Fiabilité des appareils électroménagers : des pannes de plus en plus fréquentes, selon "60 millions de consommateurs"

Les appareils électroménagers sont au cœur de notre quotidien, mais leur fiabilité a tendance à diminuer avec le temps. 60 millions de consommateurs a mené une étude détaillée pour mesurer la solidité de ces produits en se basant sur les retours de 5 000 consommateurs. L’enquête révèle des taux de fiabilité en baisse pour plusieurs catégories, malgré des évolutions dans la durée de vie des appareils. Hervé Cabibbo, rédacteur en chef adjoint, nous explique les résultats de cette étude et les implications pour les consommateurs.

Vous avez testé sept sortes d’appareils au total et le premier enseignement c’est qu’ils tombent plus souvent en panne ?

Hervé Cabibbo : C’est une étude que nous réalisons tous les deux ans environ et qui nous permet, à partir des retours de consommateurs, 5 000 plus précisément, de définir un taux de fiabilité global pour ces sept catégories d’appareils confondues, mais aussi par type d’appareil et par marque. Alors, oui, le taux de fiabilité est en baisse en 2025 : 81,6% contre 84,8% en 2023. Ce taux de fiabilité exprime le pourcentage de produits qui ne sont jamais tombés en panne après 10 ans d’existence pour le petit électroménager, 12 ans pour le gros électroménager. Je précise que, dans la catégorie gros électroménager, on trouve les lave-linge, les lave-vaisselle, les réfrigérateurs et les fours encastrables. Côté petit électroménager, les cafetières expresso, les aspirateurs et les robots culinaires.

Cette baisse de fiabilité est-elle en lien avec l’obsolescence programmée par les fabricants ?

Difficile de l’affirmer. Pour rappel, l’obsolescence programmée est un délit depuis 2015 ! On peut émettre une hypothèse, c’est que les consommateurs renouvellent plus tardivement leurs appareils et que, par conséquent, l’âge moyen de leur équipement augmente. Ce qui veut dire plus de pannes. Mais nous avons été, sur cette étude de 2025, un peu plus sévères que d’habitude. Nous avons pris en compte, pour le gros électroménager, les appareils jusqu’à 12 ans d’âge contre 10 auparavant. C’est bien normal à l’heure de la durabilité. Mécaniquement, on relève donc un peu plus de pannes.

Quelle est la catégorie d’appareils la moins robuste ?

Les lave-linge et de loin, avec un taux de fiabilité de 74% seulement. Rien d’étonnant à cela. Outre l’évolution de notre méthodologie dont je parlais précédemment, il faut savoir que les lave-linge tombent plus facilement en panne, simplement parce que sont des appareils qui subissent de fortes contraintes mécaniques ainsi que des montées en température, sans oublier d’être, bien sûr exposés, à l’eau et à la lessive, ce qui engendre inévitablement des problèmes de joints d’étanchéité, de corrosion, de calcaire etc. 

Et les bons élèves ?

Les réfrigérateurs et les fours encastrables sont des appareils très fiables, avec un taux de fiabilité de 86% en moyenne. Les robots culinaires s’en sortent plutôt bien aussi avec 84%. Dans le détail, certaines marques de ces catégories décrochent des notes d’excellence avec un taux de fiabilité de 95%.

On a beaucoup parlé du robot Thermomix de Vorwerk, très cher et pas toujours fiable, est-ce que ça s’est amélioré ?

Lors de notre précédente étude, en 2023, le Thermomix avait gagné le bonnet d’âne de la fiabilité, dans la catégorie robots culinaires. Nous avions alors calculé un taux de fiabilité de 79,8%. En 2025, c’est oublié ! L’appareil est passé à 91,3% et s’est même hissé à la deuxième place de sa catégorie. Le dernier modèle de la marque, le TM6, aujourd’hui largement diffusé est sans doute mieux fini que les précédents. À 1500€ l’appareil, on peut s’en réjouir.

Mais en moyenne, un lave-linge ou un lave-vaisselle dure combien de temps ?

Plus de 10 ans, mais moins de 15, même si certaines marques claironnent une fiabilité exemplaire. Ecosystem, l’éco-organisme agréé par les pouvoirs publics sur la question du recyclage l’affirme : pour le gros électroménager, la moitié arrive au recyclage après 13 ans d’usage.

Et quel est l’indice de fiabilité des petits appareils électroménagers ? Les cafetières ? Les aspirateurs ?

Pour les cafetières comme pour les aspirateurs, on est à 81% de taux de fiabilité global. Ce serait beaucoup mieux si certains modèles ne tiraient un peu l’ensemble de la catégorie vers le bas. C’est particulièrement vrai pour les aspirateurs. Les modèles balais, sans fil et avec batterie que l’on aime tant, sont beaucoup plus sujets aux pannes que les modèles traîneaux.

La marque est-elle un gage de qualité ? Est-ce qu’il y a des marques plus fiables que les autres ?

Oui et non. On retrouve souvent les mêmes en tête de peloton, comme en queue, sauf exception car ce n’est pas vrai pour toutes les catégories. Et puis l’indice de satisfaction, que nous avons aussi calculé, vient jouer les troubles fêtes. Et c’est un paradoxe : ce n’est pas parce qu’un appareil n’est pas fiable qu’il n’est pas apprécié. Nous avons en effet relevé des écarts considérables entre les faits, c’est-à-dire une fiabilité calculée, et le ressenti des consommateurs, probablement causé par le sentiment d’attachement à une marque forgé par les professionnels à coups de campagnes publicitaires.

On parle de plus en plus de la réparation des appareils électroménagers… Que faire en cas de panne, les fabricants jouent le jeu ?

Rappelons que tous les appareils vendus en France bénéficient d’une garantie légale de conformité de deux ans, différente de la garantie commerciale, que l’on peut invoquer auprès du vendeur. Mais passé ce délai, il faudra trouver un réparateur, mais pas n’importe lequel. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, plus facilement appelée Loi Agec, a en effet instauré depuis 2022 un bonus réparation. C’est-à-dire que l’État prend en charge une partie de la facture de réparation, 15 à 60€ en fonction de l’appareil, pour vous inciter à le faire réparer plutôt que de le jeter et en acheter un autre. Cette aide à la réparation n’est versée que si l’on fait appel à un réparateur labellisé QualiRépar. À rechercher via Internet sur l’annuaire www.ecosystem.eco.

Et de manière générale, on peut disposer des pièces détachées pendant combien de temps ?

Les fabricants ont l’obligation de mettre à disposition des consommateurs, pendant au moins 10 ans, les pièces détachées pour tout appareil nouvellement commercialisé. La plupart jouent désormais le jeu et proposent même des pièces détachées pendant une durée de quinze ans, et même plus de vingt ans pour certaines marques. Et les industriels doivent fournir aux consommateurs une information claire sur la durée de mise à disposition de leurs pièces détachées. Il n’y a plus d’excuse pour ne pas réparer ses appareils électroménagers !