"Quand j'enregistre un album, j'adore surprendre mes fans" : Steven Wilson emmène ses auditeurs dans l'espace avec "The Overview"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 20 mars 2025 : le chanteur, multi-instrumentiste et producteur britannique Steven Wilson. Son nouvel album, "The Overview", est sorti vendredi dernier.
Steven Wilson est un musicien britannique, classé OVNI et génie, qui à lui tout seul a ressuscité le rock progressif. Multi-instrumentiste, il est habité par le concept de "l'effet de la vue d'ensemble" que seuls les astronautes vivent quand ils découvrent la Terre depuis l'espace ; ce moment à la fois fascinant et angoissant. Avec son groupe Porcupine Tree, fondé au milieu des années 80, il est devenu un digne héritier du rock progressif anglais, nous rappelant les Pink Floyd. Son projet No-Man l'a aussi propulsé dans le son totalement électro. Le 14 mars, il a sorti son nouvel album concept, The Overview, soit deux titres. L'un fait 23 minutes, l'autre 18 minutes. Il sera également en concert les 24, 25 et 26 mai à Paris, les 28 et 29 mai à Lyon et le 11 juin à Marseille.
franceinfo : Il y a du son à la Pink Floyd, comme d'habitude, mais finalement, vous ne ressemblez à personne d'autre qu'à vous-même. Est-ce que vous vous êtes amusé sur cet album ?
Steven Wilson : Une chose que j'adore faire quand j'enregistre un album est de surprendre mes fans. Quand j'ai su que j'allais écrire un album sur ce phénomène de "la vue d'ensemble", je me suis dit que ça devait être un film, un long-métrage, ou un roman, pas des chansons courtes. Donc, pour moi, ça a suggéré une grande pièce musicale. Les gens qui écoutent du rock, ils sont familiers avec la tradition de groupes progressifs qui écrivent des compositions plus longues, qui se déplient petit à petit de manière plus imprévisible. Mon père m'a vraiment lavé le cerveau quand j'étais petit, avec Dark Side of the Moon, il le jouait en boucle.
Je voudrais qu'on parle de cette dimension poétique qu'il y a davantage dans cet album par rapport à ce que vous nous avez proposé auparavant. On sent que pendant très longtemps, vous vous protégiez. Vous vous autorisez aujourd'hui en tout cas à avoir ce côté poétique et à assumer vos émotions et vos sentiments. Est-ce que ça a changé ?
Je crois que j'ai appris à apprécier d'être un frontman, un leader et un artiste solo. Quand je suis tombé amoureux de la notion de musique, la première fois, je ne suis jamais tombé amoureux de l'idée d'être une célébrité. C'était le contraire, je voulais presque être anonyme. Mais ce que je voulais être, c'était quelqu'un qui contrôlait la créativité de ces choses merveilleuses.
"Pendant très longtemps, mon intérêt était seulement d'être dans le studio, pouvoir peindre avec du son et créer ces aventures musicales, ces films auditifs."
Steven Wilsonà franceinfo
J'adore parler de musique, je pense beaucoup à la musique et je suis fasciné par tout le processus de la création musicale et à quel point il a changé depuis que j'ai commencé. Donc, j'étais très heureux de m'asseoir, de parler, et d'être un porte-parole pour cette approche alternative à la création musicale avec ces analogies d'écrire des romans ou de faire des films.
Ce qui est très intéressant, c'est le processus créatif apporté par votre père ingénieur. C'est-à-dire que les premiers moments où vous avez enregistré votre musique, c'était vraiment avec des machines qu'il avait créées, lui. On comprend qui vous a mis le pied à l'étrier pour que vous puissiez être force de proposition.
Absolument. J'ai eu beaucoup de chance parce que tout ce que j'avais à faire, c'était d'aller voir mon père et de dire : "Est-ce que je peux faire ce son papa ? Est-ce que tu peux le trouver ?" Et lui, il le faisait. C'était dans les années 80, donc bien avant Internet. Mon père achetait des kits électroniques, il se débrouillait pour comprendre comment fabriquer ces choses lui-même. Par exemple, on a construit un séquenceur. Un séquenceur, c'est comme une boîte à rythmes, mais il n'était pas musicien, donc il ne comprenait pas que la plupart de la musique était en quatre temps. Il a acheté neufs composants et c'était en neuf temps. Tout ce que je créais devait être dans cette signature rythmique avant-gardiste. Ça m'a poussé à aller dans la musique plus complexe, parce qu'il fallait que je trouve un moyen d'incorporer ça dans mon son.
Dans The Overview, vous nous invitez, j'ai l'impression, à la contemplation. Est-ce que c'est le but du jeu ?
Je crois, qu'on doit revenir à ce mot de perspective. Oui, contempler, c'est une autre manière de le dire. C'est pour rappeler aux gens à quel point notre planète a des milliards d'années.
"Nous, on est là depuis cinq minutes, en gros, et on se pense comme les sauveurs de notre planète."
Steven Wilsonà franceinfo
Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. La vérité était là depuis des millions et des millions d'années avant qu'on arrive et donc tout ça pour moi, c'est pour rappeler aux gens d'avoir de la perspective, vraiment de prendre du recul sur notre place dans l'espace-temps.
C'est quand même courageux de sortir un album avec deux titres. Ça ne sera pas diffusé en radio parce que 23 minutes, ce n'est pas possible en radio. Par contre, ça s'adresse réellement à des personnes qui prennent le temps.
Courageux est un mot qu'on peut utiliser, mais, "stupide", c'est un autre mot qui conviendrait parfaitement !
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