Drones sur la Crimée, défilé de chars russes détruits... En Ukraine, la guerre est aussi psychologique
Si les pertes humaines sont importantes depuis le début de la guerre en Ukraine – au moins 9 000 soldats ukrainiens et environ 15 000 militaires russes – la guerre est aussi psychologique.
Depuis plusieurs jours, les Ukrainiens se sont concentrés sur un territoire particulier : la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Ils ont envoyé au mois d’août des drones au-dessus de cette "forteresse" et ont provoqué des explosions. Le gouvernement pro-russe de Crimée a même dû activer à plusieurs reprises la défense anti-aérienne.
Les images de fumées noires dans le ciel de Crimée ont fait le tour du monde. Et si les dégâts matériels ont été maîtrisés, les dégâts psychologiques sont bien plus lourds. Car la Crimée, c’est l’arrière-cour de la Russie. Un territoire soi-disant imprenable. Une "terre sainte", selon Poutine. Ce "jeu de drones" montre aux Russes qu’ils ne sont finalement pas si en sécurité que cela en Crimée malgré ce que le pouvoir répète. Certains ont pris leur voiture pour s’enfuir. Cela montre que le conflit se rapproche de la Russie et que la guerre ne se résume plus aux lignes de front.
Et l’Ukraine en joue. Le ministère de la Défense, qui ne revendique pas les attaques, en profite tout de même pour provoquer les Russes qui viennent en Crimée pour bronzer pendant les vacances sur les côtes de la Mer noire. Dans un tweet, il met en scène ce contraste. Sur fond de musique (Cruel summer, "été cruel", de Bananarama), les autorités ukrainiennes ironisent : vous auriez pu choisir des pays où aucune bombe n’explose, "vous avez choisi la Crimée. Grossière erreur. Retournez à la maison, la Crimée est ukrainienne".
Unless they want an unpleasantly hot summer break, we advise our valued russian guests not to visit Ukrainian Crimea.
— Defense of Ukraine (@DefenceU) August 11, 2022=
Because no amount of sunscreen will protect them from the hazardous effects of smoking in unauthorised areas.
Bananarama pic.twitter.com/NnWnpZqMhR
"On peut littéralement sentir dans l'air de la Crimée que l'occupation y est temporaire, et que l'Ukraine revient", a déclaré samedi Volodymyr Zelensky. C’est dire si le président ukrainien sait choisir ses mots et ses cibles pour viser le cerveau de Poutine.
Personnaliser les missiles
La guerre psychologique ne s’arrête pas à la Crimée. On trouve depuis le début du conflit des initiatives étonnantes. Une association ukrainienne propose par exemple de personnaliser les missiles et les balles envoyés sur l’ennemi russe. Pour 150, 700 ou 3 000 dollars, les internautes du monde entier peuvent faire inscrire un message : "Gloire à l’Ukraine", "Se battre contre le fascisme est un job un plein temps". Le site internet propose même d’avoir la vidéo du moment où le projectile est tiré. Le but : financer l’armée ukrainienne. D’après son créateur, le site a récolté 200 000 dollars en trois mois. 95% des messages sont écrits en anglais, une opération de communication à l’internationale.
Les prises de guerre sont aussi mises en scène. Ce week-end à Kiev les rues de la capitale ont vu débarquer, comme un défilé parodique, des dizaines de chars russes détruits. Ces engins ramenés du front sur des camions ou qui étaient restés après la tentative russe de prendre Kiev au début de la guerre ont été exposés en signe de défi.
In February, russians were planning a parade in downtown Kyiv.
— Defense of Ukraine (@DefenceU) August 20, 2022
6 months into the large-scale war the shameful display of rusty russian metal is a reminder to all dictators how their plans may be ruined by a free and courageous nation.#FreedomIsOurReligion
@zaklyashtor pic.twitter.com/H1fbw2UaSS
Samedi, de nombreuses familles de Kiev ont posé devant les chars calcinés, rouillés, pour des photos. Une journée organisée avant l’anniversaire de l’indépendance du 24 août car le pouvoir ukrainien craint des agressions de la part de la Russie. Aucun rassemblement n’est autorisé depuis lundi 22 août dans la capitale, et jusqu’à jeudi.
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