: Reportage

"Quand je combats, je ne pense plus à rien" : pour se défendre mais surtout pour évacuer le stress, comment le MMA s’est imposé en France

Ancien combattant professionnel de MMA, Rémi Lancou a fondé le Laval combat club, il y a un an. "Une salle de MMA se compose d'un espace tatamis et d'une cage, présente-t-il. L'avantage de la cage, c'est que c'est très 'safe' parce qu'il y a un grillage et donc les combattants, sur les phases de lutte ou sur les phases de projections de type judo, ne peuvent pas passer entre les cordes".

Dans sa salle d'entraînement, il y a beaucoup de profils très différents. Léopold, par exemple, a 20 ans. Après des études de droit, il prépare le concours de la police nationale. Damien, lui, a "47 ans" et est "comptable", Jérémy est "gérant de société". Il a lâché le foot pour le MMA. "C'est la découverte d'un autre sport, d'un autre milieu et c'est peut-être gagner de la confiance en soi, explique-t-il. Progresser psychologiquement et évacuer le stress de la semaine aussi. C'est plus du self-control", ajoute-t-il. "Ce sport a la capacité de nous déconnecter complètement de la réalité parce qu'il demande une certaine concentration", confirme Léopold.

Un univers plutôt masculin, 10% de femmes

Et c'est effectivement visible aux entraînements. C'est un sport très exigeant, précis, technique. "Au MMA, on a rassemblé des pratiquants de différents sports de combat, rappelle Rémi Lancou. Ils se sont affrontés dans une cage et le meilleur en ressortait".

"On ne peut pas se planquer et je pense que c'est la raison principale de son succès."

Rémi Lancou, fondateur du Laval combat club

à franceinfo

Il y avait 4 500 licenciés à la fédération de MMA, il y a deux ans, il y en a 12 000 désormais. Mais ce chiffre est loin de la réalité car la grande majorité des pratiquants ne sont pas licenciés. Des clubs ouvrent partout en France.

Le MMA, "Mixes martial arts" (arts martiaux mixtes), est donc une discipline qui mélange plusieurs arts martiaux et sports de combat, comme la boxe. C'est un univers plutôt masculin mais il y a 10% de femmes désormais. Anne est femme de ménage. "Comme j'ai voyagé dans le monde et que je suis assez frêle, j'ai toujours été un peu timide et j'avais peur de tout, de marcher seule dans la rue, de voyager seule. J'ai toujours voulu pratiquer un sport de combat", confie-t-elle.

"L'atmosphère dans le monde est devenue un peu anxiogène donc on pense un peu plus à apprendre à se défendre. De plus, ça me permet d'évacuer tout le stress."

Anne, une pratiquante de MMA

à franceinfo

"Quand je combats, je ne pense plus à rien. Je ne pense plus à mes soucis, à mon travail ou à mes factures. J'ai l'esprit vide. Je ne pense qu'au moment présent", décrit Anne.

Accessible dès 7 ans

Ce sport cartonne aussi chez les jeunes car on peut pratiquer le MMA dès 7 ans. La seule différence, c'est que les enfants ne peuvent pas toucher le visage. Mais les mêmes valeurs et la même discipline sont enseignées. S'il y a autant de jeunes, c'est aussi parce que le MMA est très populaire sur les réseaux sociaux. Les combattants sont devenus des stars avec leur univers, leur communauté. Mais résumer le MMA à un effet de mode serait passer à côté de ce qu'est ce sport. "On apprend tous à être gentil avec les autres, témoigne un jeune garçon. Ça nous calme les nerfs". Une jeune fille confie aimer "l'adrénaline". "On s'entraide tous, il n'y a personne qui est contre l'autre. C'est juste pour avancer entre nous", ajoute-t-elle.

Sur le tatami, il y a bien des filles. "J'avais un peu peur quand même, avoue l'une d'elles. Peur "du jugement" parce qu'elle est une fille. Mais en fait, "c'est bien", se réjouit-elle. "Imaginons un jour que vous vous faites agresser, expose une autre, vous pouvez vous défendre. Par exemple, si un homme vous suit, vous pouvez le taper et l'étrangler", poursuit-elle en riant. Car ce sport est aussi ludique et complet, très loin de l'image qu'il véhiculait, rappelle Rémi Lancou. "Longtemps, le MMA a eu mauvaise presse, surtout par manque de connaissance et d'éducation du grand public, du parallèle qui pouvait être fait entre le MMA et les combats clandestins, alors qu'en réalité, c'est un sport à part entière". Et la preuve ultime que le MMA est en train de se démocratiser, la fédération espère prochainement pouvoir l'intégrer dans les écoles.