 200 millions de dollars, qui se retrouvera la semaine suivante en compétition avec un autre film à 200 millions de dollars.
Le très influent critique américain David Denby explique dans Vanity Fair : « Aujourd’hui, aucun studio hollywoodien ne peut plus se risquer à tourner de bons films. Leur modèle économique repose entièrement sur le nombre d’entrées et les bénéfices dégagés par leurs superproductions. » Jusqu’à preuve du contraire.
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