Le traitement éditorial de la situation sociale et politique en France

Les auditeurs réagissent au traitement éditorial de la situation actuelle en France et notamment de la mobilisation "Bloquons tout" du 10 septembre. Richard Place directeur de la rédaction de franceinfo répond à Emmanuelle Daviet.

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Mobilisation "Bloquons tout" le 10 septembre à Paris. (STEFANO LORUSSO / MAXPPP)
Mobilisation "Bloquons tout" le 10 septembre à Paris. (STEFANO LORUSSO / MAXPPP)

Des auditeurs jugent la couverture de la situation actuelle en France partiale et orientée, notamment au sujet du mouvement "Bloquons tout". L'un d'entre eux la compare à une incitation à participer aux blocages alors que le "mouvement est minoritaire". Il estime que "en faire un tel bruit médiatique est affligeant. Nous avons besoin de calme, de sérénité et de stabilité et non d’appels à la révolte".
Richard Place directeur de la rédaction de franceinfo répond à leurs remarques.


Emmanuelle Daviet : Richard Place, que vous inspirent ces propos ?

Richard Place : Que nous n’appelons à rien à franceinfo. Nous informons et nous avons fait parler des Français, pas les Français. Nous n’avons pas la prétention de faire parler tous les Français. Nous en avons suivi en différents points du pays grâce à nos reporters, mais grâce aussi aux formidables réseaux des locales d’ICI ex-France Bleu. Nous étions à Amiens, à Marseille, à Lyon, à Paris bien sûr, et dans plein d’autres endroits du pays où nous avons rendu compte de ces blocages qui nous questionnaient tous avant d’avoir lieu. Quelle ampleur allait-il avoir ? Quelles allaient être les messages propagés par les gens qui voulaient ces blocages ? Ce sont ces questions-là que nous nous sommes posées, et auxquelles nous avons essayé de répondre en allant voir ces gens, en allant voir ces actions. Celles qui marchaient, celles qui marchaient moins bien, celles qui donnaient lieu à des débordements et celles qui n’ont pas du tout débordé.

Des auditeurs soulignent que seules les voix des mécontents sont relayées sans donner la parole à ceux qui appellent à la modération ou qui seraient favorables à la stabilité politique. Est-ce un ressenti ou la réalité de ce que vous avez proposé à l’antenne ?

C’est un peu des deux, parce qu’effectivement, ce jour-là, nous avons surtout entendu des manifestants. Le jour où il y a des manifestations, nous interviewons, les manifestants en règle générale. Nous avons aussi entendu sur l’antenne de franceinfo mercredi lors de cette journée "Bloquons tout", des Français qui se sentaient bridés par cette situation, empêchés de vivre leur vie normalement et qui étaient assez réfractaires, assez à ces mouvements-là, notamment des commerçants qui ont pu voir leur outil de travail dégradé.
Ces paroles-là, nous les avons entendues également sur franceinfo. Notre but était d’être au plus près du terrain, au plus près des gens, comme toujours, et en particulier sur ces journées-là où il y avait beaucoup d’incertitudes encore une fois, sur l’ampleur et la nature des mouvements.

Il est reproché à l’antenne de favoriser un climat propice aux troubles sociaux en relayant les appels à la mobilisation. Que répondez-vous à ce type de remarques qui finalement, en résumé, disent "vous jeter de l’huile sur le feu ?"

Nous ne jetons pas de l’huile sur le feu, nous essayons d’éclairer la situation. C’est quand la situation est obscure, quand nous n’avons pas de réponse à nos questions, comme nous ne savons pas ce qui se passe partout dans le pays. C’est dans ces moments-là que la situation, à mon sens, devient inflammable. Nous, à franceinfo, nous voulons porter la lumière sur ce qui se passe partout dans le pays, à tous les niveaux, que ce soit en bien ou en mal et peu importe finalement. Nous ne sommes pas là pour juger du bien et du mal, mais nous sommes là pour relayer ces propos, relayer ces moments de vérité sur une antenne avec des journalistes sur le terrain.

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