Clovis Cornillac présente "Mur Mure", une pièce de théâtre adaptée de son premier film : "C'est une pièce vraiment joyeuse, gourmande"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 28 janvier 2025 : le comédien et réalisateur Clovis Cornillac. Il est au théâtre de la Michodière aux côtés de sa femme Lilou Fogli dans la pièce qu'elle a écrit "Mur Mure".

Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Clovis Cornillac, le 16 janvier 2025, à l'Alpe d'Huez. (DOMINIQUE CHARRIAU / GETTY IMAGES EUROPE)
Clovis Cornillac, le 16 janvier 2025, à l'Alpe d'Huez. (DOMINIQUE CHARRIAU / GETTY IMAGES EUROPE)

L'amour du métier de comédien a commencé pour Clovis Cornillac au CP quand il a décidé de monter des spectacles ou des petites pièces. Avec une mère comédienne reconnue, Myriam Boyer, et un père metteur en scène, on peut dire qu'il est un enfant de la balle. À 15 ans, il rêvait d'être une vedette et depuis qu'il a joué avec Peter Brook, à 17 ans, il a compris que ce rêve, pour reprendre ses termes, "était un truc de petit con". Il est notamment apparu dans les films Brice de Nice de James Huth, en 2005, Mensonges, trahisons et plus si affinités... de Laurent Tirard qui lui a valu le César du meilleur espoir masculin en 2005 ou encore Un p'tit truc en plus d'Artus en 2024. Depuis le 23 janvier 2025, il est sur la scène du théâtre de la Michodière, dans la pièce Mur Mure, l'adaptation théâtrale de son film Un peu, beaucoup, aveuglément sorti en 2015. C'est l'histoire de Machin et de Machine. Machin est inventeur, loufoque, misanthrope, qui a toujours fait fuir ses voisins, jusqu'au jour où s'installe Machine, qui joue du piano, dans l'appartement mitoyen. Le mur qui les sépare va alors devenir un pont de communication.

franceinfo : Cette pièce parle de nos vulnérabilités avec douceur ?

Clovis Cornillac : En fait, elle parle de plein de choses sous la forme de la comédie et de la comédie romantique. On touche à la communication, on touche à, "qu'est-ce que c'est que de vraiment se voir ?" À l'idée du couple aussi, au sein duquel on parle souvent, mais il peut y avoir un mur entre nous et on n'arrive pas à communiquer. Il y a donc tous ces symboles, que Lilou Fogli a diffusés de manière ni prétentieuse ni ostentatoire, et qui passent dans le récit avec ces personnages-là, et avec une forme de lucidité qui peut être jubilatoire pour le spectateur qui va se dire : "Ah tiens, c'est amusant, ça me fait penser à toi, ça, c'est un peu moi quand même, je suis un peu à cet endroit-là". Il y a des références sur tous ces personnages, c'est assez gourmand, c'est une pièce vraiment joyeuse, gourmande. Dans une comédie romantique, il y a forcément de l'émotion puisque ce sont des gens qui, quand même, vivent des choses assez fortes.

Comment vivez-vous ce côté romantique, d'ailleurs ? L'êtes-vous aussi ?

Oui, vraiment. Je n'aime pas la mièvrerie. J'aime ça et après, je ne suis pas un client alors que c'était mon premier film Un peu, beaucoup, aveuglément, dont la pièce est tirée.

"Il y a quelque chose, chez moi, d'extrêmement romantique."

Clovis Cornillac

à franceinfo

Ce qu'on remarque, c'est que pour découvrir l'autre et pour se donner une chance, il faut du temps et on n'en dispose pas suffisamment. Comment vivez-vous cette notion de temps ?

Je me suis rendu compte cette année que ça faisait 40 ans que je travaillais. Dans nos métiers, un des enjeux le plus compliqué, c'est de se dire, qu'il y a des périodes de chômage, mais bon, je n'en ai pas eu. Cela fait 40 ans, et plus tu travailles, plus le temps se compresse, c'est-à-dire qu'il passe de plus en plus vite parce que tu vieillis, et ça, on en est tous témoins. Dès que tu passes à un certain âge, tu te rends compte que cela va de plus en plus vite. Si je devais parler de mon rapport au temps, ce serait de me dire que j'adore mon métier, j'adore jouer, réaliser, fabriquer et je ne m'en passerai jamais. En revanche, il est fort probable qu'à un moment je mette le frein pour justement étirer le temps, d'essayer d'avoir aussi une vie où je ne sais pas ce que je vais faire dans une heure, ou dans une semaine, ou demain matin.

Votre mère a beaucoup travaillé aussi. Vos parents se sont séparés, vous aviez cinq ans et il y a une personne qui a énormément compté dans votre vie, c'est votre grand-mère. Elle vous a aussi donné les armes pour comprendre le monde, pour le regarder.

Elle n'a pas donné les armes pour comprendre le monde parce que c'était quelqu'un qui en a tellement chié dans sa vie. Nous, que ce soit Myriam ou Roger, mon père ou ma mère, on n'est pas une famille d'intellectuels. Myriam, quand elle m'a eu, elle était toute jeune, elle était secrétaire chez Pigier.

Vous avez presque grandi ensemble.

Effectivement, je suis, comme on dit, un enfant de la balle, mais en même temps une balle qui venait de se construire. On était tous un peu dans le bordel. Je n'ai jamais souffert, je n'ai jamais manqué de rien, mais c'était un risque absolu. Il n'y avait pas de confort dans le sens où on ne savait pas du tout ce qui allait se passer demain. Ce n'est pas du tout comme on pourrait l'imaginer dans les familles d'artistes.

Vous avez dit pendant très longtemps que le métier d'acteur était un métier d'artisan. Est-ce que vous avez le sentiment d'être devenu artiste ?

Quand je fabrique un film, je me sens comme un architecte, comme un artiste et j'ai besoin de grands artisans avec moi, que ce soit mes chefs de poste à la lumière, au son, tout ça et évidemment les acteurs qui sont ceux qu'on voit.

"Tu es un artiste puisque de rien, tu fabriques un univers."

Clovis Cornillac

à franceinfo

Mais je sais que le film, ça n'est que moi, c'est-à-dire que cette notion d'être partout, le choix d'un cadre, le choix d'un mouvement de caméra, le choix d'un costume, le choix du montage, le choix de comment ça joue, à quel endroit ça joue, de la discussion avec la décoration, avec la lumière, avec tout ça.

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