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Reportage
"Une fois que ce sera nettoyé, vous aurez ici un magnifique lion" : des fouilles exhument une immense villa gallo-romaine près d'Auxerre
Une équipe d'archéologues a mis au jour cette villa sur le chantier d'une future route de l'Yonne. Le site est à découvrir dimanche lors des Journées européennes de l'archéologie. Il regorge d'indices précieux sur l'histoire de cette maison et sur les personnes qui l'ont habitée ou fréquentée.
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C’est une histoire vieille de 2 000 ans qui remonte à la surface. À la sortie d’Auxerre, sur le lieu-dit Sainte-Nitasse (Yonne), une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), travaille depuis le printemps sur la fouille d’une immense villa gallo-romaine mise au jour sur le chantier d’une future route. Un site à découvrir ce week-end dans le cadre des Journées européennes de l’archéologie, ouvert au public dimanche 15 juin de 10 heures à 17h30.
C'est un travail d’enquête historique qui se mène à coups de pelle, de pioche et de balai. En ce début juin, l’équipe d’archéologues de l’Inrap emmenée par Alexandre Burgevin procède au décapage des premières couches du vaste site coincé entre une route, un petit bois et l’étang d’une gravière. Au sol, apparaissent déjà très nettement les fondations et premières pierres des murs plus ou moins épais qui délimitaient les pièces et les espaces extérieurs composant ce vaste domaine rural occupé au début de notre ère. "Ici, nous nous trouvons, on le voit à la couleur, dans un jardin carré, enclos, cerné par des galeries, décrit Alexandre Burgevin. On est typiquement dans les plans italiens avec ce jardin et ces galeries qui viennent desservir soit des pièces privées, soit des pièces d'apparat. Il faut envisager qu'au-dessus de nos têtes, on avait aussi des étages."
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Des thermes privés et une clé luxueuse
Quelques pas de plus, et c’est un grand bassin d'agrément d’une vingtaine de mètres de long qui se dessine sur le sol. "On sait qu'on est dans un bassin parce que notre mur ici est doublé par du mortier hydraulique - ces mortiers roses assez caractéristiques - et sur ces derniers, on vient plaquer des dalles calcaires", poursuit l'archéologue.
Encore quelques mètres et voici ce qui était à l’époque, des thermes privés parfaitement identifiables, selon Nicolas Tisserand, directeur adjoint de l’Inrap Bourgogne-Franche-Comté. "On a des murs avec du mortier rose, qui est déjà caractéristique d'espaces où il peut y avoir de l'eau, explique-t-il. On a derrière nous des pilettes, des petites briques en tuiles, empilées les unes sur les autres, qui formaient des colonnettes, sur lesquelles était mis un sol."
"C'est l'hypocauste, ce système de chauffage par le sol, génialement inventé dans l'Antiquité, qui permettait d'avoir des pièces avec un relatif confort dans des régions où il peut faire froid l'hiver."
Nicolas Tisserand, directeur adjoint de l'Inrap Bourgogne-Franche-Comtéà franceinfo
"Et on a devant nous une zone qui ressemblerait presque à la tête d'un four à pain, qui est l'entrée par laquelle circulait l'air chaud, ajoute-t-il. Tous ces indices réunis, même si on n'avait pas les 70 à 80 cm de murs devant nous, nous permettraient d'identifier avec certitude la présence de ce secteur thermal dans cette partie de la villa."
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Peu de mobilier a été retrouvé pour l'instant sur le site, si ce n’est ces quelques éléments répertoriés, en attendant analyse. "Une fois que ce sera nettoyé, vous aurez ici un magnifique lion reposant sur ses pattes, avec la gueule ouverte, avec ici le départ d'une tige en fer, qui est en fait une clé un petit peu luxueuse."
Plusieurs pistes à explorer
Une fois le travail de fouilles terminé, au début de l’automne, archéologues et autres spécialistes entameront le long travail d’assemblage des pièces du puzzle visible sous nos yeux, pour mieux cerner l’histoire de cette villa, ses activités et ses habitants. "La famille gallo-romaine, ce n'est pas nos familles nucléaires, on peut envisager d'avoir les grands-parents ou les oncles qui vivent autour", rappelle Alexandre Burgevin, le responsable des fouilles.
"Cette famille va forcément avoir du personnel de maison, parce que lorsqu'on a un grand bâtiment comme ça, on a tendance à penser à l'esclavage mais on a aussi des travailleurs salariés."
Alexandre Burgevin, responsable des fouillesà franceinfo
"On va être dans un lieu de commerce puisqu'il y a des pièces de réception assez importantes, donc on peut envisager qu'on vienne faire des affaires ici, poursuit-il. On n'est pas loin de l'Yonne, est-ce qu'il y a un lien avec la navigation ? On n'est pas loin d'une route, est-ce qu'il y a de l'entretien de voyageurs ? Ce sont plusieurs pistes. On est dans une région viticole, on peut aussi envisager d'avoir ici déjà de la production viticole dans l'Antiquité."
Dès l’automne, le site de fouille sera rendu à son aménageur et disparaîtra peu à peu, caché sous les fondations de la nouvelle route construite pour contourner la ville d’Auxerre.
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