Fermeture du journal "AppleDaily" : la liberté d’expression bâillonnée à Hong Kong
À Hong Kong, la liberté de la presse est mise sous cloche par le pouvoir chinois. Victime d’un acharnement des autorités, "Apple Daily", le dernier grand journal indépendant, cesse ses publications jeudi 24 juin et met la clé sous la porte.
/2024/03/04/isabelle-labeyrie-1-65e602ca22d64677216009.png)
/2021/06/23/phpr2tu3G.jpg)
L’Apple Daily, 80 000 exemplaires chaque jour, est l’un des derniers porte-voix de la démocratie à Hong Kong. Son premier exemplaire est paru en 1995, deux ans avant la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine. Au fil des ans la situation n’a fait que se dégrader. Aujourd’hui Pékin ne se cache plus : le territoire, jugé trop autonome, trop libéral, doit rentrer dans le rang et les médias faire allégeance au parti communiste.
Le 1er édito de #AppleDaily en 1995, soit deux ans avant la rétrocession de HK à la Chine. La direction du journal était si confiante : le pouvoir des lecteurs, la liberté de la presse. « sous le regard du monde entier, qui osera faire du mal à HK? » pic.twitter.com/JBztLpnaic
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) June 21, 2021
La mort dans l’âme, les équipes de l’Apple Daily sont en train de faire leurs cartons. Lundi soir, la présentatrice d'un journal télévisé quotidien diffusé en ligne a dit faire sa dernière apparition. Le service d'informations financières du journal et son édition anglaise ont également annoncé qu'ils cessaient de paraître. Le dernier exemplaire paraîtra jeudi 24 juin.
Le 1er édito de #AppleDaily en 1995, soit deux ans avant la rétrocession de HK à la Chine. La direction du journal était si confiante : le pouvoir des lecteurs, la liberté de la presse. « sous le regard du monde entier, qui osera faire du mal à HK? » pic.twitter.com/JBztLpnaic
— Zhulin Zhang (@ZhangZhulin) June 21, 2021
Comment en est-on arrivé là ? Après toute une série d’arrestations et de pressions. Le patron du journal, Jimmy Lai, magnat de la presse de 73 ans et critique assumé du parti communiste, a d’abord été arrêté il y six mois pour avoir participé aux gigantesques manifestations pro-démocratie qui ont secoué Hong Kong en 2019.
Puis le 17 juin, au petit matin, une centaine de policiers ont fait irruption dans les locaux du journal pour saisir plusieurs dizaines d’ordinateurs ; cinq dirigeants et rédacteurs en chef ont arrêtés chez eux, accusés d’avoir "conspiré avec des forces étrangères".
Le même jour, les comptes bancaires du journal ont été gelés. Deux millions d’euros bloqués à la banque : impossible de payer les fournisseurs et les 1 300 employés.
Une loi pour étouffer les voix dissidentes
Ces décisions et ces arrestations ont été réalisées au nom d’une loi, la loi sur la sécurité nationale. Un texte draconien, abusif, imposé il y a un an tout juste par Pékin pour étouffer les voix dissidentes, un texte à géométrie variable à tel point que les médias ne savent plus ce qu’il est aujourd’hui interdit de dire, d’écrire ou de penser. Même acheter le journal pourrait tomber sous le coup de cette loi !
Plusieurs leaders des manifestations se sont enfuis à l’étranger ; à Hong Kong plus d’une centaine de personnes sont actuellement sous les verrous pour atteinte à la sécurité nationale. Le premier procès s’ouvre aujourd’hui : un manifestant de 24 ans comparaît pour terrorisme et incitation à la sécession. Exceptionnellement il sera jugé sans jury – alors que cela ne s’est jamais fait dans ce genre de circonstances. Décision du ministère de la justice.
Une indignation internationale sans effet
Cette loi, c’est clairement l’instrument de la reprise en main du territoire par Pékin. Après avoir déjà condamné la violence de la répression policière contre les manifestants, les États-Unis et l’ONU ont récemment demandé au pouvoir d’arrêter de s’en prendre aux médias.
Réponse ce mardi 22 juin de la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam : on ne parle pas de travail journalistique mais de "subversion du gouvernement" et d’une atteinte à la sécurité nationale de la Chine. Dialogue impossible. Hong Kong a chuté dans le classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse (18e en 2002, 80e aujourd’hui).
Or sans liberté de la presse, Hong Kong risque de perdre son meilleur atout qui est aussi son meilleur argument auprès des investisseurs. C’est peut-être le seul argument qui empêchera Pékin d’aller trop loin.
À regarder
-
Le premier distributeur de frites belges
-
Deux morts dans une fusillade à Nice
-
Apnée du sommeil : quels risques pour la santé
-
Nouveau gouvernement : le coup de poker de S. Lecornu
-
"Food express", l'expo sur les wagons-bar
-
Ce lycée a un cours unique en France
-
Plus de 49.3, ça veut dire quoi ?
-
Dorothée : le retour gagnant de l'idole des jeunes
-
Mairie de Paris : la guerre des notes de frais
-
Conflit Israël-Palestine : "Une confédération permettra de parvenir à une solution à deux Etats"
-
Des règles plus strictes pour les virements bancaires
-
Le plastique a-t-il vraiment disparu des cantines ?
-
Loto : il oublie de réclamer ses 15 millions d'euros
-
La police de l’immigration au Superbowl de Bad Bunny ?
-
Pizza au matcha : tu valides ?
-
Polémique : Shein ouvre des magasins en France
-
Les Français sont-ils trop propres ?
-
Attaque terroriste : deux morts devant une synagogue à Manchester
-
Pour votre santé, seulement 14g de viande rouge par jour.
-
Ligotés et dénudés : enquête sur un bizutage à Toulouse
-
Boutiques de luxe : nouveau braquage à la voiture bélier
-
Baisses d'impôts : les premières pistes de Sébastien Lecornu
-
On t'emmène à l'entrainement du GP
-
Ces pays où la Gen Z se révolte
-
Immeuble squatté : le désespoir des propriétaires
-
Fraude à 2,3 millions : des dentistes soupçonnés d'escroquerie
-
Au Maroc, deux morts dans les manifestations de la jeunesse
-
Qui était Jane Goodall qui aura consacré sa vie à la préservation des chimpanzés ?
-
Ce bateau inquiète la France
-
Maroc : une jeunesse en colère
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter