L'espionnage selon Staline
Staline se considérait comme le meilleur spécialiste de l’espionnage, seul habilité à traiter les informations fournies par ses agents. Si le dictateur du Kremlin était dogmatique et rigide, ses espions ne l’étaient pas.
Leur intuition, comme leur esprit inventif, et parfois anticonformiste, donne aux opérations de renseignement un caractère plus extravagant que celles de leurs successeurs des années 60-70. Cet esprit contribue souvent à leur réussite, même si ils ont à faire à des adversaires nettement moins coriaces à l’époque, car les systèmes occidentaux de sécurité sont encore assez rudimentaires.
La majorité des maîtres-espions de Staline passent par l’Internationale communiste, qui exige que ses militants soient prêts à exécuter n'importe quelle tâche, à n'importe quel prix. Maly, un des grands agents du Kremlin, résume parfaitement cette mentalité : "J'ai complètement rompu avec mon passé. Je ne suis plus ni Hongrois, ni prêtre, ni chrétien, ni même le fils de quiconque. Je suis juste un soldat 'disparu au combat' ."
Staline refuse de croire ses services secrets…
Dans ce triste contexte, personne n’est à l’abri, car tout ce qui va à l’encontre de la pensée profonde du dictateur est systématiquement rejeté. A tel point que les services secrets hésitent souvent à transmettre leurs informations au Kremlin. Ainsi, dans cette ambiance de paranoïa, la plus grande erreur d’analyse dans le domaine du renseignement est commise par Staline lui- même, quand il refuse de croire au commencement du conflit avec Hitler le 22 juin 1941.
Malgré la somme des précisions concernant les mouvements des troupes allemandes, qui démontre sans le moindre doute les préparatifs d’Hitler, il refuse d’y croire. Churchill lui-même s'en est mêlé. Le 3 avril 1941, l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni envoie au Kremlin un message personnel pour faire savoir à Staline qu'il tient de source sûre la certitude que l'Allemagne attaquera la Russie à la mi-juin. Mais ce dernier ne répond pas. Churchill insiste alors, par télégramme : même mutisme du numéro un soviétique.
… et s’en remet à un voyant
À la fin des années 1930, Staline engage un certain Wolf Messing, voyant et hypnotiseur, après avoir mis ses capacités à l’épreuve. Convoqué au Kremlin sans qu'on lui ait procuré le laissez-passer indispensable, ce dernier se présente à l'heure dite après avoir passé sans encombre tous les barrages. Les gardes affirment qu'ils n'ont vu personne. Les talents de Messing sont jugés à leur juste valeur lors d'une démonstration fin 1939 devant les généraux des services secrets, un peu après la signature du pacte germano-soviétique.
À la question: "Que pensez-vous du pacte qui vient d'être signé ? ", sa réponse est si inattendue qu'elle provoque un étonnement teinté d'inquiétude dans l'assistance : "Je vois des chars portant l'étoile rouge dans les rues de Berlin et la victoire pour l'URSS ". Il indique même la date de la capitulation allemande : le 8 mai 1945. Le jour de la victoire, Staline n'oubliera pas ce qu'avait prédit Messing et lui adressera un télégramme de reconnaissance.
Cette anecdote révèle une dimension irrationnelle du régime qui a fortement modifié le psychisme des gens. Sous Staline, les Russes étaient dans un état voisin du sommeil hypnotique. Cet envoûtement étant alors partagé par quelques grands noms de la littérature russe, Staline réussit plusieurs opérations importantes de manipulation idéologique, mystifiant et forçant à la collaboration quelques écrivains et artistes de première importance.
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