:
Vrai ou faux
Les prévisionnistes manipulent-ils les cartes météo pour nous affoler sur le déclin du climat ?
Des climatosceptiques accusent les prévisionnistes d'orienter les couleurs des cartes météo pour dramatiser les épisodes de chaleur. Les spécialistes démentent et prouvent le contraire.
/2023/09/24/angelique-bouin-65102a70d0d74141634504.png)
/2025/06/24/cartemeteo-685a7792bb032777104854.jpg)
Deux départements, le Rhône et l'Isère, sont encore placés, mardi 24 juin au matin, en vigilance orange canicule, tandis que les températures s’annoncent de nouveau très élevées. Sur les réseaux sociaux, le débat enfle autour de la colorimétrie utilisée par les prévisionnistes météo. À la faveur de cette nouvelle vague de chaleur, une théorie du complot, chère aux climatosceptiques, refait surface. Selon cette idée, les prévisionnistes manipuleraient la couleur des cartes météo en accentuant le rouge lorsqu’il fait chaud. L’objectif serait de provoquer la peur pour mieux faire accepter les politiques environnementales. Une déclaration du chroniqueur Frédéric Hermel sur RMC alimente actuellement des débats houleux.
"Là, on est dans le rouge-brun. Rouge-brun, c’est la fin du monde. Je pense que ça provoque un effet de peur. On met du rouge-brun, là où on mettait du vert avant", affirme-t-il. Le député macroniste Stéphane Vojetta abonde dans le même sens. "Pour les mêmes températures, les couleurs s’assombrissent d’une année sur l’autre", a-t-il tweeté. Ces affirmations tiennent-elles la route ? Non, répondent les spécialistes. Les cartes comparatives qui circulent en ligne pour appuyer cette théorie sont souvent trompeuses. Elles mentent sur les dates, ou ne précisent pas qu’il s’agit de captures d’écran issues de médias différents, chacun ayant sa propre palette de couleurs.
Aucun sens de comparer des cartes à différentes époques
Plus fondamentalement, les couleurs utilisées sont basées sur l’écart entre les températures prévues et les normales de saison. Comme le rappelle l’agroclimatologue Serge Zaka sur X, "l’été, plus l’écart est grand entre ce qui est jugé normal et la température prévue, plus la carte de France vire au rouge sombre". Comparer des cartes à différentes époques n’a donc pas de sens, car les normales de saison évoluent dans le temps.
Pour clore la polémique, une chaîne météo a même réalisé son propre comparatif. Guillaume Séché, météorologue à BFM, démontre images à l’appui que la charte graphique de TF1, la plus grande chaîne du pays, est restée inchangée depuis le début des années 2000. Pire encore pour les sceptiques : les moyennes saisonnières ayant augmenté, une température de 23 degrés fin juillet 2002, qui apparaissait en orange, s’affiche désormais en bleu.
Une étude du CNRS, publiée en 2023, identifie environ 10 000 comptes Twitter climatosceptiques en France. Ces profils recoupent souvent les sphères anti-vax, anti-système, et dans une moindre mesure, l’extrême droite. Plus de la moitié relaient également la propagande du Kremlin sur la guerre en Ukraine. Le CNRS note un net regain d’activité de ces comptes depuis le début du conflit. Enfin, cette communauté présente un taux de faux comptes — robots ou personnes payées pour diffuser leur message — près de trois fois supérieur aux autres.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter