Le Sénégal en ébullition après l’incarcération de l’opposant Ousmane Sonko
Trois morts et des dizaines de blessés, c’est le bilan des heurts qui ont opposé les partisans d'Ousmane Sonko aux forces de l'ordre en début de semaine.
Barricades, pneus brûlés, projectiles contre lacrymogènes. Ce sont des scènes de violence auxquelles on n'est pas habitué dans un Sénégal perçu comme un ilot de stabilité, mais qui se répètent à chaque épisode judiciaire impliquant Ousmane Sonko : en 2021 après une première arrestation, en juin quand il a été condamné pour "corruption de la jeunesse" et ces derniers jours après son arrestation pour notamment "appel à l’insurrection" et "atteinte à la sureté de l’État ". Dans la foulée, le gouvernement sénégalais a d'ailleurs annoncé, lundi 31 juillet, la dissolution de son parti, intitulé : Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef). "Une farce", "un complot", selon ses partisans, pour l'empêcher de participer à la présidentielle de janvier prochain.
Figure "antisystème"
Ousmane Sonko est originaire du sud du Sénégal, de la Casamance, où la défiance à l’égard du pouvoir colonial puis du pouvoir central de Dakar a été longtemps très forte. Diplômé de l’ENA sénégalaise, cet inspecteur des impôts part en croisade contre les malversations financières de personnalités politiques et d’hommes d’affaires, jusqu'à mettre en cause le frère du président Maky Sall. En 2016, il est radié de la fonction publique pour violation de son obligation de réserve. Il se mue alors en personnage politique, fonde son parti, devient député en 2017 et deux ans plus tard, à 44 ans, il termine troisième de la présidentielle.
Ousmane Sonko est devenu en quelques années la figure "antisystème" qui fédère les colères, même les plus radicales. Il galvanise une jeunesse qui se sent marginalisée. C’est un défenseur de la religion et des traditions, proche des milieux salafistes, qui plait aussi aux panafricanistes parce qu’il dénonce une élite corrompue vendue aux intérêts étrangers, en premier lieu français.
Bête noire du président Maky Sall
En 2021, son arrestation dans une première affaire de viol marque un tournant. Il devient une icône face au pouvoir du président Maky Sall qui se durcit, voudrait faire taire tous ses opposants, musèle rivaux politiques ou journalistes critiques dans procès entachés d’irrégularités. Ousmane Sonko n'hésite pas à appeler ses partisans à résister, à brandir la menace d’un Sénégal à feu et à sang. Il a commencé lundi une grève de la faim.
Elu président en 2012, réélu en 2019, Maki Sall ne se représentera pas en janvier pour un troisième mandat, mais comme une bonne partie de l'élite sénégalaise, il considère Ousmane Sonko comme un homme dangereux pour le pays, avec un projet insurrectionnel, aux antipodes de la culture et la démocratie sénégalaise. Aujourd’hui, l’affrontement entre Macky Sall et Ousmane Sonko polarise, radicalise, sans aucun signe d'apaisement d'un côté ou de l'autre. Avec le risque de précipiter le pays dans la violence et une impasse totale.
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