Le sens des mots. "Intimité", un droit menacé par les réseaux sociaux
Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, l'intimité.
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L'intimité s'est récemment invitée dans la campagne des élections municipales à Paris, à travers l'affaire Benjamin Griveaux. Le candidat La République en marche a abandonné la campagne à la suite de la diffusion sur internet de vidéos à caractère sexuel. Deux personnes ont été mises en examen, notamment pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".
Franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. Le mot "intimité" est donc inscrit dans la loi, ce qui n’a pas toujours été une évidence. Il lui a fallu tout le XVIIIe siècle pour émerger.
Mariette Darrigrand : Exactement. Il monte tout au long du fameux siècle des Lumières et de l’individualisation. Il fait partie des acquis de la Révolution. Jusque-là, les relations de toute nature, sexuelle ou non, se faisaient entre les gens dans la plus grande promiscuité.
Dans les campagnes, on vivait dans de grandes pièces communes à l’époque. En ville aussi, on était constamment sous le regard des autres, puisque la vie se passait en grande partie dans la rue. Manger, dormir, se laver, se disputer, s’aimer, ce sont des moments intimes que les passants pouvaient voir. C’est ça qui a poussé la population à réclamer un droit à l’intimité. Aujourd’hui, on a parfois l’impression que les réseaux sociaux bouleversent l’ordre établi.
Oui, les technologies ont créé le contraire de l’intime. C'est ce que Jacques Lacan, dès les années 1970, avait appelé l’Extime, l’extériorisation généralisée de nos faits et gestes. C'est aussi les données les plus secrètes de notre corps, tels que les pas que nous avons faits dans la journée ou plus important encore, notre état médical.
Aujourd'hui, cela devient difficile de garder pour nous ces informations personnelles. On peut dire que notre époque nous "intime" de nous exposer.
Intimer, c’est s’imposer dans l’univers personnel de quelqu’un. La société est donc devenue plus intimante qu’intimiste. Dans ce cas-là, si l’intime n’est plus possible, un nouvel enjeu est donc aujourd’hui de retrouver le goût du secret. Une certaine manière de mentir, mais surtout de ne pas tout dire.
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