Melvil Poupaud joue les escrocs dans "Les règles de l'art" : "Mon personnage retombe un peu en enfance"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 29 avril 2025 : l'acteur Melvil Poupaud. Il est à l'affiche mercredi du film "Les règles de l'art" de Dominique Baumard.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
L'acteur Melvil Poupaud, le 11 novembre 2024, à Los Angeles. (VALERIE MACON / AFP)
L'acteur Melvil Poupaud, le 11 novembre 2024, à Los Angeles. (VALERIE MACON / AFP)

Le cinéma a toujours fait partie de Melvil Poupaud et il a été fasciné très tôt par le 7e art. D'abord par le biais de sa mère, scénariste, réalisatrice, productrice, attachée de presse de Marguerite Duras, puis par son mentor Raoul Ruiz qui, dès 11 ans, l'a fait tourner, arpenter les coulisses et les plateaux. Il a débuté dans La ville des pirates, ce qui lui a permis de prendre conscience que oui, acteur était bien un métier pour lui. Il tournera ensuite avec Jacques Doillon, Jean-Jacques Annaud, François Ozon ou encore Xavier Dolan et le fameux Laurence Anyways. Le 30 avril, il sera à l'affiche du film Les règles de l'art de Dominique Baumard aux côtés de Sofiane Zermani. Il joue un expert en montres de luxe, jusqu'au jour où il rencontre Éric, receleur et escroc, qui, rapidement, finit par lui déposer cinq œuvres d'art volées au Musée d'art moderne à Paris.

franceinfo : C'est une vraie histoire qu'on a appelée le casse du siècle. Ce qui vous a attiré, tout d'abord, c'est de travailler avec le scénariste ?

Melvil Poupaud : Absolument, Dominique Baumard, qui est un excellent scénariste, un ami, et là, c'est sa première réalisation. Je sentais déjà dans ses écrits, dans ses scénarios, qu'il avait cette envie de mélanger les genres, de faire à la fois de la comédie et un polar, qui est, en fait, un film de braquage. Ce qui est très réussi dans le film, c'est qu'on se marre, c'est franchement hilarant, même par moments. Il y a aussi ce fil conducteur de cette histoire, de ces tableaux volés, que les mecs sont incapables de refourguer parce qu'ils sont trop nuls.

Est-ce que l'humour a le pouvoir de faire sortir les spectateurs de leur zone de confort ?

Bien sûr, et c'est un plaisir mais c'est beaucoup de travail aussi. C'est ce que j'ai remarqué sur le tournage des Règles de l'art, c'est qu'il y avait une précision dans le jeu. Il y avait une mécanique qui était vraiment implacable et des fois ça marchait, des fois ça ne marchait pas, donc c'est le travail de trouver la bonne note. Ensuite, en voyant le film, je me suis marré et j'avais oublié même l'avoir tourné. J'ai vu ce personnage aux prises avec ses dilemmes, se faire manipuler et je suis retombé dans le panneau, un peu comme mon personnage lui-même. J'ai vibré avec mon personnage et c'est vrai que pendant 1h30, on oublie un peu tout. 

"On se marre, on vibre et puis on découvre aussi des choses sur la nature humaine parce que cette histoire où ces mecs ont été jusqu'à gâcher autant de chefs-d’œuvre, c'est assez édifiant."

Melvil Poupaud

à franceinfo

On s'interroge sur la part d'honnêteté qui est en nous, et jusqu'où on est capable d'aller pour de l'argent ?

Mon personnage retombe un peu en enfance. En fait, c'est un grand enfant. Il rencontre un type qui le manipule, il se dit génial, un nouveau copain, et il l'entraîne à faire des bêtises. Jusqu'au moment où ça va trop loin et finalement, quand il a fait une trop grosse bêtise, il ne sait plus comment s'en sortir. Je pense qu'un môme ferait la même chose, c’est-à-dire qu'il aurait volé un truc et puis à la fin, il le mettrait à la poubelle, en disant : "Ce n'est pas moi Monsieur". Il y a vraiment ce côté charmant du personnage qui, à la fois, nous paraît totalement ahuri et en même temps, nous touche parce qu’on s'identifie.

Ce qui vous a attiré dans ce métier d'acteur, c'est le jeu, pourtant, vous avez dit à un moment donné que ce n'était pas dans votre ADN ?

Quand j'étais petit, j'étais plutôt timide, un peu inhibé et je n'étais pas spécialement branché théâtre ou spectacle. C'est vraiment par altruisme que je me suis retrouvé à jouer des rôles et j'ai appris sur le tas. En même temps, j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter les adultes et à les regarder aussi s'amuser. Il y avait aussi un côté enfantin malgré tout sur les films de Raoul Ruiz. Pousser le travelling, je voyais ça comme un jeu, il me faisait faire des cascades qu'on ne pourrait plus faire aujourd'hui, mais que je trouvais amusant à l'époque. Ce n'est pas tellement le jeu, dans le sens incarner des personnages et développer des émotions, c'est plus s'amuser avec une bande, à fabriquer une histoire et à faire des bêtises.

"Le conte de fées qu'on raconte d'habitude aux petits pour l'endormir, j'avais l'impression de rentrer dedans."

Melvil Poupaud

à franceinfo

Le tournage du film Le temps qui reste de François Ozon a été un moment très important pour vous. Vous avez joué le rôle d'un photographe atteint d'un cancer en phase terminale. En quoi ce rôle a changé votre vie ?

Il y a des rôles qui vous emmènent tellement loin et que vous habitez tellement profondément. Je dirais qu'à la sortie du film, vous êtes très content que ça s'arrête parce que c'était intense. Vous avez l'impression de renaître et de repartir dans une autre vie avec une expérience en plus. Là, en l'occurrence, c'est quelqu'un qui meurt. Il a fallu que je perde beaucoup de poids pendant le tournage et en plus avec Jeanne Moreau, qui est devenue une amie après et qui était une grande dame du cinéma. Elle m'a beaucoup appris et c'était très enrichissant. À la fin du tournage, je me suis dit : 'Maintenant, je peux repartir à zéro'. C'est comme si j'avais ça derrière moi. Jeanne Moreau m'avait dit : "Tu vas voir, après ce film, ta carrière va changer". Ma carrière n'a pas changé du tout. Mais je me suis senti différent et ça a été le cas aussi avec le film de Xavier Dolan, Laurence Anyways, où j'ai eu l'impression, après ce grand tournage et ce grand rôle, de repartir un peu à zéro et d'être plus fort.

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