Vrai ou faux
Profil de Tyler Robinson, suppression d'une étude, ingérences étrangères… 10 jours de désinformation après l'assassinat de Charlie Kirk

Le 10 septembre, l'influenceur conservateur Charlie Kirk était tué en plein meeting. Un suspect a été interpellé deux jours plus tard. Depuis, une vague de désinformation a déferlé sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans les prises de paroles politiques.

Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Charlie Kirk, un influenceur ultra-conservateur soutien de Donald Trump, a été tué en plein meeting le 10 septembre 2025. (JOSEPH PREZIOSO / AFP)
Charlie Kirk, un influenceur ultra-conservateur soutien de Donald Trump, a été tué en plein meeting le 10 septembre 2025. (JOSEPH PREZIOSO / AFP)

Une intense désinformation inonde les réseaux sociaux et parfois les médias américains, voire français, depuis l'assassinat de Charlie Kirk, un influenceur ultra-conservateur soutien de Donald Trump de 31 ans. Il a été tué en plein meeting le 10 septembre. Deux jours plus tard, un suspect a été interpellé, Tyler Robinson, 22 ans, dont le profil et les motivations politiques n'ont pas tout de suite été révélés et sont encore très parcellaires. Depuis, de nombreuses fausses informations ou de mésinformation sont relayées.

Le profil politique de Tyler Robinson déchire les États-Unis

Aux États-Unis, deux camps s'opposent depuis l'interpellation de Tyler Robinson. Celui de Donald Trump, proche de la victime, assure que le suspect Tyler Robinson est d'extrême gauche. Ils en veulent pour preuve le fait que sa mère, républicaine et mormone, a déclaré aux enquêteurs qu'il avait récemment commencé à avoir des idées pro-LGBT et qu'il vivait avec une personne qui serait trans – l'identité de cette personne n'a pas encore été confirmée par les autorités.

À l’inverse, des sympathisants démocrates affirment que le suspect soutient Nick Fuentes, un suprémaciste blanc américain, pour qui Charlie Kirk n'était pas assez radical. Selon eux, Tyler Robinson est un "groyper", une mouvance d'extrême-droite américaine structurée autour de Nick Fuentes, car le suspect a partagé des phrases utilisées comme des mèmes par cette communauté, explique France 24. Mais, sur internet, un mème a une vie autonome. Certains peuvent les partager, sans pour autant connaître ni adhérer à sa signification pour les "groypers". Ils affirment aussi que le suspect, qui a grandi dans une famille républicaine, était au départ un soutien de Donald Trump.

Les deux camps ont détourné une photo de Tyler Robinson pour appuyer leurs positions. Certains partagent une photo de lui avec un tee-shirt pro-Trump, d'autres avec un tee-shirt pro-Kamala Harris, la candidate démocrate à la dernière présidentielle. 

Ce que l'on sait c'est que pour l'instant, le suspect ne "coopère pas" avec les enquêteurs, selon le gouverneur de l'Utah, le républicain Spencer Cox. Les éléments de l'enquête qui ont été rendus publics s'appuient sur les déclarations de ses parents, citées par les pro-Trump, et par des messages envoyés pendant sa cavale. Ils permettent de dire, pour l'instant, que le suspect avait récemment commencé à avoir "des idées de gauche", selon l'expression du gouverneur. Il a dit à ses parents, pour expliquer son acte, que "ce type propageait trop de haine". Dans sa courte cavale, le suspect a aussi échangé des messages avec la personne avec qui il vivait et lui a écrit : "J'en avais marre de sa haine. Il y a une certaine haine avec laquelle on ne peut pas négocier."

En revanche, selon les registres électoraux, Tyler Robinson n'était pas inscrit en tant que partisan du parti démocrate, il n'était pas affilié politiquement. Il n'y a aucun lien entre lui et des mouvements politiques de gauche, ni d'extrême gauche. Par ailleurs, il n'a jamais voté.

L'administration Trump supprime une étude sur la violence d'extrême droite

Depuis l'assassinat, le camp Trump martèle que "la gauche est le parti du meurtre", selon les mots d'Elon Musk. Le président américain lui-même, a déclaré que "la gauche radicale" avait contribué au meurtre de Charlie Kirk.

Ce faisant, le ministère de la Justice américain a supprimé sans rien dire une étude de son site internet qui disait exactement l'inverse, comme l'a repéré le site 404media. Ces travaux très sérieux, menés par l'Institut national de la Justice américain, montraient que l'extrême droite était le mouvement qui avait le plus tué aux États-Unis depuis les années 1990. Ils ont été archivés ici. L'administration Trump a donc supprimé une étude publique qui n'allait pas dans son sens.

Des ingérences venues de Russie, d'Iran et de Chine

Un troisième niveau de désinformation s'est ajouté et à alimenter cela, ces dix derniers jours. Selon Newsguard, une startup spécialisée dans la lutte contre la désinformation, les médias officiels de la Russie, de l'Iran et de la Chine ont mentionné plus de 6 000 fois l'assassinat de Charlie Kirk et ont lancé de fausses informations.

Selon les Russes, l'assassinat de Charlie Kirk est un coup de l'Ukraine, les Iraniens accusent Israël et les Chinois assurent que le suspect avait fait un don pour la campagne de Donald Trump. Rien de tout cela n'est prouvé et pourtant ces fausses informations sont partagées dans le monde entier.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.