La couverture éditoriale du meurtre d'une assistante d'éducation à Nogent

Les auditeurs ont été nombreux à réagir à propos du meurtre d’une assistante d’éducation cette semaine à Nogent, en Haute-Marne. Pour répondre à leurs questions et revenir sur la couverture éditoriale de cette actualité, Richard Place, directeur de la rédaction de franceinfo, répond à Emmanuelle Daviet.

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Conférence de presse du procureur de la République de Chaumont (LP/JEANNE VILLE / MAXPPP)
Conférence de presse du procureur de la République de Chaumont (LP/JEANNE VILLE / MAXPPP)

Emmanuelle Daviet : Mardi 10 juin, après l’annonce de la mort d'une surveillante agressée par un collégien à Nogent, l'antenne de franceinfo passe en "édition spéciale". Question des auditeurs : selon quels critères cette décision est-elle prise ?

Richard Place : D'abord parce que nous sommes à Franceinfo avant tout des femmes et des hommes, et nous sommes frappés par ce fait-divers. C'est la sidération. Mais très vite, dans une rédaction, la sidération doit laisser place à l'action. Un collégien qui poignarde une surveillante, c'est un fait majeur dans la société française, on ne peut pas juste le traiter en quelques mots par une "brève", comme on dit dans le jargon. Et donc aussitôt, on décide de passer en édition spéciale avec le peu d’informations dont on dispose au départ. On sait qu'au fil des minutes et des heures, on va pouvoir enrichir ces informations et en faire savoir encore plus aux auditeurs.

Quels services sont mobilisés pour couvrir une telle actualité quand on dispose de si peu d’éléments ?

On mobilise, en fait, quasiment toute la rédaction. Et quasiment en même temps. Il y a d'abord le service police-justice qui est appelé tout de suite pour nous donner les dernières informations dont il dispose sur l'enquête, sur ce que l'on sait précisément des faits. Dans le même temps, on dépêche un reporter, en l'occurrence Valentin Dunate, qui part depuis Paris pour se rendre sur place et très vite, dès qu'il le pourra, rendre compte de ce qu'il voit, des gens qu'il rencontre. Il y a notre spécialiste éducation, Noémie Bonnin, qui peut nous parler des systèmes qui sont mis en place dans les collèges, justement pour la surveillance des armes blanches, des précédents débats qui malheureusement ont déjà eu lieu dans la société du fait de ce type d’agression. On mobilise le service politique également parce que très vite il y a des réactions politiques et qu'il faut les faire entendre à nos auditeurs. Le service "Vrai ou faux" aussi, qui est un service de décryptage qui nous permet de nous arrêter sur certains dispositifs, là aussi en rappelant ce qui existe, ce qui a déjà été projeté par le passé. Et bien sûr l’édition numérique : notre site internet, nos réseaux sociaux se mobilisent.

Comment évite-t-on le sensationnalisme, la surenchère ?

En allant d'abord vers les faits. Parce que le sensationnalisme ou la surenchère passent par l'émotion, et uniquement l’émotion. L'émotion, nous devons la faire entendre aussi : celle des proches de la victime, des enfants qui ont côtoyé le meurtrier, dans cette petite ville de Nogent qui est vraiment sous un choc terrible. Personne n'imaginait là-bas que ça pourrait se produire dans la ville. Tout ça, on doit le faire entendre. Mais si on ne fait entendre que ça, c'est une vision bien trop parcellaire. À franceinfo, on veut avoir la vision en entier, évidemment. Donc il y a les prises de parole fortes, politiques notamment, que l'on doit aussi faire entendre. Et puis il y a les débats qui commencent à s'installer, que l'on doit nourrir d'informations, pas juste d'avis et d'opinions, mais de faits. Et les faits, ils nous arrivent par les enquêteurs, par ce que dit notre reporter sur place : ce qu'il voit, ce que lui disent les gens sur l’agresseur qui était connu des autres enfants, de certains parents d'élèves aussi. Tout ça fait qu'au bout d'un moment, on a une image un peu plus claire de ce qui s'est passé. On est sur du factuel, sur du concret et donc pas sur de la sensation, mais vraiment sur de l'information.

Comment abordez-vous tout ce qui concerne les informations relatives à la victime ?

Nous essayons assez vite d'en tracer le portrait, de dire qui elle était. Et le lendemain encore, nous sommes revenus sur le portrait de cette jeune femme. Il nous paraît très important dans ces moments-là que l'on ne passe pas trop vite sur qui était cette surveillante qui a perdu la vie.

On note dans les sujets traités à l’antenne qu'il a beaucoup été question de l'Education nationale, des encadrants. Le rôle des des parents dans la société actuelle est également, semble-t-il, très important pour les auditeurs. Est-ce que c'est un thème dont vous vous emparez également ?

C'est un thème dont on s'empare difficilement parce que ça touche à l'intime, à la famille. Difficile de pénétrer la cellule familiale et d'aller dire comment il faut faire, ce qu'il faut dire, comment ça se passe. Mais oui, nous avons entendu notamment des parents d'élèves autour de cet établissement scolaire, qui réagissaient et qui ont parlé de ce qu'ils vivaient, comment ils le vivaient, comment ils en parlaient, eux, à leurs enfants. Et puis nous avons entendu aussi des psychiatres, des psychologues qui ont pu parler de cette thématique.

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