Raul Paz et l'avenir de Cuba : "C'est un pays qui a tellement de choses à dire, à montrer et à offrir"

L'auteur, compositeur et interprète cubain Raul Paz est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie à l'occasion de la sortie de son album "Guarijo chic". Dans ce dernier épisode, il revient sur la chanson "Asi no", devenue un hymne à Cuba.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Raul Paz, à Cuba, en 2012. (MARTA QUINTIN / EFE / VIA MAXPPP)
Raul Paz, à Cuba, en 2012. (MARTA QUINTIN / EFE / VIA MAXPPP)

C'est dans la province de Pinar del Río que Raul Paz est né à Cuba en 1969, à une époque où il ne faisait pas forcément bon vivre. C'est à La Havane qu'il a étudié la musique à l'Institut supérieur des Arts, ce qui lui a permis de trouver sa voie et de devenir l'un des artistes cubains les plus connus à travers le monde. Cuba est sa mère patrie, au point d'y être retourné définitivement et de lui rendre hommage dans son dernier album Guajiro chic, sorti le 28 février 2025.

franceinfo : Si vous deviez définir Cuba, que diriez-vous ?

Raul Paz : C'est un vrai paradis, en stand-by, perdu quelque part dans l'espace. Parfois, on arrive à comprendre que ça aurait pu être un idéal de plein de choses, des gens, d'endroits, des natures, des musiques. Mais malheureusement, il est un peu en stand-by, il flotte dans un univers assez compliqué.

Malgré le fait que vous ayez été en exil pendant quinze ans, vous avez toujours pensé que ce qui allait arriver allait se transformer en quelque chose de positif ?

C'est dur parce que ça n'arrive pas. Cuba est toujours au milieu de plein de choses, entre les Américains et ce gouvernement cubain qui n'arrive pas à dépasser son cap et faire confiance à son peuple. Ces deux-là ont fait beaucoup de mal. Mais je travaille beaucoup avec les nouvelles générations, c'est l'avenir. On ne peut pas penser autrement, c'est l'espoir qui nous tient. C'est un pays magnifique, un pays qui a tellement de choses à dire, à montrer et à offrir. Les gens y sont tellement généreux. Ils méritent quelque chose de mieux. 

Votre père avait beau être communiste, il avait quand même espoir que les choses évoluent ?

C'était ce que j'appelle la "bonne génération communiste". C'était surtout un humaniste. C’étaient des gens qui voulaient le mieux pour leur pays et le mieux pour les nouvelles générations.

"Je garde cette idée justement qu'on n'a pas besoin de grandes choses pour être heureux et que ce n'est pas dans l'abondance qu'on est forcément plus heureux."

Raul Paz

à franceinfo

C'est le discours de toute une génération qui a cru que le monde pourrait changer et que cette petite île perdue dans les Caraïbes pourrait être un moteur impulseur d'une certaine façon, pour que le monde change et ne parte pas dans la dérive de "il faut toujours plus". J'ai été élevé dans ces concepts-là et je suis très fier.

Dans ce dernier album, il y a cette chanson Asi No, et elle nous prend par la main dès le départ.

C'est la première chanson que j'ai écrite pour cet album. Je l'ai écrite à Paris, dans une soirée. J'avais une mélodie dans ma tête et la conscience que je ne pouvais plus exister sans les deux pays. Je suis rentré à la maison et j'ai commencé à faire cette chanson et tout de suite, j'ai su qu''elle allait être importante. À Cuba, je la joue en direct et les Cubains la chantent tous les jours. Elle est dans le téléphone des gens comme sonneries. Je suis très content d'avoir une chanson qui dise : il faut qu'on réfléchisse. C'est pour ça que je voulais que ce soit la première chanson, en plus, c'est de la bonne humeur.

Est-ce que ça vous touche d'être devenu un ambassadeur ?

Parfois, je n'ai pas conscience de ça parce que j'aime beaucoup la simplicité de l'être humain.

"En dehors de la scène ou d'une émission comme celle-là, j'adore être fondu dans la masse."

Raul Paz

à franceinfo

J'adore ce contact avec les gens, mais effectivement, à un moment donné, on devient un peu un ambassadeur de la parole, de la pensée de certaines gens. J'adore et ça me touche énormément.

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