Michaël Youn remonte le temps dans "Flashback" : "C'était assez jubilatoire de se glisser la peau d'un personnage qui est un dinosaure"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 3 avril 2025 : l'humoriste, acteur et réalisateur Michaël Youn. Il est à l'affiche de la série "Flashback", diffusée sur TF1, dès ce soir.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Michaël Youn, à la cérémonie des NRJ Music Awards, le 1er novembre 2024, à Cannes. (VALERY HACHE / AFP)
Michaël Youn, à la cérémonie des NRJ Music Awards, le 1er novembre 2024, à Cannes. (VALERY HACHE / AFP)

Michaël Youn est cet artiste pluridisciplinaire, voire pluri-indisciplinaire, tour à tour acteur, rappeur, humoriste, chanteur, réalisateur, scénariste, producteur, animateur de radio et télévision. Ce qui définit son parcours réside dans un mot, "trublion". C'est le Morning Live sur M6 qui l'a fait connaître et permis de montrer toute l'étendue de sa personnalité et lui offrant un tremplin pour se lancer dans cette passion qu'est le cinéma. La Beuze, Les Onze Commandements, Iznogoud, ou encore Incontrôlable sont des films qui ont marqué sa vie d'acteur. Fatal et Vive la France représentent sa casquette de réalisateur tandis que Fatal Bazooka et le groupe Bratisla Boys, représentent celle de chanteur. Le point commun à tout ça est le jeu, il est insatiable dans sa pratique et c'est ce qu'on découvre dans la série Flashback sur TF1 à partir du 3 avril. Il s'agit de l'histoire d'Elisa, agent de la police scientifique de Lyon, qui va décider de récupérer les scellés qui correspondent à ce qui avait été saisi lors de l'assassinat de son père, joué par Michaël Youn. Lors d'un accident de voiture, elle se retrouve happée dans un vortex et projeté 30 ans plus tôt, en 1994. Cela va lui permettre de rencontrer son père et de tenter d'élucider sa mort.

franceinfo : Il y a un côté très Navarro. Est-ce que c'est ce qui vous a plu ?

Michaël Youn : Évidemment. Le fait de se replonger dans cet univers parce que j'ai été un peu biberonné avec Belmondo, avec Delon, avec Navarro, je suis désolé pour les fans, mais avec ces mauvais polars de fin des années 1980, début des années 1990. Ce n'est pas qu'ils étaient mauvais, mais c'était assez basique et c'était assez jubilatoire de pouvoir me glisser dans la peau d'un personnage qui est un dinosaure. Mon personnage est misogyne, raciste, homophobe, sexiste, pas méchant, mais un peu bas de plafond quand même.

Cette série est un tête-à-tête entre un père et une fille. J'imagine que vous pensez à votre père. Qu'est-ce qu'il vous a transmis ?

Le respect. Devant les caméras, je suis parfois un peu irrévérencieux, pas toujours très respectueux de ce qui se passe, mais en dehors, dans la vie, je suis quelqu'un de très poli, très respectueux. 

"Mes parents sont des Français à la peinture très fraîche et c'était très important pour eux de bien rentrer dans le moule, de ne pas dépasser, de ne pas se faire remarquer."

Michaël Youn

à franceinfo

Bon, moi, j'ai raté ça, mais dans la vie de tous les jours, je crois qu’ils m'ont appris à être un bon citoyen.

Est-ce que vos grands-parents ont joué un rôle sur le fait de dédramatiser parce que ce qu'ils ont vécu était difficile ? Ils étaient algériens et italiens, et ils ont eu vraiment beaucoup de difficultés à obtenir cette nationalité française.

Oui, pour mes grands-parents, ça a été compliqué. Du côté de ma mère, on se faisait traiter de sale rital et du côté de mon père, on se faisait traiter de sale juif. Ça a été, je pense, assez constitutif pour mes parents et ça leur a demandé un grand amour de la France et un grand respect de la France. Je me souviens que quand je me suis fait réformer du service militaire, mon père ne m'a pas parlé pendant six mois parce qu'il m'a dit : "Tout ce que la France m'a donné, et toi, tu pouvais juste la remercier un tout petit peu en allant passer six ou huit mois sous les drapeaux et t'as pas voulu ? Je suis fâché Michaël". Aujourd'hui, je comprends parce que ça prend plus de sens de n'avoir pas que des droits, mais aussi des devoirs.

Votre but, c'est de faire marrer les gens et vous êtes capable de tout pour ça ?

De moins en moins. On me dit : "Ah tu t'assagis !" Bah oui, maintenant, j'ai des enfants, j'ai des responsabilités. Le truc, c'est que mes enfants commencent à être grands et regardent ce que je fais. Et ça pose problème, quand mon petit de cinq ans a vu Les Onze Commandements et qu'il se dit : "Ah, mais on peut embêter la police ? On peut remplir des maisons de piscine ?" 

"J'ai beaucoup de mal à la maison, à être une autorité légitime, c'est très compliqué."

Michaël Youn

à franceinfo

Donc j'essaye de faire un peu attention, mais j'ai toujours cette fibre en moi. C'est vrai que je ne pense pas qu’aujourd'hui, je me mettrais debout sur cette table en string et à hurler dessus avec un mégaphone. Ce n'est pas parce que je ne veux plus le faire, c'est parce que je l'ai déjà fait et qu'il faut avancer. On ne va pas refaire tout le temps la même chose.

Le cinéma vous a ouvert les portes et ça a fonctionné très vite, d'abord en tant qu'acteur, ensuite en tant que réalisateur, avec ce besoin de raconter vos propres histoires.

Le cinéma était le but. En fait, je suis un peu un escroc. Beaucoup de gens ont le syndrome de l'escroc dans ce métier. Je ne pense pas avoir des choses incroyables à raconter et je n'ai pas l'impression de faire partie de la même famille que Coppola ou que Jacques Audiard, ça, c'est sûr. Donc c'est plus la volonté d'être chef d'orchestre, de pouvoir tout maîtriser, de savoir comment faire rigoler avec des images et du son.

La série Flashback, c'est l'occasion pour Elisa de retrouver son père et de le récupérer. Si vous pouviez changer et remonter le temps, qu'est-ce que vous changeriez ?

Mon sexe. Pas la taille, le genre. Je viens de passer 50 ans dans la peau d'un homme. Je n'ai connu que la moitié de ce qu'est l'humanité. J'aimerais bien  être une femme. Ça ne veut pas dire que je suis en transition, mais s’il y avait un truc à refaire... Ou alors peut-être, je ne sais pas amener la pénicilline au Moyen-Âge, histoire que les gens ne meurent pas. Et encore, ça, je crois que je m'en fous. Donc être une femme, oui.

 

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