Yazid Ichemrahen remporte le prix spécial Pâtisserie Innovation : "C'est avant tout une consécration pour mes équipes"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 27 juin 2025, le chef pâtissier Yazid Ichemrahen. Il vient de remporter le prix spécial Pâtisserie Innovation 2025, décerné par La Liste.
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Yazid Ichemrahen est surnommé le Petit Prince de la pâtisserie, il officie au Royal Monceau où il s'occupe des douceurs sucrées, acidulées corsées, et rondes en bouche, ce qui nous procure des émotions à la fin du repas. Il remporte tout sur son passage et il est réclamé dans le monde entier. Pourtant, quand on regarde son parcours, force est de constater qu'il revient de loin. Il a été élu champion du monde de pâtisserie, champion du monde des desserts glacés, en 2014. Le 16 juin 2025, il a reçu le prix spécial Pâtisserie Innovation 2025, par La Liste, référence mondiale de la gastronomie sur le digital.
franceinfo : Pour l'enfant placé en foyer que vous étiez, puis en famille d'accueil, que représentent cette réussite et ce prix ?
Yazid Ichemrahen : C'est avant tout une consécration pour mes équipes, parce qu'une entreprise, ce n'est pas juste l'homme. J'ai beaucoup de chance de faire un petit tour du monde un peu tous les mois. Il n'y a pas un seul mois où je ne me remets pas en question au travers de la cohésion que j'ai avec mes équipes. Ce titre, je leur dois donc c'est bien pour eux, c'est bien pour moi, donc, c'est bien pour nous.
Pour comprendre en quoi ce parcours est devenu une source d'inspiration pour beaucoup. Il faut effectivement raconter d'où vous venez. Les débuts n'ont pas été faciles, votre mère était célibataire et elle ne s'est pas du tout occupée de vous. Vous vous êtes retrouvé en foyer, à la rue aussi, et ensuite, vous avez rencontré une famille d'accueil qui vous a montré des premiers gestes d'affection. Ça a été un énorme coup de foudre parce que les personnes qui vous ont accueillis, qui sont devenus votre tatie et votre tonton étaient très fiers de vous voir réaliser des gâteaux au yaourt et de mettre la main à la pâte en fin de journée. C'est pour eux que vous avez décidé de vous y mettre ?
C'est pour eux et c'est surtout grâce à eux. Si je ne les avais pas rencontrés, je n'aurais pas appris ce qu'est la bonté humaine au vu de l'endroit d'où je viens. Je trouve que quand des personnes décident de vous tendre la main comme ma tatie et mon tonton, que je n'ai jamais pu appeler maman et papa, m'ont tendu la main, l'essence est de pouvoir leur rendre. Je sais que ce soir, quand elle va regarder sur "Am Stram Gram" parce qu'elle ne sait pas que ça s'appelle Instagram, la fameuse remise des prix, elle va m'envoyer un petit message. Je pense que, quand je vais le lire, ce sera ma plus grande récompense de la journée, si ce n'est de l'année.
Quand vous avez été nommée champion du monde de pâtisserie en 2014, vous vous êtes rapprochée effectivement des lumières de Paris, mais vous n'aviez pas les moyens. C'était terrible, donc vous avez décidé de dormir dans la rue, de vous battre et le matin, quoi qu'il arrive, vous étiez debout.
Exactement. Je n'avais pas trop le choix parce que j'ai tout essayé, les parcs, les trains, et la meilleure manière que j'ai eue de pouvoir dormir dans la rue, c'est de dormir à la plage de galets à Nice parce que le vent me faisait éviter les moustiques et je me réveillais avec le plus beau des levers de soleil. Ça me permettait d'aller travailler chez Joël Robuchon au Métropole où j'ai pu officier pendant quelques années.
"Je ne suis jamais arrivé en retard parce que c'était mon seul lien avec la vraie vie pour pouvoir avancer."
Yazid Ichemrahenà franceinfo
La première fois que vous avez eu un patron, il était très dur avec vous. Vous rentriez, vous étiez épuisé, mais vous dites que cette exigence vous a obligé et elle vous a un peu sauvé la vie.
Oui, il m'a sauvé la vie ce monsieur. J'étais dans une période de ma vie à l'âge de 16 ans où je faisais tout un tas de bêtises, je me révoltais au foyer par manque de ma famille et tout un tas d'autres choses que je ne trouvais pas normales. Il me faisait venir à 4h du matin et je partais à environ 18h de son laboratoire. J'étais mineur, j'avais 16 ans, mais le temps que je passais à apprendre la pâtisserie consumait mon énergie. Le soir, quand je rentrais au foyer avec tout un tas de mauvais exemples autour de moi, j'avais cette particularité d'être très fatigué, donc j'ai vite arrêté les bêtises.
Quel effet ça fait et quelle importance ça a, d'être devenu le porte-drapeau français à l'international ?
Je ne me rends pas toujours compte, en réalité. Vous savez, ma vie, elle va avec mon histoire d'aujourd'hui et le fait de continuer d'habiter en France et de relater toute l'excellence française au travers de différents pays.
"C'est avant tout une très grande fierté parce qu'on se plaint beaucoup, mais on vit dans le plus beau pays du monde, avec la plus grande culture gastronomique."
Yazid Ichemrahenà franceinfo
C'est parce que je suis né dans ce pays que je réussis aujourd'hui à briller, si c'est le mot, à travers le monde. Donc, au-delà de mon parcours légèrement chaotique, ce que la France m'a apporté, c'est juste de le rendre à travers le monde aujourd'hui. En plus avec un métier qui me permet d'être heureux.
Est-ce que le petit garçon que vous étiez est fier de l'homme que vous êtes devenu ?
La vraie question, ce n'est pas si moi, je suis fier, c'est si mon entourage l'est. Aujourd'hui, j'ai des responsabilités envers les employés qui sont venus à moi et qui m'ont fait confiance. Si eux sont fiers d'être avec moi, je serai fier de moi parce que la réussite passe par celle des autres.
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