Jean-Louis Aubert : "La bombe humaine", pour exprimer l’angoisse du nucléaire, la guerre froide et l’idée qu’il faut choisir son destin
Toute cette semaine, c’est le chanteur, compositeur et musicien Jean-Louis Aubert qui est l’invité exceptionnel du monde d'Élodie. Un tête-à-tête en cinq épisodes soit cinq chansons de son répertoire, pour évoquer les souvenirs marquants de son parcours. En 1979 : "La bombe humaine".
Dans ce deuxième épisode, après avoir évoqué les chansons Métro (C’est trop) et Hygiaphone en 1977, Jean-Louis Aubert se remémore le premier gros concert du groupe Téléphone, organisé par la RATP sur un quai de la ligne 11 du métro. Du délire, dont il se rappelle l'atmosphère inédite : "Extraordinaire ! Je me souviens qu’on a écrit sur le mur : 'La bombe' en peinture. Donc, ils n’ont pas dû être contents". Et puis cette tête connue qui sort de la foule : "C’est hallucinant la manière dont la station de métro s’est totalement bloquée. Les gens ne pouvaient plus avancer, plus reculer. Et puis, je vois quelqu’un qui dépasse de la foule, qui sort, c’était mon père, il était sur les épaules du gars qui était assis à côté de moi en cours de maths".
Téléphone, une bombe dans le rock en français
Jean-Louis Aubert revient sur l’existence du groupe qui au départ aurait dû être éphémère, pour un seul et unique concert. Mais c’était compter sans le coup de pouce du destin : après les deux premiers titres, tout s’enchaîne, ce qui scelle leur union. "Le secret de Téléphone et sûrement des Insus, ça a été de mettre un pied dans l’eau, regarder la température, ça me plaît. Mettre l’autre pied. Et avancer par passion, par envie, plutôt que par décisions."
Le jeune groupe signe avec une maison de disques pour trois albums et il apporte un nouveau souffle à la musique française : "C’était drôle aussi parce que quand j’allais voir les maisons de disque avant, elles disaient : 'Non, le rock il faut le chanter en anglais, ça ne marchera jamais'. Et après tous les groupes derrière nous, on disait : 'Non, il ne faut pas chanter en anglais, il faut faire comme Téléphone, il faut chanter en français'."
Réussir à faire changer, c’est surtout être. C’était juste qu’on voulait, vivre, exister, jouer notre musique et être français quand même.
Jean-Louis Aubertà franceinfo
"La bombe humaine"
Avec désormais un jeune public tout acquis à sa cause, c’est en 1979 que sort La bombe humaine (Album : Crache ton venin). Une consécration ? "Non, parce qu’à l’époque vous ne vous rendez pas compte. Cela paraît important maintenant, mais à l’époque ça grandissait doucement et on ne s’en apercevait pas tellement." La bombe humaine exprime l’angoisse du nucléaire, la guerre froide et l’idée qu’il faut vraiment choisir son destin.
Pour l’anecdote, son père, son complice, toujours l’œil sur ses écrits, trouve que la chanson est "bien mais trop dure à comprendre." Il rétorque : "C’est le principe des chansons, c’est que justement on peut passer du coq à l’âne. La musique structure la chose." La suite lui donnera raison : en allant à l’une des premières télévisions de Téléphone, Jean-Louis Aubert croise la route d’une femme et de son garçonnet qui lui chante a capella et en entier La bombe humaine. Il appelle son père pour lui dire : "Non, je crois que tu t’es trompé !"
C’est très important au niveau de sa conscience de ne pas se laisser embarquer dans des cauchemars, des histoires. Comprendre que le monde est bien humain et être très proche aussi de son ressenti.
Jean-Louis Aubertà franceinfo
Cette chanson a donc une saveur toute particulière pour lui : "Le côté atomique justement des humains : 'Je suis un électron bombardé de protons'. Ce que je dis de notre dynamique de groupe, que c’était un peu atomique : et bien, c’est écrit dans cette chanson".
Refuge, dernier album en date de Jean-Louis Aubert, ressort en édition limitée.
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