Narcotrafic : "Les 350 douaniers du Havre font un métier difficile et complexe", assure le directeur régional des douanes du Havre

En France, 75% de la cocaïne saisie arrive par voie maritime, dont la plus grande partie via le Havre. "La cocaïne arrive sur l'ensemble des ports du nord de l'Europe", assure Perry Menz, le directeur régional des douanes du Havre.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue du port du Havre en janvier 2021. Photo d'illustration. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)
Une vue du port du Havre en janvier 2021. Photo d'illustration. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Les 350 douaniers du Havre font un métier difficile et complexe", assure jeudi 23 janvier sur franceinfo Perry Menz, directeur régional des douanes du Havre, dont la parole publique est rare. Quarante-neuf tonnes de cocaïne ont été saisies en 2024 en France, dont plus de 14 tonnes au Havre. La lutte contre les narcotrafiquants est un métier dangereux, estime Perry Menez : "Il y a des mesures à prendre pour se protéger. Ce sont des mesures élémentaires de sécurité".

Comment lutter contre le "tsunami blanc" qui déferle en Europe ? En France, 75% de la cocaïne saisie arrive par voie maritime, dont la plus grande partie via le Havre. 

"Vous avez effectivement de plus en plus de cocaïne, puisque la production mondiale de cocaïne augmente en permanence."

Perry Menz, directeur régional des douanes du Havre

sur franceinfo

"Vous avez de l'autre côté un marché américain qui est saturé et une consommation qui se poursuit en Europe. La cocaïne arrive sur l'ensemble des ports du nord de l'Europe", explique le patron des douaniers.

Les bateaux en provenance d’Amérique du Sud particulièrement surveillés

Trois millions de conteneurs par an s’empilent sur les docks du Havre, soit 8 000 par jour. Impossible de les contrôler tous. La méthodologie de travail des douaniers "est fondée sur de l'analyse de risques et de l'évaluation de la menace", explique Perry Menz. Cela "signifie qu'en fait, vous avez un certain nombre de navires, un certain nombre de lignes, un certain nombre de conteneurs qui sont évalués par des services spécialisés. Ils font l'objet d'une appréciation pour connaître le risque sur ces conteneurs", détaille le patron des douaniers. Des bateaux en provenance d’Amérique du Sud sont particulièrement surveillés par les services de douane.

"Tout va dépendre de ce qu'on cherche. Pour les stupéfiants, il y a effectivement des lignes qui sont plus sensibles que d'autres."

Perry Menz, directeur régional des douanes du Havre

sur franceinfo

Pour les soutenir dans leurs tâches, les douaniers sont aidés par la technologie. Ils viennent de se doter d’un tout nouveau scanner. "Il s'agit d’une camionnette banalisée qui va permettre de circuler sur le port et d'intervenir directement sur les terminaux avec les agents de la manutention pour mettre à disposition les conteneurs qui seront sélectionnés", explique-t-il. "C’est le scanner qui va aux conteneurs" et pas l'inverse.

Les narcotrafiquants toujours plus inventifs pour cacher la drogue

Les trafiquants de drogue ne manquent pas d’ingéniosité pour cacher la drogue dans les conteneurs. La technique du "rip off" est la plus rodée, celle d’introduire dans les conteneurs des sacs de cocaïne planqués dans les marchandises. Parfois, la poudre est cachée sous un plancher dans un bloc frigorifique ou même sous la coque d'un bateau.

Début janvier, les enquêteurs du Havre ont découvert un mode opératoire inédit, celui du conteneur cloné. Il a la même couleur, et même immatriculation que celui qui transporte la drogue. Grâce à un tour de passe-passe, c’est le clone qui est envoyé au scanner. 

"Les organisations criminelles disposent de beaucoup de moyens et sont particulièrement agiles."

Perry Menz, directeur régional des douanes du Havre

sur franceinfo

"Pour les autorités et les douaniers en particulier, il y a besoin d'une très forte mobilisation et de veille technologique pour mettre en place des moyens innovants", dit Perry Menz. Il loue la "très forte expertise" et "très forte technicité des agents douaniers qui interviennent sur ce port".

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