Sting rend hommage à ses racines dans "The Last Ship" : "Je voulais raconter l'histoire de ma communauté"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 16 juin 2025 : l'auteur, compositeur et interprète britannique Sting. Son spectacle musical "The Last Ship" se jouera à la Seine Musicale en février 2026.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Sting, en concert à Los Angeles, le 29 mai 2025. (JERRY PEREZ / AVALON / MAXPPP)
Sting, en concert à Los Angeles, le 29 mai 2025. (JERRY PEREZ / AVALON / MAXPPP)

Le nom de scène de Sting est né après qu'un musicien du Phoenix Jazzmen, ait aperçu son pull rayé noir et jaune. Ce surnom ne l'a depuis jamais quitté, que ce soit en solo au sein des groupes The Phoenix Jazzmen, Last Exile, Police ou encore même sur le grand écran. Pour beaucoup, il est associé à des concerts d'anthologie, des accords qui ont su repousser les désaccords, mais c'est vrai que Roxanne nous a engagés dans une relation presque familiale. Il nous a permis de rêver grand, même de marcher sur la lune tout en évoquant l'immigration de masse en Europe, le réchauffement climatique et en dénonçant les dangers de la dissuasion nucléaire assumée par certains dictateurs. Avant d'être Sting, il est resté Gordon Matthew Thomas Sumner. C'est d'ailleurs ce qui l'amène à nous avec son premier spectacle musical The Last Ship , qui démarrera le 18 février 2026 à la Seine musicale, sous-titré en français, à la fois intime et universel.

franceinfo : Est-ce que c'était important d'aborder, ce qui a été la base de votre construction d'homme ?

Sting : Toute enfance d'artiste est une riche source d'inspiration. Mon enfance a été très surréaliste, je suis né près d'un site de construction de navires et les bateaux surplombaient notre maison. À l'époque, je n'appréciais pas ça, ça me faisait peur, c'était moche. Pourtant, pour un artiste, c'était un don en raison du symbolisme tellement puissant. Donc j'ai échappé à mon environnement, j'ai eu une éducation, je suis devenu musicien et j'ai eu de la réussite dans le monde entier. À un moment de ma vie, je me suis rendu compte que je devais remercier. Je devais être reconnaissant à ma communauté parce qu'ils ont fait ce que je suis et je voulais raconter leur histoire.

L'histoire raconte le retour d'un marin dans son village natal après 17 ans d'absence. Quand il revient, c'est le chaos, il n'y a presque plus rien, sauf un navire inachevé qui est un symbole de résistance. Vous êtes Jackie White, une figure emblématique du chantier naval, vous êtes engagé dans une lutte qui consiste à préserver ce qu'il reste finalement de l'humanité la fierté et l'identité. Est-ce que le message est de ne pas oublier d'où l'on vient ?

C'est un des messages, mais je pense aussi que c'est la dignité et l'importance du travail pour les êtres humains. À un moment où nos emplois, le vôtre, le mien, sont volés par l'intelligence artificielle. Ça parle de nos jours, c'est du travail qui nous est enlevé et ça résonnera avec les publics modernes, certainement.

Il y a une chanson d'ailleurs qui s'appelle Island of Soul. On parle de l'âme et on est en plein cœur du sujet.

Un créateur à une certaine cosmologie.

"Lorsque les ouvriers meurent, ils vont là où ils n'ont pas besoin de travailler et moi, j'appelle ça les îles de l'âme."

Sting

à franceinfo

Je ne sais pas si ça existe ou pas, je suis agnostique, mais je pense que c'est une merveilleuse idée. Un jour, on a vraiment le repos.

Il y a aussi une résilience collective face à la désindustrialisation et ce besoin de porter cette mémoire ouvrière qui a tant souffert aussi. Vous avez été un temps instituteur, ça a duré deux ans. Là, il y a un travail de transmission à travers ce spectacle, de ne pas oublier finalement ce qui s'est passé, de redonner vie et de mettre des visages sur des vies un peu brisées, entre guillemets. Est-ce que vous avez gardé ce souci de transmettre en retour ?

J'ai enseigné dans un village minier, les parents des enfants étaient des mineurs de fond dans le charbon qui ont perdu leur travail. C'est un travail très dur, le travail de la mine, mais dans le même temps, et quand on n'a rien comme alternative, ça crée des problèmes sociaux. C'est pour ça que je dis que le gouvernement a trahi le nord de l'Angleterre. Ce gouvernement a fermé les mines, les chantiers navals, sans donner aucune alternative, donc ils étaient perdus, tous ces gens-là.

Quand vous étiez petit, à 11 ans, vous disiez que les Beatles, vous avaient sauvé, ils vous ont permis de devenir chanteur. Aujourd'hui, il y a plusieurs générations, qui disent la même chose de vous, que vous les avez aidés. Que représentent ces 50 ans de carrière passés à nos côtés ?

J'essaie de vivre ma vie par l'exemple, mais on n'a pas besoin d'être une célébrité, une grande réussite ou une vedette pour avoir la musique au cœur de votre vie.

"Vous savez, la musique, c'est de l'âme, ce n'est pas de l'argent."

Sting

à franceinfo

On peut jouer pour son chat ou jouer dans sa chambre et ça donne toujours un sentiment de l'âme.

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