"Sur un trajet Paris-Barcelone, l'État offre 37 euros par passager de niches fiscales aux compagnies aériennes", pointe le Réseau Action Climat

À quelques jours des vacances scolaires, le Réseau Action Climat, l'UFC-Que Choisir et Greenpeace publient une étude comparative sur le prix des billets de train et d'avion. Ce qui en ressort, c'est que pour voyager en Europe, le train coûte en moyenne 2,5 fois plus cher que l'avion. Alexis Chailloux, responsable aérien et ferroviaire à l’ONG Réseau Action Climat, et coauteur du rapport, pointe, jeudi 3 juillet sur franceinfo deux raisons principales. D'abord, "les exonérations fiscales dont jouit le secteur aérien", qui ne s'acquitte d'aucune "taxe sur le kérosène" et l'absence "de TVA sur les billets d'avion internationaux." 

"Il y a quand même quelque chose qui cloche quand on sait que quand vous partez en vacances, en voiture, vous allez payer une taxe sur le carburant. Et qu'en revanche, le secteur aérien ne paie toujours pas de taxe sur le kérosène".

Alexis Chailloux

sur franceinfo

"On a calculé que sur un Paris-Barcelone, l'État offrait aux compagnies aériennes 37 euros par passager de niches fiscales", ajoute-t-il. L'étude prend aussi l'exemple d'un voyage Marseille-Londres avec un billet d'avion à 15 euros quand le même trajet en train, le même jour, est affiché à 188 euros. "Là, il faut vraiment être un écologiste convaincu pour choisir le train. Le but, c'est au contraire de le rendre accessible au plus grand nombre."

En France, le train est plus cher dès qu'il y a une correspondance

En France, "quand il y a une connexion directe en train, le train est désormais moins cher", précise Alexis Chailloux. Pour un trajet intérieur, les associations ont comparé le prix le plus bas en avion et en train sur les 48 liaisons aériennes les plus empruntées. Lorsqu'il existe une alternative ferroviaire directe, le train est moins cher de 40%.

En revanche, quand une correspondance est nécessaire, le train devient 10% plus cher, car le prix des billets de train double presque lorsqu'il est nécessaire de faire une correspondance. "L'exemple typique, c'est Marseille-Nantes. La SNCF a arrêté le TGV direct au moment du Covid, corrélation étrange le trafic aérien a augmenté. C'est aujourd'hui la première liaison entre les régions françaises."

Mettre fin aux niches fiscales aériennes

Pour expliquer ces écarts de prix, les associations expliquent que parallèlement aux exonérations dont profite l'aérien, "les trains paient ce qu'on appelle les péages ferroviaires." Ces redevances de circulation représentent le principal poste de coûts pour le transport ferroviaire. Elles permettent de financer l'entretien, la rénovation et la modernisation des lignes. "Il ne faut absolument pas baisser le montant d'investissement dans le réseau ferré, reconnaît Alexis Chailloux. On a un des réseaux les plus vieux d'Europe."

"En revanche, on pense qu'en taxant justement le secteur aérien qui, quand même depuis 80 ans, jouit de ces exonérations fiscales, on pourrait dégager des ressources pour contribuer à ce réseau-là et puis baisser le prix des billets de train."

Alexis Chaillux

sur franceinfo

Pour rééquilibrer les prix entre avion et train, le Réseau Action Climat, l'UFC-Que Choisir et Greenpeace préconisent ainsi de mettre fin aux niches fiscales aériennes afin de financer des billets de train plus accessibles. Cette évolution fiscale rapporterait, selon les associations, plus de trois milliards d'euros de recettes annuelles supplémentaires permettant de financer la rénovation du réseau ferré français.