Le sens des mots. Référendum, une consultation du peuple très engageante
Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, le mot "référendum".
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Le référendum, un mode de scrutin marginal mais qui est revenu plusieurs fois dans l’actualité cette année. La gauche en a demandé un sur la réforme des retraites, un projet de référendum sur les droits des animaux a été lancé par des associations et des personnalités. Et le président de la République a évoqué le référendum pour sonder les Français sur certaines propositions de la convention climat.
franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. Quand nous employons ce mot nous parlons comme nos ancêtres les latins.
Mariette Darrigrand : Oui, il n’y a pas eu d’évolution sonore depuis l’Antiquité sur ce mot. Cela arrive avec des termes très précis, que le droit ou les habitudes romaines nous ont légués. Pensons à "post-scriptum" par exemple… Référendum vient d’une locution verbale, comme on dit, "ad referendum", qui était utilisée pour dire que l'émissaire d'un gouverneur ou d'un empereur, qui était questionné sur un sujet délicat par un gouvernement étranger, devait réserver sa réponse. Il devait, avant fournir une information, en "référer" auprès de ses supérieurs. "Ferre" en latin veut dire porter, et avec le -re- devant cela devient : rapporter, faire retour.
Référendum est très employé au 19e siècle par la diplomatie et par métonymie, c’est-à-dire par extension du sens, le terme arrive ensuite dans le langage politique. Mais avec un retournement caractéristique de la démocratie : cette fois, ce n’est plus un émissaire qui se tourne vers son autorité pour avoir une réponse, ce sont les autorités qui demandent la réponse au peuple.
Et une réponse qui fait autorité car dans la grammaire latine, "référendum" est ce qu’on appelle un gérondif, une forme qui marque fortement l'obligation. C’est très fort et très engageant.
Tellement fort d’ailleurs que pour certains le gros défaut du référendum, c’est le risque que les citoyens s’en servent pour voter en fait pour ou contre le pouvoir en place.
Probablement une spécialité française qui s’oppose à un usage du référendum beaucoup plus pragmatique. Mais alors là, il nous faudrait utiliser le terme, neutre, de "votation", qui est dans le dictionnaire français, mais que nous laissons à nos cousins suisses.
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