Julien Clerc fête ses 80 ans avec un nouvel album : "L'amour, c'est ce qui m'a porté toute ma vie"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 26 mai : le compositeur et chanteur Julien Clerc. Son nouvel album "Une vie" vient de sortir et il sera en tournée dans toute la France pour fêter ses 80 ans.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Julien Clerc le 13 mai 2025, à Paris. (JOEL SAGET / AFP)
Julien Clerc le 13 mai 2025, à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

En 1968, le public français découvrait le timbre de voix de Julien Clerc et par la même occasion son visage et son sourire avec le titre La cavalerie. À ce moment-là, beaucoup ont compris que l'artiste qu'ils venaient d'entendre venait de partir en croisade pour un long moment, et ça fait presque six décennies que ça dure. Sa carrière force le respect autant qu'elle interpelle avec un public toujours au rendez-vous et des auteurs également très présents dans ce parcours, comme Etienne Roda-Gil, Jean-Loup Dabadie, Maxime Le Forestier, Françoise Hardy ou encore Carla Bruni, que l'on retrouve d'ailleurs sur son nouvel album, Une vie. L'occasion de fêter ses 80 ans sur scène lors d'une grande tournée qui se terminera le 9 octobre 2027 à l'Accor Arena à Paris.

franceinfo : Ce 28e album est sans conteste votre album le plus intime, celui qui vous correspond plus ?

Julien Clerc : À ce moment-là de ma vie, effectivement. Tout s'est un peu aligné, on va dire, jusqu'à la réalisation par Benjamin Biolay, qui a l'immense talent, quand il prend la musique d'un autre, de savoir la respecter. Ça a été un bonheur de travailler avec lui. Ça s'est fait dans la facilité, la bonne entente, l'amitié, et même dans une certaine tendresse. Ça se ressent, tout ça.

Ça commence toujours par la musique, en ce qui vous concerne.

Oui, toujours. La production s'est organisée autour de la performance vocale et je crois qu'avec moi, c'est ce qu'il faut faire.

Quand on écoute cet album, on se rend compte d'une chose, c'est que votre voix n'a jamais changé.

La voix, c'est une histoire de travail. Je pense que travailler sa voix, c'est une façon de se connaître. J'ai décidé maintenant depuis plusieurs années de prendre mes cours de chant, même quand je ne chante pas. Chaque semaine, c'est un rendez-vous. C'est un peu comme du yoga et donc c'est une connaissance de soi, une connaissance de son corps qui vous permet d'avancer dans la vie, qui fait d'ailleurs que ce n'est pas qu'un métier. Ce que nous faisons, c'est une façon de vivre. 

"Quand on prend conscience qu'on a une chance de pouvoir traverser cette vie en chantant, alors on a compris les raisons qui font qu'on est là."

Julien Clerc

à franceinfo

Pendant très longtemps, vous vous êtes un peu protégés avec vos chansons. Là, dans cet album, c'est comme si vous faisiez tout tomber, comme dans la chanson Saint-Nazaire, qui raconte la fraternité. Inévitablement, on pense à la disparition de votre frère et on sent que c'était très important d'en parler.

Généralement, je préfère communiquer en chanson. Donc il était évident que j'avais très envie qu'il y ait une chanson pour lui sur cet album, mais pas à n'importe quel prix. Je n'écris pas mes paroles et je crois que le choix de Paul Ecole a été un bon choix parce qu'il a acquis une espèce de très grande force en tant qu'auteur. Il travaille pour différents artistes et à chacun, il donne une partie de lui-même et en même temps, il les sert. C'est vers lui que je me suis tourné pour cette chanson, mais encore fallait-il qu'il écrive le bon texte. J'ai été très heureux quand je l'ai reçu parce que j'ai trouvé qu'il avait pris un angle formidable de ces deux personnes dont le point commun est de vouloir s'échapper. De s'envoler, l'un dans son avion et l'autre sur son piano. Il a, sans être intime du tout avec nous, deviné le rapport que nous avions, Gérard et moi.

Vos auteurs vous connaissent parfaitement.

Oui. Souvent, on me demande, "mais vous n'en avez pas marre de chanter telle chanson ? Vous chantez depuis 20, 30, 40 ans ?" Jamais, je n'en ai marre parce que quand je les chante, je suis tellement heureux de chanter le travail de tous ceux avec qui j'ai travaillé. Je me régale en fait à chanter leurs mots.

Vous chantez d'ailleurs l'insouciance des gens heureux. Est-ce qu'on apprend à devenir heureux ?

D'abord, il faudrait être bien difficile pour ne pas être heureux de mon sort. 

"C'est une chance inouïe d'avoir pu vivre par la musique et pour la musique."

Julien Clerc

à franceinfo

Je suis plus heureux que je l'aie été à certaines époques de ma vie et la personne avec qui je vis maintenant depuis une vingtaine d'années m'a ouvert des portes sur les gens et sur le monde. Chacune m'a apporté, mais elle en particulier.

Pour beaucoup de femmes. Vous étiez l'amoureux idéal quand vous chantiez Femmes... Je vous aime. Dans cet album, vous chantez Toi et moi. Est-ce que vous êtes d'abord un amoureux avec un grand A de la vie des autres ?

Oh oui ! Évidemment que l'amour, c'est ce qui m'a porté toute ma vie, mais l'amitié aussi. Je trouve qu'un des plus grands crimes, c'est la trahison dans l'amitié.

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