Jacques Weber : "Le théâtre, c'est ma vie, sans lui, je ne suis plus rien du tout"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 14 février 2025 : l’acteur et réalisateur, Jacques Weber. Il joue au Théâtre de la Renaissance aux côtés d'Élodie Navarre dans la pièce : "L'Injuste".
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Acteur et réalisateur, Jacques Weber semble être né pour jouer, incarner, interpréter, pour raconter. Il a dit non à la Comédie-Française et oui au théâtre dit populaire, celui de Robert Hossein à Reims. Son premier costume était celui de Tartuffe, mais c'est celui de Cyrano de Bergerac qui lui a toujours collé à la peau. Il lui a d'ailleurs permis de l'incarner plus de 500 fois au théâtre. Alors oui, il œuvre entre le petit et le grand écran et le théâtre, mais s'il ne devait en rester qu'un seul, nul doute qu'il choisirait les planches.
Il est, actuellement, au Théâtre de la Renaissance dans la pièce L'injuste, aux côtés d'Élodie Navarre. Il est François Genoud, banquier des nazis. Élodie est une journaliste israélienne. On assiste finalement du côté du bunker dans lequel se cache cet individu dans la forêt suisse, à une interview de cet homme sans regret, toujours ancré dans ses convictions et soutien envers celui pour lequel il a œuvré tout au long de sa vie, Adolf Hitler.
franceinfo : Vous avez mis du temps à dire oui. Il y avait un problème de morale ou de retour à cette moralité finalement ?
Jacques Weber : Non, ce n'est pas le rôle en soi qui me posait problème, c'est comment pouvait être commentée et reçu une pièce qui mettait en jeu un drame que nous traversons en ce moment de façon extrêmement violente. Puisque oui, à un moment donné, même un nazi est le chantre des mouvements arabes de révolution et entre autres, défend mordicus les positions palestiniennes devant une Israélienne. Je ne suis pas en train de dire que je suis pour tel ou tel autre parti. JE me disais commetn ça peut être audible, comment ça peut-être reçu.
"’L’injuste’ est une pièce qui interroge beaucoup."
Jacques Weberà franceinfo
On se retrouve devant une journaliste israélienne qui questionne tellement justement et précisément cet homme, qui est une sorte de génie du mal, qu'on démantibule le mal et on se dit : "Nom de Dieu, le mal fonctionne très intelligemment", c'est assez troublant.
Il a échappé à toutes les poursuites. Mais jusqu'au bout, ce qui est terrifiant, c'est son positionnement. À aucun moment il n'a de remords, ne se dit pas : "Mais non, on n'aurait pas dû".
Louis Jouvet, quand il donnait ses cours d'art dramatique, parlait de la race des convaincus. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, quoi que vous leur disiez, les gens restent des convaincus. On ne peut pas les ébranler du tout. Et puis, ce qu'il y a de beaucoup plus complexe, c'est qu'ils font appel parfois à des raisonnements qui partent de constats qui peuvent paraître un peu évidents, un peu simples. C'est pour ça d'ailleurs qu'ils reçoivent une adhésion terrible, puisque le drame de notre monde à l'heure actuelle, c'est que le simplisme prévaut et que toute l'Europe, alors qu'elle avait progressé pendant des années, est en train de régresser considérablement. Il n'y a qu'à voir cette grande réunion en Espagne avec tous les partis d'extrême droite ou d'ailleurs, Madame Le Pen qui essaie sans arrêt de nous dire, qu'elle s'est arrondie, qu'elle est maintenant tout à fait respectable. Elle était au premier rang avec les pires individus, enfin, c'est une parenthèse mais qui compte beaucoup à mes yeux.
Ce qui ressort aussi à travers ça, c'est l'éducation qu'on peut avoir, parce que beaucoup disent : "mais il n'a pas eu d'éducation pour faire ce qu'il a fait" quand on sait d'où il vient. Que vous ont transmis vos parents ? Parce que ça pose une vraie question.
Cela pose une question extrêmement complexe pour laquelle je n'ai pas de réponse définitive, étant donné que la meilleure éducation peut amener au pire, à la pire réaction contre cette éducation très formatée. Ce que je sais, c'est que moi, j'étais dans une famille équilibrée. J'avais un père un peu trop sûr de lui et qui était assez méprisant, c'était un scientifique. Et ça lui arrivait de nous traiter de petits imbéciles, ce qui n'était pas follement gai forcément. On n'avait pas la parole à table, des tas de choses comme ça qui étaient un peu contraignantes.
"J'ai eu une envie très rebelle d'exister autrement, dans un monde imaginaire, un monde rêvé, un monde merveilleux."
Jacques Weberà franceinfo
D’ailleurs, un de mes grands problèmes et peut-être même un de mes défauts, quand je joue, c'est de toujours vouloir atteindre la transcendance, le lyrisme, la grandeur. Oui, de m'éloigner du réel. Le réel m'emprisonne un peu, alors pourquoi ? Je ne sais pas.
Le théâtre représente quoi dans tout ce parcours ?
C'est ma vie, c'est ma vie. Sans lui, je ne suis plus rien du tout. J'en parlais d'ailleurs avec mon médecin encore hier. Si je ne joue pas un soir, on peut être sûr que ça va moins bien, ça se sent physiologiquement parlant, c'est très troublant.
Je me demandais si vous éprouviez des regrets en tant qu'homme et en tant qu'acteur.
J’éprouve toujours des regrets en sortant d'une interprétation la plupart du temps en me disant que je ne l'ai pas aussi bien jouée que je le souhaitais. Ça, c'est un regret permanent chez moi. J'ai beau faire 500 fois Cyrano, quand c'est fini, je dis : ah zut ! J'ai loupé quelque chose, j'ai envie de revenir dessus.
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