Une rentrée au régime sec à l'université de Nantes
La rentrée s'annonce très tendue dans certaines universités qui connaissent de grandes difficultés financières. L'an dernier, près de 10 universités sur 80 ont présenté un budget dans le rouge. A Nantes, ces difficultés commencent à avoir des conséquences très concrètes pour les étudiants.
À Nantes, les
enseignants chercheurs, les directeurs de département, et même le président de
l'université qui garde le sourire, ont en réalité la gorge très serrée en cette
rentrée. Cette université qui accueille plus de 30.000 étudiants affichait l'an
dernier un budget en déficit de 9 millions d'euros sur 301 millions et elle
applique une politique de rigueur : des cours sont supprimés, des formations
ferment, et l'université a décidé de ne plus financer la totalité des heures
complémentaires des enseignants. C'est le régime sec et cela ne concerne pas
que les lettres. Finalement le budget a été équilibré, au prix de mesures d'économie.
À la faculté de
sciences, "on a un master en composants électroniques qui ferme en cette
rentrée" , regrette Dominique Averty, le responsable du département de
physique à la fac de sciences, "et si les difficultés persistent, on sera
amené à fermer d'autres formations" , ajoute-t-il. Et pourtant ces masters
de physique offrent des débouchés, les laboratoires de sciences ont une
renommée internationale, mais l'université ne peut plus se permettre d'ouvrir
certaines formations et les équipements coûtent cher. Le vice-doyen de la fac
de sciences, Ahmed Rahmani, est très inquiet pour 2013, il n'est pas certain de
pouvoir faire fonctionner les salles de travaux pratiques.
"C'est une
logique de destruction de l'université telle qu'elle s'est constituée" (Maître
de conférence en philosophie)
La faute à
l'autonomie ? Alors pourquoi cette université est-t-elle dans le rouge ? A
Nantes, une raison apparaît clairement : les carrières des enseignants ont
progressé, les salaires ont augmenté, et l'Etat n'a
pas donné d'argent supplémentaire. Pour le président de l'université, il faut
que l'Etat tienne ses engagements. L'université, autonome, doit se débrouiller
toute seule avec un budget qui n'augmente pas.
Difficile. En lettres, certains maîtres de conférence comme Patrick Lang, en
philosophie, accusent la loi sur l'autonomie des universités, votée en 2007.
Cette année, des
cours comme la littérature ou la note de synthèse sont supprimés des masters de
lettres modernes. En philosophie, le latin et le grec sont menacés. Pour
Valentin Bourgeois, de l'Unef, le premier syndicat étudiant, "il ne faut
pas que l'université continue de voter un budget en déficit" . "Il
faut au contraire que le président de l'université de Nantes ramène des sous du
ministère !" , tempête-t-il.
L'université de
Nantes à nouveau en déficit en 2013 ?
Des arbitrages
cruciaux. Alors, l'université de Nantes peut-elle espérer un geste du ministère
de l'Enseignement supérieur ? Les négociations se jouent en ce moment entre les
universités, le ministère de l'enseignement supérieur et celui du budget. Mais
à Nantes, l'université devrait à nouveau être en déficit en 2013 puisqu'elle a
épuisé son fonds de roulement, c'est-à-dire ses réserves, et globalement, Louis
Vogel, le président de la CPU, la conférence des présidents d'université n'est
pas optimiste. "Dans le contexte actuel, il est très difficile d'espérer
des augmentations" , explique-t-il.
En tous cas, pas
question d'accepter un budget de l'enseignement supérieur en baisse. Les
présidents d'université attendent des engagements clairs de la ministre Geneviève
Fioraso qui tient sa conférence de presse de rentrée ce matin. Tous gardent en
mémoire la priorité à la jeunesse qui a été donnée par le président de la
République pendant sa campagne. Ils ne veulent pas que les universités soient
sacrifiées.
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