Matthieu Ricard : "Ce n’est pas que nous ayons peu de temps, c’est que nous en gaspillons beaucoup"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, c’est Matthieu Ricard, moine bouddhiste, traducteur depuis 1989 du Dalaï Lama. Il publie deux ouvrages : "Contemplation" et "Emerveillement" aux Editions de la Martinière.
Deux livres qui unissent les passions de Matthieu Ricard, la photographie et le besoin de profiter de l’instant présent : "L’émerveillement peut être en présence d’un sage, d’un maître spirituel, d’une ermite, du sourire d’un enfant, d’un vieillard édenté, devant la nature humaine. J’ai fait beaucoup de livres de photographies sur les maîtres tibétains, les portraits, les sourires et là, c’est vraiment l‘émerveillement devant la part sauvage du monde." Pour Matthieu Ricard, l’émerveillement agrandit l’esprit : « Le moi se dissout, sentiment d’appartenance, d’interdépendance, et puis je me suis dit ce qui vous émerveille, on le respecte, on en prend soin."
A 13 ans, il débute dans la photographie avec un pionnier de la photographie animalière en France André Fratas, cette pratique correspondant bien à son goût de la nature, à la biophilie, ce sentiment d’affinité avec la nature, de vouloir protéger les autres espèces. Il aime aussi les oiseaux, il se promène, joue au football au Bois de Boulogne. Cette curiosité de tout, ces questionnements sur le vivant, le goût de la lecture, de la recherche intellectuelle, il les doit à un père philosophe, essayiste, journaliste, académicien et à une mère artiste-peintre. Cette dernière lui transmet le goût de la spiritualité qui le mène jusqu’en Inde. François Jacob, Prix Nobel de Médecine et aussi son chef scientifique à l’Institut Pasteur lui apporte la pensée rigoureuse que l’on retrouve dans ses ouvrages qui portent sur l’altruisme ou encore les animaux.
Départ dans l’Himalaya
Matthieu Ricard termine sa thèse et il explique à Elodie Suigo le moment où tout bascule : "Juste avant d’entrer à Pasteur, j’ai vu les films d’Arnaud Desjardins sur tous les grands maîtres tibétains qui avaient fui l’invasion chinoise du Tibet. Donc j’y suis allé à l’âge de 20 ans passés et j’ai rencontré ces grands maîtres dont un qui est devenu mon maître spirituel et je suis resté 50 ans avec quelques petits retours mais en gros j’ai vécu un demi-siècle dans l’Himalaya." Il passe cinq ans en retraite solitaire dans un petit ermitage de 9 m², sans eau, sans électricité, sans chauffage : "Mais ce sont les mois les plus confortables de ma vie". Il a en poche six mois de salaire du CNRS. "J’étais un peu fou car je ne m’étais pas inquiété, et j’ai tenu 25 ans avant de revenir en France"
Je vivais avec 30-40 euros par mois mais c’était parfait
Matthieu Ricardà franceinfo
Actions humanitaires
Depuis 20 ans, il met en place des projets humanitaires en Himalaya (Inde du Nord, Népal et Tibet) avec l’association Karuna-Shechen. Pour financer ces aides à l’éducation, à la santé, et les services sociaux, il lui reverse le fruit de ses ventes de livres, ses droits d’auteur et de ses conférences, ce qui permet d’aider 380 000 personnes par an : "Je n’ai besoin de rien, je ne vais pas m’acheter une Ferrari dans l’Himalaya, ça ne marcherait pas de toutes façons".
En 1989, Matthieu Ricard, devient le traducteur en français du Dalaï Lama. Il avait déjà fait sa connaissance quelques années plus tôt puisqu’un de ses maîtres était aussi un des maîtres du Dalaï Lama. C’est à l’occasion d’un déplacement à Paris après le Prix Nobel de la Paix qu’il commence à être son traducteur. Pour lui, le Dalaï Lama est quelqu’un qui est "la transparence intégrale. Il est exactement pareil devant un chef d’État, ou la personne qui nettoie le couloir dans un hôtel, il voit un être humain, il n’y a pas de barrière et ça c’est un enseignement formidable. C’est un bain de jouvence spirituel quand je passe huit jours avec lui en tant qu’interprète, c’est un être absolument authentique".
Matthieu Ricard, face au temps qui passe, cite une phrase de Sénèque : "Ce n’est pas que nous ayons peu de temps, c’est que nous en gaspillons beaucoup" et donc il donne toute sa valeur au temps et chaque moment a une valeur formidable.
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