Royaume-Uni : ces Britanniques qui vont bouder le couronnement de Charles III et Camilla
Le couronnement de Charles III et Camilla, samedi 6 mai, sera diffusé dans le monde entier. Mais l'événement ne fait pas l'unanimité : au sein même du Royaume-Uni, un quart de la population voudrait abolir la monarchie.
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Tous les Britanniques ne célébreront pas le couronnement royal de Charles III et de son épouse Camilla, samedi 6 mai en l’abbaye de Westminster. La cérémonie va regrouper 2 300 invités et sera diffusée dans le monde entier. Mais parmi les sujets de sa majesté, certains se détournent de cette famille royale, voire la contestent.
>>> Couronnement de Charles III : découvrez le programme des festivités au Royaume-Uni
D'après les enquêtes de popularité faites régulièrement, la Couronne n’est clairement plus aussi populaire. 29% seulement des Britanniques pensent que la monarchie est " très importante" pour le pays. Un niveau historiquement bas, selon le Centre national de recherche sociale qui a mené cette enquête. Surtout si l’on précise que 25% d’entre eux jugent qu’elle ne sert à rien et voudraient la voir abolie. L’année dernière, le chiffre des partisans de la Couronne s’élevait à 38% : on voit bien un effet Elizabeth II. La Reine bénéficiait d’une cote de popularité dont son fils ne jouit absolument pas.
Dans le dernier sondage Yougov sur la famille royale, Charles III recueille 55% d’opinions favorables, loin derrière son fils aîné et donc son successeur, William et son épouse Kate, encore plus loin de sa sœur aînée, la princesse Anne.
Si l’on dresse le portrait-robot du fan du nouveau monarque, c’est plutôt une femme de plus de 60 ans, conservatrice et qui a voté en faveur du Brexit. À l’inverse, sa popularité est faible parmi les jeunes hommes pro-Europe. Globalement, la famille royale souffre d’une désaffection de la part des moins de 30 ans. Qui, au mieux, ne s’intéressent pas du tout à Buckingham et au pire, espèrent la fin de la monarchie.
Dans la foule samedi à Londres, il y aura aussi des contestataires
Les membres du collectif Republic veulent, comme leur nom l’indique, se débarrasser de la famille royale. Depuis le début de l’année, ils ont décidé de se faire entendre. À chaque sortie officielle du roi, ils sont là, peu nombreux mais bruyants. Avec des pancartes jaunes et des sweat-shirts de la même couleur, ils crient et brandissent leur slogan " Not my king !" ( "Pas mon roi !")
Graham Smith, leader et organisateur de ce mouvement, a des formules bien rôdées : '' Nous ne voulons pas un couronnement mais une élection. On ne veut pas Charles mais un choix. On ne veut pas une monarchie mais un chef d’Etat élu." Autour de lui, quelques manifestants joyeux et disciplinés. Placés derrière des barrières, ils saluent l’arrivée du couple royal de leur cri de ralliement. Aucun débordement, pas d’insulte. Tout se passe calmement, sous l’œil des policiers avec qui les échanges sont polis et cordiaux. Cela n’empêche pas la détermination de Lucy qui vient de rejoindre Republic. " La monarchie dans ce pays est obsolète aujourd’hui. Ils ne valent pas l’argent qu’ils nous coûtent."
" Personne ne voterait pour eux s’ils se présentaient à une élection. Je n’ai aucun respect pour des gens comme ça."
Graham Smith, leader du collectif ''Republic''à franceinfo
Pour les funérailles de la Reine, Republic n’a pas manifesté, respectant le deuil de la famille et de la Nation. Mais les républicains n’avaient pas non plus organisé de rassemblement pour le jubilé de platine en juin de l’année dernière. Le Royaume-Uni célébrait les 70 ans de règne d’Elizabeth II, ce qui ressemblait pourtant être une occasion rêvée pour se faire entendre. Graham Smith reconnaît à demi-mots que la Reine était devenue intouchable, incontestable, et que les manifestations contre elle étaient contre-productives. C’est différent aujourd’hui. " C’est plus facile de contester Charles parce qu’il n’a pas hérité de la déférence et du respect accordés à la Reine. Et il a beaucoup plus à justifier sur les questions financières en particulier. Il a reçu d’énormes sommes d’argent de la part de politiciens du Qatar. Il n’a payé aucun impôt sur l’héritage qu’il a reçu."
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Samedi 6 mai, Graham Smith et les militants républicains seront à Trafalgar Square, au milieu de la foule, avec pour objectif de faire un maximum de bruit au passage du carrosse qui transportera le roi et la reine.
La famille royale apparaît fragilisée depuis la disparition d'Elizabeth II
Au premier rang des griefs contre cette institution, son coût. D'après un chiffre officiel, un peu moins de 100 millions d’euros d’argent public sont alloués aux Windsor sur un an. Mais les militants de Republic parlent, eux, de 391 millions d’euros, parce qu’ils incluent les exonérations d’impôts et tous les avantages procurés par l’Etat. Dans un pays dévoré par l’inflation et où le coût de la vie est actuellement le principal sujet, ces dépenses passent mal. L’institution paraît vieillotte, coûteuse et dépassée, engoncée dans des traditions que certains jugent ridicules. L’un des défis de Charles III est d’ailleurs de la moderniser.
Il y a le passé parfois douloureux qui remonte aussi. Comme les liens directement établis entre la famille royale et l’esclavage. Il y a les critiques formulées par Harry et sa femme Meghan, le couple exilé aux Etats Unis. Psychodrame familial parfois ridicule mais aussi des accusations de racisme au sein même de l’institution, un sujet beaucoup plus sérieux. Le Commonwealth est en plein délitement, avec des pays comme la Jamaïque ou la Nouvelle-Zélande qui se posent sérieusement la question de quitter ce groupe affaibli et dont on ne comprend plus vraiment l’intérêt. En fait, ces sujets sont sur la table depuis des années mais la personnalité de la Reine suffisait à les étouffer. Ce n’est plus le cas.
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