Françoise Hardy : "L’écriture m'a permis de faire du beau avec de la souffrance"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’artiste Françoise Hardy.
Chanteuse littéraire et iconique, Françoise Hardy est à la fois auteure et mélodiste. Elle publie Chanson sur toi et nous aux éditions des Équateurs, soit presque soixante ans de carrière en chansons. C'est avec le titre Tous les garçons et les filles de mon âge (1962) que s'ouvre cet ouvrage. Véritable voyage dans le temps, il nous offre une relecture du parcours exceptionnel de cette grande artiste en picorant ses chansons les plus emblématiques jusqu'à Personne d'autre en 2018.
franceinfo : Chaque texte, il y en a 209, est accompagné de souvenirs, de sentiments, d'une partie de vous. Parmi les textes autobiographiques il y a Tous les garçons et les filles. Cette chanson va être le détonateur pour vous.
Françoise Hardy : Mon rêve était de faire un disque. J'avais vu dans ‘Les potins de la commère’, le seul journal qu'on lisait à l'époque, qu'une grande maison de disques était prête à auditionner de très jeunes gens. Et c'est comme ça que j'ai eu l'idée d'appeler Pathé-Marconi parce que pour moi, c'était la grande maison de disques. Ils m'ont fait venir pour auditionner et ne m'ont pas jetée dehors, du coup, ça m'a encouragée à passer d'autres auditions. Une a fini par fonctionner.
Rapidement, les journaux vont vous consacrer : nouvelle idole de la chanson. Comment avez-vous vécu ce moment ?
Je ne me rendais pas bien compte et en même temps, ce n'était pas ce qui m'intéressait. Ce qui m'intéressait, c'était de faire des chansons. Et puis, j'ai rencontré Jean-Marie Périer, il a été mon premier amour.
Du moment où j'ai eu Jean-Marie dans ma vie, j'ai commencé à m'inspirer de ce que je ressentais pour lui.
Françoise Hardyà franceinfo
Vous n'aviez pas du tout confiance en vous à vos débuts.
Je n'ai jamais eu confiance en moi, encore maintenant ! J'ai toujours expliqué ça en disant que j'avais été prise en sandwich entre une maman qui me survalorisait et ma grand-mère qui n'arrêtait pas de me dévaloriser et en particulier sur mon physique. Et moi, je m'étais mise à penser que jamais je ne plairais à un garçon.
On sent tout l'amour que vous avez porté à Jean-Marie Périer et à Jacques Dutronc, à travers des chansons sublimes telles que : A quoi ça sert et Tu ressembles à tous ceux qui ont du chagrin. Je voudrais que vous me parliez de ce duo à la fois amoureux et humain que vous formez avec Jacques Dutronc.
Ça a été une relation qui, finalement, a toujours duré. Il y a eu une interruption quand même à un certain moment parce que, quand depuis des années, vous avez l'impression de faire partie des meubles, au bout d'un moment vous commencez à vous lasser. C'est ce qui s'est passé et c'est pour ça qu'il y a eu une séparation, voulue par lui. Moi, je ne la voulais pas spécialement, mais enfin bon.
L'homme de ma vie, ça a été Jacques Dutronc et il l'est toujours.
Françoise Hardyà franceinfo
Je voudrais juste que vous me racontiez l'amitié très forte avec Serge Gainsbourg. C'était une très belle rencontre pour vous et on découvre d'ailleurs à l'intérieur de cet ouvrage comment est né le titre Comment te dire adieu ? qui était à la base une adaptation d'un instrumental américain It hurts to say Goodbye que vous aviez repéré.
Je ne l'avais pas vraiment repéré. J'étais allée chez un éditeur qui voulait me faire entendre des tas de choses et rien ne me plaisait. Il y a eu un instrumental qui m'a attirée et comme je ne voulais pas repartir les mains vides, je suis repartie avec celui-là. Comme je ne me sentais pas les moyens d'écrire un texte là-dessus, on m'a suggéré de demander à Serge Gainsbourg. Moi, je savais parfaitement qu'il composait la musique et écrivait les textes de ses chansons. Il faisait tout, il ne faisait pas d'adaptation, c'était un peu un travail ingrat de faire une adaptation. Et puis quand même, la rencontre a eu lieu. Ça s'est très bien passé. Il a accepté d'écrire le texte. Et en même temps il m'a gratifiée d'une chanson inédite à lui qui s'appelle L'Anamour.
Ce livre est une belle définition de qui vous êtes. Tous ces textes, qu'ils soient autobiographiques ou non, vous collent à la peau. On sent l'importance de l'écriture. Quelle place occupe-t-elle dans votre vie ?
Le texte doit être au service de la mélodie et non l'inverse.
Françoise Hardyà franceinfo
Elle a occupé une place primordiale. Je pars du principe très important que ce qui compte le plus, c'est la mélodie. Heureusement que j'ai eu cet exutoire parce que ma vie personnelle a toujours été très difficile, avec beaucoup de douleurs, de larmes, de choses comme ça. L’écriture m'a permis de faire du beau avec de la souffrance.
Votre dernier album Personne d'autre est sorti en 2018, envisagez-vous d'en faire un nouveau ?
Non, malheureusement. Parce que depuis mes 45 séances de radiothérapies, il y a deux, trois ans, je n'ai plus de salive. Ces rayons m'ont complètement esquinté une oreille, je suis sourde de cette oreille. On ne peut pas chanter dans ces conditions... Sinon pourquoi pas.
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