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Reportage
"Visuellement on ne voit que ça" : malgré les réticences, un parc éolien citoyen en Ille-et-Vilaine permet de produire localement de l'électricité
Ce parc est inauguré vendredi à Martigné-Ferchaud, près de Rennes. Environ 160 personnes ont investi dans ce projet à 24 millions d'euros en partie financé par des élus et des acteurs publics. Une partie de la rentabilité doit revenir aux collectivités locales et aux habitants. Mais certains riverains acceptent mal la présence des éoliennes.
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Les implantations d'éoliennes génèrent souvent des tensions sur les territoires. C'est le cas en Bretagne, où est implanté le parc éolien citoyen de Féeole. Lancé il y a 15 ans par un collectif d'habitants, depuis rejoint par des acteurs institutionnels, il est inauguré vendredi 29 août à Martigné-Ferchaud, en Ille-et-Vilaine, à une quarantaine de kilomètres de Rennes.
Ce projet citoyen pose la question de l'acceptation des éoliennes par les habitants et d'une production locale de l'électricité. Les structures sont impressionnantes quand on se trouve au pied d'une de ces quatre grandes éoliennes blanches. Les mâts font presque 200 mètres de haut et sont répartis sur un hectare, à cheval sur les communes de Martigné-Ferchaud et Coësmes. On peut entendre les pales tourner avec le vent.
Ces éoliennes sont en service depuis avril 2025 et représentent l'aboutissement d'une aventure démarrée en 2010 par une dizaine d'habitants, dont Jean-Michel Boiron, devenu le président de la société Féeole développement citoyen. "Enfin ! C'est ma première réaction. Je suis très satisfait de voir un projet de 15 ans aboutir", se réjouit-il.
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Aujourd'hui, environ 160 personnes ont investi dans ce projet à 24 millions d'euros en partie financé par des élus et des acteurs publics. Il y a plusieurs conditions pour devenir, comme ici, une zone de développement de l'éolien. Les installations doivent notamment être placées à 500 mètres minimum des habitations et il faut réussir à faire accepter les éoliennes à la population. Ce n'est pas facile, reconnaît Jean-Michel Boiron. "Implanter un parc éolien, ce n'est pas neutre au niveau impact, explique-t-il, on les voit, on les entend, donc ça nécessite, pour que ce soit accepté localement, d'avoir une concertation avec les riverains."
Justement, certains riverains n'acceptent pas d'avoir des éoliennes à côté de chez eux. Marie, par exemple, nous emmène sur sa terrasse. "Nous, on en voit deux, une au fond et une autre sur la droite", décrit-elle. Pour la vue, elle va s'y faire, mais ce qui l'embête le plus, c'est le bruit.
"Quand le vent change de sens, on les entend bien les éoliennes. C'est comme un tracteur !"
Marie, une riveraineà franceinfo
Un constat partagé par sa voisine, Gwénola, qui s'inquiète pour l'avenir. "Nos maisons ont perdu en valeur, regrette-t-elle. Actuellement, je ne sais pas si je mettrais ma maison en vente, je pense que les gens seraient très réticents à l'acheter au vu de ce projet installé à côté de chez nous. En Ille-et-Vilaine, surtout dans notre secteur, il n'y a que ça, visuellement on ne voit que ça. En plus, il y a encore un autre projet en face de chez nous." Î
Chez d'autres riverains, le mécontentement est allé loin puisque trois couples ont contesté le projet devant la justice. Ils ont été déboutés en première instance. L'un d'eux est allé en appel et a une nouvelle fois été débouté. Pour rassurer les habitants, un comité de suivi a été créé. Il est censé répondre au questionnement et aux réclamations des voisins. Pour le bruit, des micros permettent de vérifier qu'on ne dépasse pas un certain nombre de décibels et, pour cacher en partie la vue, des haies vont être plantées.
Une production maximale de 32 000 MWh par an
Malgré les réticences de certains, le projet doit permettre de répondre à un besoin de plus en plus important en électricité. L'électricité produite ici va rejoindre le réseau national, elle ne va pas alimenter directement les foyers localement, mais le parc peut produire jusqu'à 32 000 MWh par an, ce qui correspond à plus de 16% de la consommation de la communauté de communes.
"Il faut savoir qu'en Bretagne, on est très loin de couvrir les besoins électriques de nos consommations, indique David Clausse, directeur général du Syndicat départemental d'énergie en Ille-et-Vilaine, qui a investi dans le parc éolien. On est dans une région en plein développement et on dépend encore majoritairement des régions voisines pour l'approvisionnement en électricité. Là, on est sur un projet dont la rentabilité doit tourner autour de 6% à 8%, mais sur 20 ans."
"L'intérêt de ce parc citoyen, c'est que la rentabilité va revenir aux collectivités locales et aux habitants. Les citoyens qui ont investi dans le projet vont en plus pouvoir bénéficier des dividendes liés à la production d'énergie."
David Clausse, président du Syndicat départemental d'énergie en Ille-et-Vilaineà franceinfo
Avec ce projet, les élus locaux visent une production d'électricité excédentaire en 2030, de quoi contribuer à l'objectif de neutralité carbone de la communauté de communes qui accueille déjà quatre parcs éoliens. D'autres projets similaires doivent bientôt voir le jour dans le département de l'Ille-et-Vilaine.
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