#MeToo : cinq ans après, quels changements aux États-Unis, en Corée du Sud et en Inde ?
Dans le club des correspondants, franceinfo s'intéresse à l'actualité vue de l'étranger. Aujourd'hui, direction les États-Unis, la Corée du Sud et l'Inde où le mouvement #MeToo a impacté la société.
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C'était il y a cinq ans aux États-Unis : le début d'un mouvement inédit de libération de la parole des femmes suite aux accusations visant Harvey Weinstein. Rapidement, le mot-clé #MeToo se répand sur les réseaux sociaux, accompagné d'un déluge de témoignages. Quels changements dans la société américaine cinq ans plus tard ? Quels impacts en Corée du Sud et en Inde ?
Aux États-Unis, une prise de conscience à relativiser
Aux États-Unis, on retient d’abord quelques condamnations très médiatisées d’hommes puissants. Celle, bien sûr, d’Harvey Weinstein qui a été condamné à 23 ans de prison – un second procès vient de s'ouvrir contre lui en Californie. Le chanteur R. Kelly également purge 30 ans de réclusion pour crimes sexuels.
Au niveau des États, vingt-deux d'entre eux ont adopté des lois visant à rendre les lieux de travail plus sûrs. Une poignée ont aussi voté des textes destinés à interdire les accords de non-divulgation dans les affaires de harcèlement ou d'agression sexuelles. L'objectif est que les victimes puissent parler. À Washington, une loi similaire est discutée au Capitole, 5 ans après #MeToo.
La principale conséquence du mouvement aux États-Unis est une prise de conscience générale, se traduisant par une plus grande couverture des affaires de violences sexuelles dans les médias. Mais, dans les faits, pas grand chose n'a changé. L'acteur Bill Cosby, accusé par 60 femmes, a été libéré sur un vice de procédure. Sans parler de ce que l'on appelle le "backlash" : le retour de flamme d'un contre #MeToo qui s'est exprimé récemment contre l'actrice Amber Heard dans le procès qui l'opposait à Johnny Depp. Enfin, selon l'organisation spécialisée RAINN – Rape, Abuse & Incest National Network –, sur 1 000 agressions sexuelles, 25 prédateurs seulement sont incarcérés aux États-Unis.
Un mouvement d'opposition à #MeToo chez les jeunes sud-coréens
La Corée du Sud a été un des pays asiatiques où le mouvement a eu un impact considérable. Dès l’apparition du mot-clé sur les réseaux sociaux sud-coréens, les témoignages ont été très nombreux et des hommes puissants, de milieux extrêmement différents, sont rapidement mis en cause pour agression ou harcèlement sexuel. Il y a eu, par exemple, le réalisateur Kim Ki-duk ou, quelques temps plus tard, les maires des deux plus grandes villes du pays : Séoul et Busan.
Le mouvement vient également renforcer l’essor du féminisme moderne en Corée du Sud qui s'est développé à partir de 2016. Dans les années qui suivent #MeToo, la lutte contre les "molkas" est renforcée, ces caméras espionnes cachées dans les toilettes publiques pour filmer l’intimité des femmes. L’avortement cesse également d’être illégal en début 2021. L'apparence, qui est très importante en Corée du Sud, a également évolué : on voit davantage de Sud-Coréennes musclées, bronzées, avec des cheveux courts, notamment dans les grandes villes. Un style en rupture avec l’esthétique traditionnelle d’une femme à la taille fine, la peau pâle et avec des cheveux longs.
>> En Corée du Sud, un mouvement antiféministe prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux
Mais, ces derniers temps, il existe un vrai mouvement d'opposition à #MeToo de la part d'une partie de la population, notamment chez les jeunes sud-coréens. En 2019, ils étaient près de 60 % des hommes entre 20 et 29 ans à se déclarer opposés au féminisme. Une communauté de "masculinistes" s’est développée, notamment sur les réseaux sociaux, afin de dénoncer ce qu’ils estiment être les abus du féminisme et de #MeToo. C'est un discours qui a été en partie repris par le président actuel de la Corée du Sud, notamment durant sa campagne. Yoon Seok-youl a, par exemple, dénoncé les discriminations que subissent les hommes selon lui et a jugé les féministes responsables du faible taux de natalité dans le pays. Encore la semaine dernière, il a assuré que, conformément à sa promesse, il supprimerait bientôt le ministère de l’Égalité des genres.
En Inde, la parole des femmes entre libération et appréhension
#MeToo a aussi touché l’Inde et son énorme industrie du cinéma, la plus grande du monde. Les actrices de Bollywood ont ainsi essayé de révéler les abus réguliers qui s’y pratiquent, un an après les États-Unis. En septembre 2018, l'actrice indienne Tanushree Dutta accuse de harcèlement sexuel un des grands acteurs et réalisateurs de Bollywood : Nana Patekar. D’autres actrices, encouragées, dénoncent d’autres grands noms, ce qui en force certains à renoncer à leurs productions.
Mais les plaintes déposées ne prospèrent pas, soit par prescription des faits, soit car les victimes préfèrent abandonner le combat. Et la pression retombe au bout de quelques mois, comme le déplore Onir, un réalisateur qui a essayé de soutenir ces victimes : "Aujourd’hui, un réalisateur qui a été accusé par neuf femmes fait partie d’un show de télé-réalité. Ce qui a changé, toutefois, c’est que les producteurs parlent davantage à leurs équipes de ces problèmes et que beaucoup de contrats mentionnent l’interdiction du harcèlement sexuel car ces scandales leur ont coûté de l’argent."
"Ça montre que les chaînes n’ont pas honte et que cette industrie reste dominée par des hommes, qui soutiennent les autres hommes, alors que les femmes qui les ont accusés, elles, ont du mal à trouver du travail."
Onir, réalisateur indienà franceinfo
Surtout, un autre élément décourage les dénonciations : dès qu'elles accusent des réalisateurs importants, les femmes sont souvent poursuivies pour diffamation. Or, en Inde, la diffamation est un crime, passible de deux ans de prison.
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