Josée Dayan : "Le jour où on n’est plus émerveillé, il faut s'arrêter de vivre"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 18 septembre : la réalisatrice, Josée Dayan. A 21h10 sur France 2, elle fait un saut dans les années 50 et 60 avec le film "Adieu Vinyle" porté par Isabelle Adjani, Mathieu Amalric ou encore Barbara Pravi.
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Josée Dayan est réalisatrice et une amoureuse des images, mais aussi des actrices et des acteurs. Elle a toujours été différente, inclassable, pertinente, parfois impertinente, ouverte si les arguments sont bons. C'est aussi ce qui fait sa personnalité, déterminée par ses convictions et le besoin de faire de ses films des écrins pour mettre en valeur des histoires, des acteurs et actrices.
Lundi 18 septembre à 21h10 sera diffusé sur France 2 son dernier film Adieu Vinyle avec Isabelle Adjani, Mathieu Amalric, Jérôme Deschamps, Barbara Pravi, Jacques Bonnaffé et Matthieu Dessertine.
franceinfo : Isabelle Adjani est sans conteste une actrice qui vous plaît et que vous aimez mettre en lumière.
Josée Dayan : Oui, moi j'aime les actrices et Isabelle est une grande actrice. Pour un metteur en scène, c'est un cadeau de pouvoir filmer une actrice comme elle parce qu'elle a une façon d'aborder ses personnages tellement peu habituelle, tellement peu attendue. Vous lisez un scénario et vous vous dites : " Bon, c'est cette histoire-là" et puis elle, elle a une façon de la raconter différente parce qu'il y a sa sensibilité qui entre en jeu et c'est pour ça d'ailleurs qu'elle est cette actrice et qu'elle a cette carrière depuis qu'elle a débuté à 16 17 ans, au Français.
"Isabelle Adjani a, précisément, une façon d'aborder ses personnages qui lui est propre."
Josée Dayanà franceinfo
Elle vous fait vraiment confiance. Elle ne dit pas oui à tout le monde !
Un film est un rapport entre un acteur et un metteur en scène, c'est un émetteur-récepteur. Moi, j'aime filmer Isabelle. Je pense qu'elle aime être filmée par moi parce qu'on a une vraie connivence.
Dans ce film, on est dans les années 50 et début des années 60. Une vedette et deux hommes. Elle est vraiment au sommet de sa gloire, mais en même temps, on sent que ça peut être très fragile. Et puis d'un côté, il y a son mari fou amoureux, mais qui a compris qu'elle ne le regardait plus et de l'autre, il y a son amant, qui lui est également très amoureux.
Oui, je pense que c'est plus complexe que ça parce qu'en vérité le couple que forment Isabelle Adjani et son mari Mathieu Amalric est un couple qui se déchire, on peut dire comme Elizabeth Taylor et Richard Burton, mais c'est un couple indissociable. C'est-à-dire qu'il y a, là, une vraie passion entre eux, une passion destructrice, mais une passion.
On se rend compte que la passion ne faiblit pas chez vous ?
Non ! Ma société de film s'appelle "Passion Films". Quand je l'ai créée, j'en ai parlé à Jeanne Moreau et je lui ai dit que je venais de créer une société de production et que je ne savais pas comment l'appeler. Elle m'a dit : Mais appelez-la 'Passion Films', parce que vous êtes passionnée.
Les acteurs vous font confiance pour ça. Quand ils viennent vous voir, ils savent que vous êtes systématiquement engagée.
Ils savent en tous cas que je vais tout faire pour ne pas les trahir. Ça c'est sûr.
Est-ce que ce n'est pas lourd, justement, de porter cet engagement sur vos épaules ?
Non, parce que je n'aimerais pas avoir un regard pervers sur eux et les trahir. Je serais moi-même vraiment excessivement malheureuse. Lorsque j'ai envie de tourner avec un acteur ou une actrice, j'ai envie de le sublimer et j'ai envie de le filmer le mieux possible pour essayer de restituer ce qu'il dégage, ce que son regard dégage, les émotions qui nous traversent. Et je sais qu'il y a certains metteurs en scène qui sont beaucoup plus cyniques que moi. Je ne suis pas cynique.
Dans vos films, il y a toujours cette notion de souvenir. Quel est le rapport entretenez-vous avec les souvenirs ?
Les souvenirs vous habitent, vous forment. Vous êtes ce que vous êtes parce que vous êtes pétris de souvenirs aussi.
"Les souvenirs, c'est important. Il ne s'agit pas d'être passéiste, mais on ne peut pas non plus claquer une porte et tourner une page définitivement. Non."
Josée Dayanà franceinfo
On a l'impression que cet émerveillement ne vous quittera jamais.
Eh bien non. Quand j'avais 22 ou 23 ans, j'ai fait un film musical qui était produit par Bernard Gavoty et je suis allée filmer Arthur Rubinstein dans son hôtel particulier à Paris, en bas de l'avenue Foch. Je pense qu'il avait 83, 84 ans. Pour moi, évidemment, c'était à la fois un monument, mais c'était un vieillard. J'avais l'impression d'être chez Toutankhamon. Je lui ai demandé : comment faites-vous pour avoir toujours à votre âge, cet émerveillement ? Et il a éclaté de rire et m'a répondu : Vous savez, vous avez raison, j'ai 85 ans et depuis 70 ans, je vais tous les hivers à Gstaad, dans le même hôtel. Je me dis pourquoi est-ce qu'il me dit ça ? Et le matin, quand je me réveille, j'ouvre ma fenêtre, je regarde et je suis émerveillé parce que je vois de la neige. Le jour où on n’est plus émerveillé, il faut s'arrêter de vivre.
Ça veut dire que définitivement le cinéma vous comble ?
Mais oui, c'est compliqué, mais ça me plaît.
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