Épices : fragments d’insectes, insectes entiers, poils de rongeur, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous
Dans l’info conso du week-end une grande enquête sur la qualité des épices que nous utilisons régulièrement en cuisine. Le point sur la situation avec Patricia Chairopoulos de "60 millions de consommateurs."
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En 10 ans, la consommation d’épices a progressé de 30% et les Français sont aujourd’hui les 3e plus gros consommateurs en Europe derrière les Allemands et les Belges. Malheureusement, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, loin de là.
La revue 60 millions a testé 40 références d’herbes de Provence, de poivres, de curry, et de cannelle.
franceinfo : Les résultats sont quand même assez déroutants, car il n’est pas rare de trouver des résidus d’insectes dans certaines épices
Patricia Chairopoulos : Oui, les herbes de Provence et les cannelles que nous avons analysées contiennent de grandes quantités de corps étrangers, à la fois des fragments d’insectes, mais aussi des insectes entiers, des poils de rongeur, ou encore des fragments plastiques.
Selon votre enquête, les herbes de Provence sont de loin les produits les plus contaminés, même les produits Label Rouge laissent à désirer ?
Aucune des 10 références d’herbes de Provence de notre étude n’échappe aux fragments d’insectes ou insectes entiers, le record étant détenu par deux références bio qui contiennent 170 fragments pour 50 grammes de produit. Selon les fabricants, cette présence est difficilement évitable en bio, où l’emploi d’insecticide de synthèse est banni. Quant aux produits Label Rouge, on y retrouve également des fragments d’insectes, mais en plus faibles quantités. On peut tout de même s’étonner de cette pollution, car le cahier des charges du Label Rouge est très strict. De plus, quelques poils de rongeurs ont été présents dans trois références. C’est sans danger, mais peu ragoûtant pour le consommateur.
Et sur la provenance ? Est-ce que les herbes de Provence que nous achetons sont bien récoltées au pays des cigales ?
Malgré leur dénomination, non ! Sauf pour les herbes de Provence qui bénéficient du Label rouge (15 % du total des ventes). Ce label garantit une origine France, de hautes qualités organoleptiques et une composition précise : romarin, sarriette, origan et thym. Sinon, pour des raisons évidentes de coûts, l’immense majorité des mélanges d’herbes aromatiques provient de Pologne, du Maroc ou encore de Turquie.
Il y a le problème des pesticides aussi. En avez-vous trouvé beaucoup ?
Nous avons retrouvé des résidus de pesticides dans la moitié de nos références, sauf les bios. Mises à part les cannelles, qui ne contiennent quasiment pas de pesticides, les autres épices ne sont pas épargnées. Ainsi trois de nos dix currys contiennent plusieurs résidus. Grosse déception avec les herbes de Provence, la famille la plus contaminée de notre étude. Même les produits Label Rouge sont concernés, l’une des références avec sept résidus de pesticides ! Seules trois herbes de Provence échappent à cette contamination. Les poivres noirs ne font guère mieux. Les deux tiers affichent entre un résidu et cinq résidus.
Vous avez trouvé des résidus de pesticides, dont certains sont interdits au sein de l’Union européenne…il n’y a pas de contrôles ?
Dans ces trois familles assez contaminées, nous avons trouvé plusieurs substances interdites d’usage en Europe, comme l’imidaclopride présent dans six poivres ! Deux poivres contiennent même deux résidus de pesticides interdits. Nous les avons pénalisés, mais il est autorisé d’en retrouver dans les produits en dessous des limites maximales fixées.
Quand on achète du curry, on peut remarquer que la couleur varie selon les marques. Est-ce que cela veut dire que les ingrédients diffèrent d’un fabricant à l’autre ?
Oui, car il n’y a pas de réglementation sur la composition des currys. Autrement dit, les mélanges peuvent varier d’un fabricant à l’autre, sachant que le curcuma et la coriandre sont généralement en tête des ingrédients.
D’un point de vue aromatique, est-ce que cela donne des résultats très variables ?
Bien sûr, mais la qualité même de la plante utilisée compte. L’intensité aromatique des épices se mesure d’après leur taux d’huile essentielle, mais aussi, pour le curry, d’après la quantité de curcumine, le principe actif du curcuma. Le curry le mieux noté de notre panel est une référence bio, avec 2,4 % d’huiles essentielles contre 0,4% pour l’un des currys en bas de classement. On voit la différence !
Avez-vous trouvé des produits falsifiés dans les échantillons que vous avez testés ? (ajout d’amidon, par exemple)
Des fabricants peuvent ajouter de l’amidon aux épices en poudre, ce qui leur revient moins cher. D’ailleurs, certains de nos currys affichent parmi les ingrédients de l’amidon de pomme de terre. Sur les poivres moulus, nos résultats n’évoquent pas de fraude ; les teneurs mesurées correspondent à l’amidon naturellement présent dans le grain. Des doutes sont en revanche permis sur quelques cannelles, en particulier la moins chère de notre étude avec 34,5 grammes d’amidon pour 100 g, soit quatre fois plus que la moyenne de cette famille.
Faut-il privilégier les produits bio ? Est-ce une garantie de qualité ?
Globalement oui, nos produits bio s’en sortent mieux, déjà parce qu’ils ne contiennent pas de résidus de pesticides et de surcroît, une partie d’entre eux ont une bonne qualité aromatique. Mais ils sont plus chers : jusqu’à huit fois plus élevés que ceux des produits conventionnels.
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