Le sens des mots. "Barrière", une façon de nous défendre
Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, la barrière.
Une barrière, tout le monde sait ce que sait, mais personne n’avait pensé à l’associer au mot "geste" avant l'épidémie de coronavirus. Les gestes barrières, érigés contre le Covid-19, ne peuvent pourtant pas être ignorés.
Franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. Nous sommes face à un emploi nouveau d'un mot très ancien, puisqu'il est rattaché à la société médiévale anglo-saxonne.
Mariette Darrigrand : Oui, en vieux gallois, une "barra" était un entassement de bois qui pouvait monter très haut, comme par exemple un pont-levis de plusieurs mètres. Les chevaliers parlaient alors de sommet. Comme quand nous parlons, encore aujourd’hui, de la barre des Écrins dans le massif du Mont-Blanc par exemple.
"Barrière" vient du vocabulaire du récit, celui des grands exploits. Dans ces récits, les héros fabriquent des barrières pour empêcher leurs ennemis d’accéder à des espaces comme un champ ou un ruisseau. Aujourd’hui, le lieu à défendre, c’est notre corps.
Exactement, accomplir un geste barrière, c’est vraiment comme mettre une barre de bois ou de fer contre notre visage. C’est fermer l’accès à notre être. C’est une manière de dire que notre personne est précieuse, doit être protégée comme autrefois l’on protégeait une ville.
Mais le mot "barrière" sert aussi à désigner des défenses naturelles. Je pense à la Grande barrière de corail en Australie, le plus grand écosystème de notre planète, long de 2 300 kilomètres. À l’autre extrémité, dans le domaine du tout petit, on retrouve "barrière" dans le vocabulaire médical.
Les biologistes parlent depuis plusieurs années de cellules-barrières : les cellules saines qui se ferment et se protègent des attaques de cellules toxiques. Tout se passe donc comme si ce geste de survie cellulaire se prolongeait dans les gestes barrières que nous devons accomplir pour nous protéger. Comme si notre corps invisible et biochimique dictait sa conduite à nos mains et à notre visage.
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