Comment franceinfo présente la taxe Zucman

Les tractations politiques se poursuivent pour tenter de bâtir un budget 2026 capable d'éviter une censure parlementaire tout en assainissant les finances publiques. Avec la taxe Zucman, la question de la fiscalité des plus fortunés est au cœur des débats.

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La taxe Zucman est au coeur des débats et des manifestations actuelles. (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)
La taxe Zucman est au coeur des débats et des manifestations actuelles. (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)

Le patronat réagit vivement. Les citoyens s'interrogent sur la justice fiscale. Comment franceinfo couvre-t-elle le dossier sensible et complexe de la fiscalité, sachant que c'est un sujet technique ? Emmanuelle Daviel, la médiatrice de Radio France, relaie les questions des auditeurs à Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction.

Emmanuelle Daviet : Pour présenter la taxe Zucman, quels choix éditoriaux sont faits pour éviter la simplification excessive sans perdre la clarté nécessaire ?

Florent Guyotat : Notre choix est de commencer par donner des clés de compréhension aux auditeurs. Déjà, on explique de qui on parle et de quoi on parle. Dès cet été, nous avons diffusé un portrait de l'économiste Gabriel Zucman. En voici un extrait :

"La France c'est un paradis fiscal pour les ultra-riches. Ce genre de déclaration frappante constitue sa marque de fabrique. L'économiste, habitué des plateaux télé, toujours en tee-shirt ou en pull uni, fait dans la simplicité : l'évasion fiscale et la fuite. Il propose comme solution de taxer le patrimoine des ultra-riches à 2 %. C'est simplement s'assurer que chaque année, les milliardaires ne payent pas moins de taxes que leur secrétaire ou que leur chauffeur."

Ce portrait, signé Aude Soufi, a été diffusé le 19 juillet dernier sur franceinfo. On explique aussi, régulièrement, en quoi consiste cette fameuse taxe Zucman. Les journalistes de notre service économie sont mobilisés et tentent d'être précis et concrets. C'est ce qu'a fait notre spécialiste de la fiscalité, Camille Revel, le 15 septembre sur franceinfo :

"Concrètement, l'idée est d'instaurer une taxe minimum pour les 1.800 foyers fiscaux dont le patrimoine dépasse 100 millions d'euros. C'est ce qu'on appelle une contribution différentielle. Si le montant cumulé de tous les impôts (revenus, impôt sur la fortune immobilière, etc.) atteint déjà 2% du montant total de leur patrimoine, la personne ne serait pas concernée. Sinon, elle devrait s'acquitter de la différence. Encore plus concrètement, imaginons que mon patrimoine atteigne 1 milliard d'euros. Le taux plancher de 2% est alors de 20 millions. Si je paie 12 millions d'euros d'impôts (tous impôts confondus), je devrais m'acquitter au titre de cette taxe de 8 millions de plus pour atteindre le taux plancher."

Vous avez compris que 1.800 foyers fiscaux sont potentiellement concernés. Une fois qu'on a expliqué de qui et de quoi on parlait, on donne des précisions supplémentaires à nos auditeurs. Cette taxe pourrait-elle réellement être appliquée ? Avec quelles limites ? Autant de questions auxquelles Camille Revel a apporté des éléments de réponse :

"Il y a des interrogations autour de la constitutionnalité d'une telle taxe, ou sur ce qu'elle rapporterait réellement. Il y a aussi la question des entreprises qui ne font pas de bénéfices comme Mistral, startup française spécialisée dans l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, elle est valorisée à près de 12 milliards. Mais une valorisation, c'est théorique. Mistral n'est pas rentable pour l'instant. Gabriel Zucman propose un paiement de l'impôt 'en nature', c’est-à-dire avec des titres de ces entreprises-là."

Voilà quelques exemples de la manière dont franceinfo a traité la taxe Zucman.

Comment garantir que la couverture de ce débat ne se résume pas à un affrontement politique entre le gouvernement et l'opposition, mais rendre compte aussi des arguments économiques et sociaux ?

Les arguments des différentes personnalités politiques sur cette taxe Zucman, on les entend très régulièrement sur franceInfo dans l'interview de 8h30 le matin. Mais on ne veut pas en rester là. On s'efforce de donner la parole à des Français moins connus, qui ont aussi leurs opinions, comme Benoît, ce professeur d'arts plastiques à la retraite, rencontré à Melun le mois dernier. Il est interrogé par notre reporter Agate Mahuet : "On a, en France, un système oligarchique : Niel, Arnault et compagnie. Des gens qui ont vu leur fortune flamber depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir. C'est là qu'est l'argent. Ces gens-là ne payent pas d'impôts, ou très peu."

Sur un sujet aussi sensible que l'impôt des plus riches, sujet à la fois économique, social et politique, comment garantir la neutralité du service public et éviter toute suspicion d'orientation partisane ?

Notre mission est de respecter le pluralisme. Vous avez entendu un ancien enseignant favorable à une imposition plus forte des plus riches. Nous avons aussi interviewé le mois dernier un chef d'entreprise potentiellement concerné par la taxe Zucman. Il s'agit de Mickael Finel, cofondateur de Wold, un cabinet de conseil en innovation digitale :

"On va taxer de l'argent que les entrepreneurs n'ont pas, ils vont devoir vendre leurs actions pour payer cette taxe. Or ce n'est pas parce qu'ils ont des parts dans une société valorisée qu'ils possèdent cet argent."

L'entrepreneur Mickael Finel interrogé par Jules de Kiss, en direct sur franceinfo. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez retrouver de nombreuses explications et prises de position en tapant tout simplement Tax Zucman sur le moteur de recherche de notre site franceinfo.fr.

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