Seniors : alors que la réforme des retraites recule leurs seuils d'indemnisation au chômage, la ministre du Travail cherche à favoriser leur emploi

Alors qu'à partir de mardi, les durées d'indemnisation des chômeurs de plus de 53 ans se retrouvent diminuées par la réforme, la France reste très en retard sur la place donnée aux seniors dans le monde du travail.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, le 19 mars 2025. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, le 19 mars 2025. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

L’âge reste la première discrimination dans les entreprises et la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet cherche à inverser la tendance. Mercredi 2 avril, elle lance une campagne de mobilisation sur les seniors pour que l’on voie les seniors comme une chance et non pas comme une charge, pour qu'ils soient considérés comme des travailleurs expérimentés utiles.

Une énième campagne, pourrait-on observer, car les choses évoluent lentement. Certes, le taux d’emploi a progressé pour les 50/59 ans, mais la France reste très en retard. À 55 ans, près de 8 personnes sur 10 sont en emploi, mais dès que vous vous approchez les 60 ans, ce n’est plus qu’un sur deux, l’autre moitié est en invalidité, en préretraite, ou au chômage.

Aujourd’hui, les plus de 50 ans ont trois fois moins de chances d’être appelés à un entretien d’embauche. Et quand ils perdent leur travail, ils restent en moyenne plus longtemps au chômage. C’est pour tenter de compenser ces "handicaps" qu’il existe d’ailleurs une filière senior à l’assurance chômage, pour leur permettre de bénéficier de plus de temps d’indemnisation que les demandeurs d’emploi plus jeunes.

Alignement des seuils avec la réforme des retraites

Mais justement les règles viennent de changer. Depuis le 1er avril, une réforme de l'assurance chômage est entrée en vigueur concernant les seniors. Les âges pour être affiliés aux filières seniors ont été décalés pour les aligner avec la réforme des retraites de 2023. Comme l’âge légal de départ à la retraite est progressivement décalé de 62 à 64 ans d'ici à 2030, l’assurance chômage a reculé ses filières seniors : il faut désormais avoir 55 et non 53 ans, comme avant, pour être considéré comme un senior.

Résultats : les chômeurs de 53 et 54 ans n’auront plus droit qu'à 18 mois d’indemnisation, comme tous les autres chômeurs, là où avant, ils bénéficiaient de plus de 22 mois d’indemnités. Et il faudra avoir plus de 57 ans, et non pas 55 comme avant, pour continuer à pouvoir être indemnisé pendant 27 mois.

Le problème, c’est que lors des plans de départs, les plus de 55 ans sont souvent les premiers concernés. Que ce soient les secteurs de l’automobile ou de l’industrie, les services, que les métiers soient pénibles ou pas, lorsqu’il y a des restructurations, les seniors sont souvent poussés en premier vers la sortie. Ce que dénoncent les syndicats qui accusent le patronat de jouer double jeu : ce dernier demande aux salariés de travailler plus longtemps, mais sans les garder dans les entreprises. Un paradoxe qui a évidemment une forte incidence sur les discussions retraite, le fameux conclave, qui se tient actuellement.

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