Rétrospective de l’œuvre de Michel Ocelot au Louvre : "Pouvoir dessiner et raconter ce que je veux, c’est magique"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur de films d’animation, Michel Ocelot. Le musée du Louvre lui consacre une rétrospective de son œuvre jusqu’au 8 mai 2022.
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Michel Ocelot est réalisateur et scénariste connu du grand public pour sa trilogie de films d'animation Kirikou (1998-2012). Il a aussi signé le triptyque Princes et princesses (2000), Les contes de la nuit (2011) et Ivan Tsarévitch et La princesse changeante (2016), réalisé en papier découpé. Impossible de ne pas citer également Azur et Asmar (2006) et Dilili à Paris, qui lui a valu d'ailleurs le César 2019 du meilleur film d'animation.
Depuis le 20 avril dernier et ce, jusqu'au 8 mai, le public peut partager une rétrospective qui lui est totalement consacrée : Les mondes animés de Michel Ocelot, à l'auditorium Michel Laclotte au Louvre. On peut noter aussi dans l’agenda la date de sortie de son prochain film d'animation Le pharaon, le sauvage et la princesse, le 19 octobre prochain.
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franceinfo : Vous êtes touché par cette rétrospective ? Le fait de se dire que pendant quinze jours, le public va vivre avec vous, vivre avec vos créations.
Michel Ocelot : C'est un peu fou pour moi d'apparaître au Louvre. Je suis content et j'aime qu'on montre mes films !
Qu'est-ce qui a fait que vous ayez été attiré par le cinéma d'animation ?
En fait, quand on me demande quand j'ai commencé à travailler pour le cinéma d'animation, je réponds : un an et demi, quand j'ai pris un crayon et que je me suis mis à gribouiller.
Enfant, j'ai beaucoup dessiné, découpé, bricolé. J'ai fait beaucoup de marionnettes, de petits cadeaux et c'est mon métier aujourd'hui.
Michel Ocelotà franceinfo
Je suis, a priori, au départ un dessinateur, mais je suis devenu un conteur et je me sens maintenant plus conteur que dessinateur, même s'il n'est pas question que j'arrête de dessiner.
Vous, dès le départ, ce qui vous intéresse, c'est de créer avec la plus simple apparence.
Alors, une partie de la simplicité, c'est que je n'ai pas de fric et malgré ça, je veux quand même faire des films. Mais j'aime la simplicité, la pureté. J'aime aussi qu'on me comprenne tout de suite. Mon matériau principal : ne pas mentir.
C'est vrai que vous avez grandi à Conakry, en Guinée. Ensuite, vous êtes passé par Angers, puis Paris. Est-ce que votre envie de raconter des histoires est la base ?
Je pense que j'ai eu une enfance privilégiée. J'allais à l'école à Conakry, mais les grandes vacances, c'était dans la région de Nice. Enfant, je connaissais deux univers totalement différents, qui eux ne se connaissaient pas et j'étais à l'aise dans les deux et c'est un très bon départ. Je n'étais pas déraciné et je pouvais vivre ailleurs.
On lit rarement des choses sur vos parents. Qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ?
Énormément. La probité, c'est mon père. Une morale très étroite. Sans jamais faillir. Et ça me plaît bien. Et la fantaisie, c'est ma mère.
Vous allez réaliser du coup vos premiers courts métrages avec du papier découpé. C'est vraiment quelque chose qui vous colle à la peau et il y a un côté très artisanal dans vos productions.
Je vous raconte des histoires, ce n'est pas vrai, ce sont des bouts de papier, je ne vous le cache pas, mais les sentiments sont très vrais et vous allez, petit à petit, être pris.
Michel Ocelotà franceinfo
Oui, artisanal, circassien, bricolage, bouts de ficelle et y arriver quand même. J'aime bien aussi quand on voit comment c'est fait.
On vous dit : réalisateur et scénariste. Comment vous vous définissez ?
Auteur de films d'animation, ça me semble exact. Tous les films que j'ai faits, c'est moi qui les ai décidé. Il n'y avait pas une personne que je voulais imiter. En fait, dès le début, je voulais être moi.
En 1979, vous signez votre premier court métrage, Les trois inventeurs. Ensuite, vous allez recevoir un César du meilleur court métrage d'animation pour : La légende du pauvre bossu, en 1983. Comment avez-vous vécu ces récompenses, ces distinctions ?
Avant Kirikou, je suis plutôt chômeur longue durée qui fait, de temps en temps, un petit film. Pour le petit film, on lui dit de monter sur scène pour lui donner un prix, il est heureux. Et puis après, il retombe dans le néant. Et après Kirikou, ma vie a changé et ce n'est plus une vie dure. Ma petite création est devenue un meuble de la France. Je me suis dit : mais j'y suis arrivé !
Ça veut dire que par moment, vous avez douté ?
Non. Je dois être un obsédé et j'ai pas pu penser à autre chose parce que ça m'allait si bien de pouvoir dessiner et raconter ce que je veux. C'est magique.
Est-ce que la transmission fait partie de vous ?
Elle fait extrêmement partie de moi. Je ne fais jamais de films pour les enfants, mais je pense aux enfants. J'aime les bombardés d'informations qu'ils ne comprennent pas tout de suite, mais qui vont leur faire du bien, les faire grandir, qu'ils comprendront au bout d'un moment.
Pour terminer, quel est votre regard sur votre parcours ?
Je ne m'en tire pas mal. Disons que j'ai eu une première partie où j'ai eu beaucoup de mal, mais je n'ai jamais renoncé. Une deuxième partie où je n'ai plus eu beaucoup de mal et j'ai une vie de privilégié. Ce que je veux, je le fais et, de temps en temps, on me paye. Ce qui fait que je mange à ma faim tous les jours et le reste du temps, j'ai du plaisir.
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