Julien Dassin rend hommage à son père dans un livre : "Je voulais en savoir plus sur mon père"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 8 juillet 2025, le chanteur et fils de Joe Dassin, Julien Dassin. Il publie, "Il était une fois nous deux - Joe Dassin, mon père", aux éditions de l'Archipel.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Julien Dassin, en 2018, à Paris. (ERIC FOUGERE - CORBIS / CORBIS ENTERTAINMENT / VIA GETTY)
Julien Dassin, en 2018, à Paris. (ERIC FOUGERE - CORBIS / CORBIS ENTERTAINMENT / VIA GETTY)

Quand on évoque le nom de famille de Julien Dassin, on entend la voix de son père Joe. Il est le fils cadet de ce dernier, l'un des chanteurs français les plus connus au monde et l'un des artistes préférés du public pendant ses quinze ans de carrière. Malheureusement, il n'a aucun souvenir avec lui, car il s'est éteint à la suite d'une crise cardiaque à Papeete alors qu'il n'avait que cinq mois. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a eu du mal à dire papa, tant il lui a été douloureux tout au long de sa vie de ne jamais avoir pu faire résonner ce mot si symbolique. Le 5 juin 2025, il a publié un livre, Il était une fois nous deux - Joe Dassin, mon père, aux éditions de l'Archipel, comme une déclaration d'amour à celui qui lui a manqué toute sa vie.

franceinfo : Pourquoi ce tête-à-tête et pourquoi aujourd'hui ?

Julien Dassin : Je pense que j'arrive à l'âge où j'ai vraiment envie de savoir plus de choses sur mon père, de remettre l'église au milieu du village comme on dit. Il y a eu plein d'histoires sur sa mort, il est décédé d'une crise cardiaque à Papeete et pas autrement comme le disent toutes les histoires qu'on a racontées. Je voulais aussi interroger des gens qu'on n'a jamais interrogés, des amis à lui, des très proches, sa famille et savoir l'homme qu'il était. Pourquoi nous deux, parce que je reprends un peu le flambeau puisque je pars avec ces chansons à travers le monde. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est un succès partout. Est-ce que ce sont les titres ? Est-ce que c'est le passage de flambeau ? Je voulais en savoir plus sur mon père.

Vous vous adressez aux lecteurs à cœur ouvert. Vous nous racontez ce jour où vous avez appris que votre mère, âgée seulement de 46 ans, est décédée, ce jour où vous êtes devenu orphelin. Ça a quand même été dramatique, cette histoire, parce que vous êtes devenu orphelin très jeune.

J'avais 15 ans. Ce que je dis souvent, c'est qu'il y a d'autres personnes qui sont dans ma situation. La différence, c'est que moi, je porte un nom connu, donc tout le monde s'y intéresse. 

"Quand on se retrouve orphelin à quinze ans, c'est une situation qui est totalement anormale."

Julien Dassin

à franceinfo

Je me retrouve très vite, très jeune à devoir gérer un catalogue, prendre des décisions sur ce catalogue et ce n'est pas normal à 15 ans.

Votre père a été enterré aux États-Unis au Hollywood Forever Cemetery, où reposent toutes les vedettes du cinéma muet. C'était une envie de votre grand-père, Jules Dassin, pourtant, de son vivant, il n'a jamais pu finalement connaître le succès au pays de l'oncle Sam.

Pourquoi est-il enterré aux États-Unis ? Garder une dépouille à Tahiti est très compliqué, il faut prendre une décision très rapide. Jules, mon grand-père, décide de faire rapatrier son fils à Hollywood, il y a ses grands-parents, Samuel et Berta, qui sont là-bas. Donc ce n'est pas par hasard.

Ce que ça met en évidence, c'est que votre père est américain alors que dans la tête de beaucoup, Joe Dassin est français.

C'est le plus Français des Américains. Effectivement, il n'a jamais connu le succès aux États-Unis, ce qui est paradoxal. Il a eu du succès mondialement, mais pas chez lui aux États-Unis. Là, j'en reviens. J'ai fait Los Angeles, Miami, New York et j'en passe. Pour moi, c'est un peu un passage de flambeau, j'ai réussi là où lui n'a pas pu aller.

Votre père a enregistré 13 albums. Chaque chanson écrite par les plus grands prouve à quel point il ne laissait rien à l'improvisation. Avec lui, vous avouez ne pas oser vous exprimer totalement.

J'arrive à m'exprimer, mais de temps en temps, je ne sais pas trop comment faire. C'est inexplicable presque. Qu'est-ce qu'il me dirait ? 

"Du haut de mes 45 ans, je réfléchis comme un gamin. Voilà, je me dis, est-ce qu'il aimerait que je sois là ? Est-ce qu'il aimerait que je continue à faire ce que je fais ?"

Julien Dassin

à franceinfo

J'espère que oui et je pense que oui parce que s'il y a une petite étoile qui nous surveille, il ne me laisserait pas faire.

De cette période de disette que vous avez connue, vous conserverez, dites-vous, "l'envie farouche de ne plus jamais subir la dépendance".

Oui, ça c'est très important. En fait, on devient très vite adulte. Du vivant de ma mère, quelques mois avant, je rentrais dans une pièce, j'allumais l'électricité et je ne l'éteignais pas comme dans n'importe quelle famille. Quelques mois après, c'est moi qui éteignais l'électricité, les factures, maintenant, c'est moi qui les reçois. Ça, ce n'est pas normal, quand vous avez 15 ans. On perd cette insouciance d'adolescent.

Est-ce que vous n'avez pas grandi trop vite ?

Oui, j'ai grandi trop vite. J'ai pris des habitudes d'adulte, beaucoup trop jeune. Excusez-moi du mot, mais je n'ai jamais fait de conneries.

Vous dites avoir toujours eu moins peur de la mort que de ce que vous alliez devenir. Elle est terrible cette phrase.

La mort, c'est subjectif. Par contre, le métier qu'on fait, qu'est-ce qui se passera demain ? Est-ce que le public va encore vouloir me voir demain ? Mis à part la musique et le théâtre, je n'ai rien.

Est-ce que vous vous sentez comme l'héritier d'un cuisinier qui continue à préparer des bons petits plats créés par son aïeul ?

Oui, je pense. Je reprends ces chansons sans les toucher, je ne modifie rien du tout, les mélodies sont les mêmes, les textes sont les mêmes, les piliers sont les mêmes. Mais c'est comme la recette de la tarte aux pommes. On a la recette de la tarte aux pommes de notre grand-mère qui la transmet à notre mère et qui nous la transmet à nous. Moi je rajoute un petit soupçon de cannelle.

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