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Reportage
"Un moment de création qui fait du bien" : les ateliers d'écriture parisiens font le plein
À Paris, les ateliers d'écriture créative proposés par des associations ou des entreprises attirent de nombreux écrivains en herbe. Ils participent pour le plaisir ou dans le but d'être publié.
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Le Festival du livre de Paris a ouvert vendredi 11 avril et continue jusqu'à dimanche sous la verrière du Grand Palais, avec plus de 1 200 auteurs présents. En plus des stands des différentes maisons d'édition, des rencontres, des masterclasses et des ateliers d'écriture créative sont proposés. Des activités qui connaissent un grand succès auprès d'un public d'écrivains amateurs de tous âges.
Dans une petite salle de l'annexe de la mairie du 14e arrondissement de Paris, neuf femmes de 27 à 82 ans sont ainsi rassemblées pour participer à un atelier nommée "La Fabrique du personnage". "Bonjour à toutes ! Votre personnage va être un exilé ou un banni", annonce Ghislaine Tabareau-Desseux, l'animatrice et cocréatrice de l'association Carnets du passage, qui propose ces ateliers d'écriture créative depuis 2018.
"Une adrénaline de malade"
Sur la table, de quoi grignoter, des petits carnets, des cahiers à spirales et autres bloc-notes. "Le plaisir de tourner les pages, de raturer, de rayer, de gommer, ça c'est vraiment ce que je préfère", témoigne une participante. Après 20 minutes d'écriture, chacune lit son texte à voix haute. Celui de la pétillante Darina fait l'unanimité. "Sur mon corps, des spots de lumière et sans ces potes de galère, je serais déjà morte de rejet", déclame la pétillante Darina. C'est le deuxième atelier d'écriture de la trentenaire, une session de trois heures un jeudi sur deux pour 400 euros à l'année. "C'est un vrai moment de liberté, de libération", souligne-t-elle. "Le fait de lire mon texte et de sentir un calme, une écoute, un engouement et d'avoir des retour à la fin, c'est un kiff, c'est une adrénaline de malade", explique-t-elle.
Même enthousiasme chez la doyenne du groupe, Éliane, 82 ans : "Je sais que je ne suis pas des plus douées, mais ça fait rien. Ici, ce qu'il y a de bien, c'est qu'il n'y a pas de critique. On n'a aucun complexe, juste du plaisir." C'est le plus important pour l'animatrice de l'atelier. "C'est vraiment une association de quartier, une pratique amateur, il n'y a pas d'enjeu qui pourrait créer un stress ", souligne Ghislaine Tabareau-Desseux. "Là, cette année, c'est complet et on est dans un moment de création qui fait du bien", assure-t-elle.
Des ateliers à plusieurs centaines d'euros
Pour d'autres, au-delà du plaisir, il y a l'objectif d'être publié. Comme les participants d'ateliers proposés par la prestigieuse maison d'édition Gallimard, qui organise dans l'hôtel particulier de la famille Gallimard un atelier au titre évocateur, "Entrer en écriture", animé par Bertrand Leclair, romancier et essayiste. La salle imposante, toute en dorures et miroirs, donne sur un jardin. Ici, les participants sont plus expérimentés. Plusieurs travaillent sur ordinateur, parfois un manuscrit comme celui de Jacquemine. Elle a fait plusieurs ateliers d'écriture Gallimard. "Quand on aime, on ne compte pas, mais c'est très cher, il faut être honnête", reconnaît-elle. Il faut compter entre 800 et 1 650 euros pour s'inscrire. "C'est à la fois la réputation d'exigence intellectuelle et le fait qu'on a la chance d'être dans ses locaux de Gallimard qui sont absolument magnifiques", justifie la participante. Son rêve ? Passer du manuscrit à un livre publié. "Ce serait vraiment une consécration si je pouvais le faire", insiste Jacquemine.
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Pour accomplir son rêve d'être publié lui aussi, Rolland-Pierre, son nom de plume, a déjà fait huit ateliers avec de grands noms de la littérature, comme Yannick Haenel ou Fabienne Jacob. "J'ai pris ça comme une formation. Dans tous les cas, je me donne tous les moyens. Si on fait le calcul, je suis autour de 10 000, 12 000" euros dépensés en ateliers d'écriture, détaille-t-il.
"C'est vraiment un engagement profond. Est-ce qu'il aboutira à quelque chose ? Je ne sais pas."
Rolland-Pierre, participant à l'atelier Gallimardà franceinfo
Aucune promesse, aucune garantie aux aspirants écrivains du côté de chez Gallimard, dont les ateliers attirent environ 350 personnes par an – 20% de plus cette année. Plusieurs ont dû s'inscrire sur liste d'attente.
"C'est un métier, il y a un artisanat"
Peut-on apprendre le talent littéraire ? La réponse n'est pas évidente pour Bertrand Leclair qui dirige cet atelier chez Gallimard. "Les écrivains autrefois étaient extrêmement dubitatifs sur l'idée qu'on pourrait enseigner l'art d'écrire et moi je reste assez dubitatif sur le fait qu'on puisse enseigner l'art d'écrire. Enseigner des techniques, ça a un intérêt extrêmement limité. Et puis, je crois que les gens ne sont pas totalement naïfs non plus. Ils savent très bien que c'est très difficile d'être publié", explique l'auteur.
L'écrivaine Emma Becker, qui va bientôt animer un atelier d'écriture Aux Mots, n'est "pas persuadée qu'il y ait une bonne recette pour devenir écrivain." "Je crois, poursuit-elle, que le métier d'écrivain doit se pratiquer en permanence pour que l'on puisse voir un certain nombre de progrès. C'est d'ailleurs la seule école : l'écriture, l'écriture, l'écriture même quand on écrit pas vraiment, même quand on réfléchit."
"Il n'y a pas de méthode toute faite, il n'y a pas de théorie : il y a l'envie d'écrire, l'envie de se frotter aux autres et l'envie que quelqu'un jette un regard sur son texte parce que c'est un boulot solitaire. Et parfois on est loin d'être le meilleur juge de ce qu'on fait !"
Emma Beckerà franceinfo
Cela n'empêche pas de vouloir améliorer sa plume, constate Alexandre Lacroix, romancier et co-fondateur de l'école Les Mots, entièrement dédiée aux ateliers d'écriture. Elle en propose une trentaine par mois. Un intérêt lié à la culture numérique, selon lui. "L'idée qu'on doit se former à l'écriture, c'est un métier, il y a un artisanat, est vraiment rentré dans les esprits", estime l'écrivain. "Je pense que le rôle des séries télé est important. Les gens ont bien vu que ces textes sont très travaillés, que la dramaturgie est travaillée, qu'il y a des compétences narratives", affirme-t-il.
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Alexandre Lacroix note également un nouvel élan vers la poésie. "C'est vrai qu'il n'y avait pas d'engouement pour la poésie au début, maintenant il y a un très fort engouement. Pourquoi ? Là aussi, c'est lié peut-être à la culture numérique. La poésie s'est incroyablement disséminés sur Instagram, sur les réseaux sociaux. Les gens publient de courts poèmes, ont de l'impact, ont des retours, donc ces formes poétiques brèves rencontrent un grand succès", détaille-t-ill. Elle séduit notamment les jeunes lecteurs.
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