Patrice Leconte et sa passion pour les films d'animation : "J'en ai fait des flopées quand j'étais gamin"

Patrice Leconte est l'invité exceptionnel du Monde d'Elodie à l'occasion de la sortie de son dernier roman "La tentation du lac", aux éditions Arthaud. Dans ce dernier épisode, il parle de sa passion pour le dessin à travers le film "Le magasin des suicides", adaptation de l'œuvre du même nom de Jean Teulé.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Patrice Leconte, à Paris, février 2023. (VINCENT JOSSE / RADIO FRANCE / MAXPPP)
Patrice Leconte, à Paris, février 2023. (VINCENT JOSSE / RADIO FRANCE / MAXPPP)

Patrice Leconte est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie pour raconter ses photos de vie, ses tournages, ce parcours exceptionnel de plus de six décennies, avec pas moins de huit mises en scène au théâtre, deux écritures de pièces et 30 longs-métrages et des millions d'entrées.

franceinfo : À combien d'entrées êtes-vous au total ? Il y en a déjà 25 millions pour les plus gros succès.

Patrice Leconte : Ce n'est pas une raison pour se la péter non plus. Mon travail touche le public, les gens le regardent à la télévision, tout ça est très agréable.

"Je ne suis pas en train de minimiser ou de bouder mon plaisir, tout ça est merveilleux."

Patrice Leconte

à franceinfo

Quand vous avez débuté, d'abord, par le biais de la bande dessinée, vous avez écrit à Gotlib et il vous a répondu.

Oui, à l'époque, c'était facile, je lisais Pilote qui était un magazine vraiment formidable. La Rubrique-à-brac, de Gotlib, me faisait bidonner, vraiment. Je lui ai mis un petit mot aux éditions Dargaud et il m'a répondu. On est devenus amis, on allait au cinéma et c'est comme ça que je suis entré au magazine Pilote parce qu'il a vu mes dessins. Il m'a dit, "c'est intéressant, je vais les montrer à Goscinny, tu veux bien ?" C'est comme ça que cela s'est fait, de manière assez simple et puis avec Gotlib, on s'est dit : et si on écrivait un long-métrage ? Et c'est comme ça qu'est né le premier film en se servant des deux personnages de Bougret et Charolles qu'il avait inventés.

Ce qui est étonnant, c'est que c'est Goscinny lui-même qui vous invite à rejoindre l'équipe de Pilote.

Oui, Gotlib avait montré mes dessins à Goscinny, sa secrétaire m'appelle trois jours plus tard en me disant, "Monsieur Goscinny aimerait vous voir si vous êtes libre, mardi à 11 h". Moi, j'étais libre tous les mardis à toutes les heures, surtout pour ça. Je suis arrivé dans le bureau de Goscinny, chez Dargaud, il avait mon carton à dessin ouvert sur son bureau et il m'a dit : "C'est intéressant, venez travailler à Pilote". Tous les lundis, il y avait un conseil de rédaction et tout ce qui était brillant, talentueux et exceptionnel dans le monde de la bande dessinée était là, autour de la table, à proposer des idées et des trucs. Après, on se retrouvait au café et on refaisait le monde.

En 2012, Le magasin des suicides, l'adaptation du livre de Jean Teulé arrive. C'est vraiment une idée très importante pour vous, un film d'animation franco-belgo-canadien qui emploie la technique du dessin animé traditionnel. Vous y teniez beaucoup et c'est un rêve de gosse qui se réalise à ce moment-là.

C'est curieux parce que des petits films d'animation en papier découpé, image par image, j'en ai fait des flopées quand j'étais gamin. Cela me permettait de raconter des histoires, de dessiner, de faire du cinéma et de faire ça tout seul. C'était parfait. En fait, Le magasin des suicides en film d'animation, ce n'est même pas moi qui a eu cette idée-là. Je connaissais le bouquin parce que j'adorais lire Jean Teulé, il m'avait déjà été proposé par un autre producteur et je trouvais que ce n'était pas adaptable en prise de vue réelle. C'est trop sinistre, c'est affreux, des gens qui se jettent du pont, qui se suicident, qui avalent du poison. Le pitch, c'est que la société va mal, tout le monde est désespéré, mais il y a un endroit de paix où on vend tout ce qu'il faut pour se faire sauter le caisson et donc c'est une clientèle formidable parce que tout le monde est désespéré. Un jour, un jeune producteur me dit : "J'ai acheté les droits du bouquin et mon projet, c'est de faire un film d'animation". Donc ce n'est pas une idée que j'ai eue, mais j'ai trouvé l'idée brillante.

"Je ne vous apprends rien dans l'animation, ce ne sont pas des vrais gens, donc on peut leur faire faire des trucs affreux, puisque ce ne sont que des personnages dessinés."

Patrice Leconte

à franceinfo

Comment regardez-vous ce parcours que vous avez déjà accompli, sachant qu'il y a un film qui va arriver, de quoi va-t-il parler ?

Je suis en train de terminer la première version et je reviendrai vous en parler quand il sera fait. Et pour le parcours, franchement, si un type comme moi, à mon âge, en bonne santé, ayant fait le métier dont il rêvait depuis toujours, se plaint, c'est un enfoiré.

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